Lettre n° 3958

Par la grâce de D.ieu,
14 Kislev 5716,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Meïr(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 22 Mar’hechvan, avec ce qu’elle contenait. J’attends, depuis quelques temps, des nouvelles de Londres, faisant suite au retour des invités qui étaient ici, pendant le septième mois, rassasié de tout le bien(2), afin de le conserver pendant toute l’année.

Il a déjà été dit, dans plusieurs réunions ‘hassidiques, que les paroles inutiles ne sont pas seulement celles qui sont prononcées en vain, comme on le pense généralement, mais aussi, plus profondément, celles qui restent sans effet, n’atteignent pas leur objectif et sont donc effectivement inutiles(3).

La ‘Hassidout établit que la finalité de ses textes et, a fortiori, de ce qui est dit lors de telles réunions, est ce qui en résulte concrètement, c’est-à-dire, à notre époque, ce qui affecte l’action quotidienne, y compris à l’extérieur. Si cela manque, les propos d’encouragement sont…(4).

Vous me donnez les raisons pour lesquelles la réunion ‘hassidique n’a pas été un franc succès. Mais, l’on peut penser que ces raisons sont également les suivantes.

Mon beau-père, le Rabbi, explique, dans l’une de ses causeries, pourquoi le recteur de Yechiva ou l’érudit restait auparavant chez lui, attendant qu’on vienne le consulter ou recevoir son enseignement, alors que le Baal Chem Tov introduisit un fait nouveau en se rendant lui-même dans les villes et villages, afin d’y apporter la Parole de D.ieu et Sa Torah.

Vous êtes dans un endroit où l’on craint la ‘Hassidout, où elle effraye, pour la raison qui est donnée par mon beau-père, le Rabbi, dans cette causerie. Aussi, dans une telle réunion, les ‘Hassidim ne peuvent-ils se contenter d’inviter les autres à venir. Ils doivent aller vers eux, dans les endroits où ils se réunissent.

Puisse D.ieu faire qu’il en soit ainsi seulement durant une courte période et qu’au plus vite, on perçoive la lumière bienfaisante, on sente que l’on s’est pénétré du luminaire, on court pour une parole de la Torah ou une Mitsva.

Je vous joins les dernières parutions. Vous en mettrez sûrement le contenu à la disposition du plus grand nombre. Le mérite public dépend de vous.

La demande de bénédiction qui se trouvait dans votre lettre sera lue, en un moment propice, près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera.

Je vous adresse ma bénédiction afin de diffuser les sources à l’extérieur, conformément aux trois idées(5) sous-tendues par le dicton “ Tes sources se diffuseront à l’extérieur ”. Il doit s’agir d’une diffusion abondante, en longueur, en largeur et en profondeur. Celle-ci doit porter sur les sources, origines de l’eau vive, qui s’écoule. Enfin, elle s’effectue à l’extérieur, car c’est là que les sources doivent se trouver(6).

Comme vous le savez, le Tribunal céleste trancha, du fait de l’abnégation dont l’Admour Hazaken témoigna pour la ‘Hassidout, qu’en tout ce qui concerne la Torah, la crainte de D.ieu et les bons comportements, ceux qui sont liés à lui et suivent sa voie auraient le dessus.

Avec ma bénédiction à l’occasion de la fête de la libération(7) et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,

Notes

(1) Le Rav M. Gurkov, de Londres. Voir, à son sujet, les lettres n°2031, 2421 et 4088.
(2) Le mois de Tichri. Voir, à ce sujet, les lettres n°3968 et 4080.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°3909.
(4) Des paroles inutiles.
(5) Voir également les lettres n°815, 818 et 1262.
(6) Ce paragraphe fut rajouté à de nombreux courriers.
(7) Le 19 Kislev.