Lettre n° 3935

Par la grâce de D.ieu,
7 Kislev 5716,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Aharon Eliméle’h(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai entendu parler de vous, depuis longtemps déjà et j’ai donc été satisfait de recevoir votre lettre, qui faisait suite à celle du ‘Hassid craignant D.ieu, le Rav Yaakov Weiss. Je vous joins une copie de la réponse que je lui adresse.

Me basant sur l’enseignement de nos Sages selon lequel “ on conseille l’empressement uniquement à ceux qui possèdent naturellement cette qualité ”, je saisis cette occasion pour vous souligner que de nombreux jeunes, dans votre ville, fréquentent les écoles, d’après les informations qui me parviennent. Bien plus, ceci est la situation prédominante, qui doit donc être prise en compte. Or, cette jeunesse doit être encouragée et confortée dans l’esprit de la Tradition d’Israël.

Si quelqu’un peut se charger de les encourager, avec des propos qui émanent du cœur, il s’agit bien de vous. Vous pouvez faire en sorte que ces propos pénètrent dans leur cœur, les transforment et les conduisent à l’action, y compris dans leur existence quotidienne.

Quelques générations avant la présente époque, on pouvait penser qu’il fallait contenir les jeunes, afin de les mettre à l’abri des différents vents soufflant dans le monde, faire en sorte qu’ils aient l’étude de la Torah pour seule activité. Mais, depuis deux générations, on a pu vérifier qu’une étude spécifique, suscitant la crainte de D.ieu et les sentiments du cœur, doit également être prévue pour chacun. Sans cela, l’étude de la Torah peut être très dommageable. De fait, tout aurait été différent si l’on ne s’était pas opposé à ce qui confère la crainte de D.ieu. Des centaines, des milliers de jeunes, à notre époque, ne se seraient pas écartés du droit chemin. Et, point n’est besoin d’en dire plus, tant cela est douloureux.

Il y a une génération, on aurait pu penser que l’étude du Moussar, de l’Ethique juive, était suffisante. Puis, l’épreuve a fait taire ceux qui le prétendaient. Car, nous avons vu concrètement, de nos yeux de chair, en Russie, à l’époque des persécutions émanant des bolcheviques, les difficultés auxquelles les jeunes, en particulier, étaient soumis. Or, ceux qui, grâce à l’éducation qui convient, étaient pénétrés de ‘Hassidout, d’enthousiasme et d’abnégation ont surmonté l’épreuve et ils ont été sauvés de ce péril redoutable.

Du fait de nos fautes et pour notre malheur, les épreuves auxquelles les jeunes sont soumis, n’ont pas été diminuées, ces dernières années. Elles ont uniquement changé de forme et, désormais, elles ne sont plus physiques. Bien plus, elles prennent l’apparence d’une Mitsva, commencent dans le domaine de la sainteté et en sont même parfois l’émanation. Ainsi, disent nos Sages, “ Un mensonge dans lequel il n’y a pas un peu de bien…(2) ”. En l’occurrence, les épreuves en sont accrues, surtout dans leur dimension qualitative.

A quelqu’un comme vous, il est sûrement inutile de décrire plus en détails la situation actuelle, y compris en Terre Sainte. Celle-ci est terrible et effroyable, d’autant qu’il s’agit du “ pays vers lequel toujours sont tournés les yeux de D.ieu, du début de l’année à la fin de l’année ” et “ le palais du Roi ne peut être comparé…(3) ”.

Voici la conclusion de tout cela, car il est clair que mon but n’est pas de discourir. Vous avez le mérite et la responsabilité de faire usage de vos capacités et de vos possibilités afin de transmettre le luminaire de la Torah, c’est-à-dire la ‘Hassidout, ses pratiques et ses usages, à votre entourage, en général et aux jeunes, appelés à bâtir des foyers juifs, en particulier. Toute évolution positive que l’on constate chez eux est multipliée de nombreuses fois, en fonction du nombre des membres de la famille qu’ils constitueront et des personnes qu’ils influenceront.

Vous êtes un descendant de l’Admour Hazaken, qui donna l’enseignement bien connu(4) selon lequel les Préceptes “ tu aimeras ton prochain comme toi-même ” et “ tu aimeras l’Eternel ton D.ieu ” ne font qu’un. Tel est également le contenu de l’affirmation de Rabbi Akiva, définissant l’amour du prochain comme “ un grand principe de la Torah ”(5).

Vous connaîtrez sûrement la réussite sur cette voie et tout ne dépend que de votre volonté. De plus, vous connaissez la décision du Tribunal céleste, selon laquelle, grâce à l’abnégation dont l’Admour Hazaken fit preuve pour la ‘Hassidout, ceux qui lui sont liés et suivent sa voie, l’emporteraient, pour tout ce qui concerne la Torah, la crainte de D.ieu et les bons comportements.

Dans l’attente de vos bonnes nouvelles, je conclus en vous présentant mes respects et ma bénédiction,

Notes

(1) Le Rav A. E. Chaoulsohn, de Re’hovot.
(2) N’est pas crédible.
(3) A ce qui est à l’extérieur de ce palais.
(4) Voir, à ce sujet, la lettre n°3933.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le traité Chabbat 68a ”.