Lettre n° 3928

Par la grâce de D.ieu,
5 Kislev 5716,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Nissan(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre livre, le premier tome de “ La Torah et le monde ”. Je vous remercie d’avoir pensé à me l’envoyer. En le feuilletant, dans la mesure du temps dont je dispose, j’ai observé, avec plaisir, qu’il était introduit par un dicton du Baal Chem Tov et se concluait, à la manière de son introduction, par une sentence du Tséma’h Tsédek. Le contenu du livre possède, certes, son intérêt propre, mais aussi élevé qu’il puisse être, il peut, en outre, servir une cause encore plus élevée, en l’occurrence celle de la diffusion des sources(2).

Ainsi, on raconte(3), chez les ‘Hassidim, que le grand Rav, ‘Hassid et Juste, Rabbi Hillel de Paritch expliquait qu’il multipliait les comportements les plus rigoristes, dans sa pratique des Mitsvot, afin de mieux comprendre la ‘Hassidout.

On trouve différentes explications, à ce sujet, également dans la partie révélée de la Torah. Ainsi, différents Préceptes, en plus de leur contenu spécifique, servent également de préparation à d’autres Commandements, de portée plus globale. De fait, la finalité ultime de la Torah et des Mitsvot est bien cette globalité, ainsi qu’il est dit : “ L’Eternel notre D.ieu nous a commandé d’accomplir tous ces Décrets afin de craindre l’Eternel notre D.ieu ”. La caractéristique de cette période du talon du Machia’h, de ce mois, de ces jours, est bien la diffusion des sources à l’extérieur.

En signe de considération, je vous joins, en annexe, quelques notes.

Je vous adresse ma bénédiction pour que, pendant de nombreuses années encore, vous dirigiez votre communauté sur la voie qui mène vers la maison de D.ieu, en bonne santé, conformément à l’espoir et au désir de l’Admour Hazaken, en influençant ses membres pour que, de plus en plus, ils deviennent des ‘Hassidim.

Voici quelques notes, bien que, selon la règle établie, on ne contredise pas un commentaire.

A la Parchat ‘Hayé Sarah, à partir de la page 44, il est dit que les femmes peuvent mourir en couche parce que la Mitsva d’allumer les bougies(4) est imparfaitement respectée. On peut expliquer simplement que ce Précepte fut donné pour réparer la faute de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, commise à l’instigation de ‘Hava, qui introduisit la mort dans le monde. En conséquence, lorsque la réparation manque, c’est bien du fait de la faute de l’arbre de la connaissance que la punition est infligée.

Ainsi, disent nos Sages, “ le Saint béni soit-Il pardonna l’idolâtrie, mais non le fait que l’on se détourne de la Torah, lorsque l’on n’en récite pas la bénédiction préalable ”. De fait, quand on perd l’amour de la Torah, on est effectivement puni pour les fautes les plus graves.

Il est à noter également que les lumières du Chabbat étaient un des points suscitant l’opposition des caraïtes et des samaritains. Selon eux, l’interdiction d’allumer du feu pendant le Chabbat signifiait également que celui-ci ne devait pas brûler pendant ce jour(5). Et, l’on sait avec quel scrupule on applique les pratiques qui ne sont pas acceptées par les saducéens. Vous consulterez, à ce propos, les références données par le Torah Cheléma, tome 14, page 320.

A la Parchat Vayétsé, à partir de la page 65, vous vous élevez contre les compromis(6) et je vous en félicite. Il y a là une évolution terrifiante, dans ce pays et à cette époque. Non seulement on s’écarte de l’enseignement de notre Torah lorsque celle-ci demande d’installer une barrière, mais, bien plus, on aggrave le problème, sous un prétexte quelconque, voyant en cela un salut partiel, même si la pratique fait la preuve que le contraire est vrai.

Néanmoins, vous incluez, en cela, la pratique qui consiste à placer le dais nuptial en plein air, ce qui se fait ici dans une pièce dont le toit est amovible. On peut s’interroger à ce sujet, car il n’y a là aucune concession. Une telle pratique est, concrètement, irréprochable(7).

A la Parchat Vaychla’h, à partir de la page 67, vous rapportez le récit du Juste, Rabbi Mi’hel de Zlotchov. Ce même récit figure également dans le Likouteï Dibbourim, fascicule n°15, de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. Néanmoins, il l’attribue à Rabbi Meïr de Primichlan. Mais, peut-être s’agit-il de deux récits différents.

Il en est de même pour le récit qui est à la fin de la page 189. Vous consulterez, à ce sujet, le Likouteï Dibbourim, fascicule n°11, à propos du Maguid de Mézéritch.

Le livre se conclut par un dicton du Tséma’h Tsédek et l’on peut citer, à ce propos, celui du Rabbi Rachab, à la fin de son Kountrass Ets ‘Haïm, au début du chapitre 31.

Notes

(1) Le Rav N. Telushkin, de New York, auteur du Taharat Maïm, sur les lois du Mikwé. Voir, à son sujet, la lettre n°3304.
(2) De la ‘Hassidout, à l’extérieur.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°3866.
(4) Du Chabbat.
(5) Même s’il avait été allumé auparavant.
(6) Voir, à ce sujet, la lettre n°3809.
(7) Il en est de même pour une Soukka. Voir, à ce sujet, la lettre n°3874.