Lettre n° 388

Par la grâce de D.ieu,
25 Mena’hem Av 5708,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav H. H. Havlin(1),

Je vous salue et vous bénis,

Vous avez sûrement reçu ma lettre de la semaine dernière, vous demandant, pour l’instant, de ne rien faire pour la Rabbanit Sheïna(2). Entre temps, vous avez sans doute obtenu également le fascicule édité à l’occasion de la fête de la libération(3).

L’anniversaire du décès de mon père(4) a sans doute été marqué comme il se doit. Vous voudrez bien prélever dans la caisse, pour mon compte, trois livres pour la Yechiva Torat Emeth, trois pour le Collel ‘Habad et trois pour le groupe international des Tehilim. J’en donnerai la contrepartie ici, quand vous me le ferez savoir.

Je conclurai par un mot de Torah, en reprenant ce que j’ai expliqué à la date anniversaire du décès(4), lors d’une réunion de ‘Hassidim, c'est-à-dire une interprétation, par allusion et basée sur la ‘Hassidout, de la première Michna du traité Kélim, chapitre 24(5). Je la reproduirai brièvement ici.

Le bouclier recourbé(6) fait allusion à celui qui met la Torah et les Mitsvot en pratique pour qu’elles le protègent de toute difficulté. Bien plus, pendant la guerre, on se couche sur ce bouclier. Car, on peut être en lutte contre le mauvais penchant et, néanmoins, se trouver couché, c'est-à-dire avoir la tête et le pied au même niveau.

En pareil cas, l’intellect, auquel fait allusion la station debout, ne fonctionne pas. L’amour et la crainte de D.ieu provoqués par la réflexion, que symbolise la position assise, causant la descente de la tête vers le pied, ne se révèlent pas. Seuls subsistent l’amour et la crainte naturels, ou même l’amour caché, dans lequel se trouve également une part de crainte.

Certes, ce n’est là que le début du service de D.ieu, mais l’effort sur sa propre personne est alors nécessaire. Et l’on ne ressent pas d’attirance pour la spiritualité. On peut donc se corrompre, d’une manière permise par la Torah.

Dès lors, il est possible de contracter l’impureté par contact, de ne pas mal agir par nature, mais bien du fait de la grossièreté de sa personnalité, d’un investissement profond dans les plaisirs du monde, y compris ceux pour lesquels on n’éprouve pas d’attrait particulier.

Une telle situation résulte de l’action de l’homme, qui sert D.ieu sans aucun enthousiasme, sans investissement intellectuel, sans être assis, mais véritablement en position de chute.

La seconde catégorie de boucliers(7) ne permet ni de se coucher, ni de s’asseoir. Elle fait allusion à un service de D.ieu purement intellectuel, détaché des sentiments, à la station debout, c'est-à-dire à la méditation au bien qu’apporte la Divinité. Pour autant, la lutte(8) se poursuit et l’on peut en être la victime, tomber à terre, en éveillant son enthousiasme pour les plaisirs du monde. Dès lors, l’impureté est possible et peut être contractée par contact avec un mort, c'est-à-dire à cause de la morsure du serpent(9).

La troisième catégorie(7) est constituée par "le bouclier des arabes", c'est-à-dire la situation de celui qui ne fait pas d’usage intrinsèque de la Torah et des Mitsvot, étant un "arabe" du domaine de la sainteté, c'est-à-dire celui "qui se prosterne devant la poussière"(10), laquelle symbolise la soumission, ainsi qu’il est dit: "Que mon âme soit comme poussière pour tous"(11).

C’est donc le plus petit bouclier, comme le souligne Rabbi Ovadya de Bartenora, puisqu’il fait allusion à celui qui ne ressent plus sa propre personne, n’a d’autre désir que de procurer satisfaction et joie à D.ieu. Car, le plaisir du Maître devient le sien et il n’est plus qu’une émanation de son Créateur. Aucune lutte contre lui n’est envisageable, puisque ses ennemis fondent comme neige. Il est donc systématiquement pur.

En vous souhaitant tout le bien,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rav ‘Hano’h Hendel Havlin, de Jérusalem. Voir la lettre n°179.
(2) Pour marquer le deuil, bien que son décès ait pu être établi, comme l’indiquait la lettre n°382.
(3) Du 12 Tamouz.
(4) Le 20 Mena’hem Av.
(5) Récitée par l’endeuillé.
(6) Pour entourer le corps.
(7) Définie par cette Michna.
(8) Contre le mauvais penchant.
(9) De la faute de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
(10) Comme le faisait ce peuple à l’époque d’Avraham, selon le Midrach.
(11) Ce niveau est donc spirituellement le plus élevé. Il désigne l’homme qui est totalement soumis et ne peut donc contracter l’impureté.