Lettre n° 381

Par la grâce de D.ieu,
19 Tamouz 5708,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav C., le Cho’het(1),

Je vous salue et vous bénis,

Votre gendre, le Rav Y. Goodman(2), m’a transmis vos questions et j’y fais réponse:

A) Quelle est la référence de l’affirmation suivante de nos Sages, citée par le Ramban, dans son commentaire du verset Béréchit 2, 9: "Trois dirent la vérité et furent perdus, le serpent, les explorateurs et Doëg l’édoméen"?

Il semble que cette référence soit le Midrach Pirkeï Rabbénou Hakadoch, au chapitre 3, paragraphe 47. Néanmoins, la version du Ramban diffère de celle dont nous disposons. Celle que j’ai pu consulter, à la fin du Colbo et dans le Otsar Hamidrachim d’Eisenstein, est la suivante: "Trois dirent la vérité et furent perdus de ce monde et du monde futur. Il s’agit des explorateurs, de Doëg et des habitants de Ramon Habeérot".

A ce propos,
1. L’Admour Hazaken cite aussi cette explication dans une lettre datée du mardi de la Parchat Nitsavim 5571(3), imprimée au chapitre 20 de Beth Rabbi. Néanmoins, il est impossible de savoir de quelle version il disposait, puisqu’il cite uniquement ce qui est lié à l’idée qu’il développe, c'est-à-dire le cas de Doëg(4).
2. On ne peut soulever aucune objection contre cette affirmation à partir de celle du Midrach Béréchit Rabba, chapitre 19, selon lequel le serpent dit un mensonge. Car, l’une et l’autre sont exactes. Le serpent fut perdu parce qu’il avait dit la vérité, mais, pour pouvoir convaincre ‘Hava, il mentit également. Vous consulterez également les discours ‘hassidiques intitulés "le serpent était rusé" dans le Torah Or et dans le Torat ‘Haïm.

B) Vous vous demandez pourquoi, dans de nombreuses lettres que vous avez pu voir, le jour de la semaine n’est pas mentionné et seule la date du mois est citée. Or, le Ramban, commentant le verset Chemot 20, 8, dit que "les Juifs comptent les jours en fonction du Chabbat. Dimanche est le premier jour après le Chabbat, lundi le second. C’est ainsi que nous accomplissons la Mitsva de nous souvenir chaque jour du Chabbat".

Il me semble qu’il n’y a là aucune difficulté:
1. Il est clair, même selon le Ramban, qu’il n’y a pas là une Mitsva s’appliquant tout au long du jour, comme c’est le cas pour l’étude de la Torah. Il suffit donc de se rappeler une seule fois du Chabbat, ce que l’on fait dans le Cantique du jour(5).
2. A mon humble avis, il est clair que le Ramban n’entend pas nous obliger à compter chaque jour dans l’optique du Chabbat. Il indique uniquement que, si l’on est amené à compter les jours, on devra le faire en fonction du Chabbat. Il en est de même pour la Mitsva du parapet(6). Et, quand le Ramban précise "chaque jour", il veut dire que l’on ne s’en souvient pas uniquement durant le Chabbat ou à la veille de ce jour. C’est pour cela que le compte des jours, dans la Loi Ecrite, n’est pas fait en fonction du Chabbat, comme le dit le traité Roch Hachana 3a.
3. Il semble, en outre, que l’avis du Ramban n’ait pas été adopté. En effet, il interdit de compter les jours d’une autre manière que dans l’optique du Chabbat. Or, je n’ai jamais vu aucun avis interdisant d’utiliser les mots "dimanche" et "lundi".

Des jeunes gens, qui sont nos émissaires, se trouvent actuellement dans votre ville(7). Ce sont les ‘Hassidim craignant D.ieu, le Rav A. Michtilim et le Rav N. Gour Aryé, qui vous ont sans doute parlé des causeries de mon beau-père, le Rabbi Chlita, de la grande importance de tels voyages.

Je suis convaincu que, malgré toutes vos occupations, vous leur viendrez en aide et vous efforcerez que cette visite, dans votre ville et dans sa région, soit très fructueuse, jusque dans le moindre détail, matériel et spirituel. Je vous écris, à ce sujet, uniquement pour souligner tout cela.

Je conclus en vous souhaitant tout le bien,

Rav Mena’hem Schneerson,

J’ai également trouvé trace de l’affirmation de nos Sages, à propos des trois qui dirent la vérité, dans le Ma’hzor Vitry, dans un paragraphe manuscrit qui est imprimé à la fin du Menorat Hamaor de Rabbi I. Elncaoua, tome 4, page 568, qui dit: "Trois ont avoué la vérité et ont été perdus de ce monde et de l’autre monde. Il s’agit de Doëg l’édoméen, des habitants de Ramon Habeérot et des explorateurs. Rabbi Meïr inclut également le descendant d’Amalek".

Dans les notes de ce texte, sont cités les Avot de Rabbi Nathan, version B, chapitre 45, les Pirkeï Rabbénou Hakadoch 27a, édition Shenblum, en trois volumes et le Eked Haagadot, édition Horovits, chapitre 133.

Notes

(1) Le Rav Chmaya Krinski, Cho’het de Boston. Voir la lettre n°366.
(2) Le Rav Yochoua Na’houm Goodman.
(3) 1810.
(4) L’Admour Hazaken dit, en effet: "Trois dirent la vérité et furent perdus du monde. L’un d’entre eux était Doëg".
(5) Récité chaque matin à la fin de la prière.
(6) Qui doit entourer le toit de la maison. Si l’on fait construire une maison, il est une Mitsva d’y placer un parapet. En revanche, il n’est pas nécessaire de construire une maison dans le but de pouvoir y mettre un parapet.
(7) Voir, à ce propos, la lettre n°378.