Lettre n° 3784

Par la grâce de D.ieu,
19 Elloul 5715,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué 'Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
ayant de bons comportements, le Rav Dov Yehouda(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 14 Elloul, bien qu'il me faille être bref, du fait du contenu spécifique de la présente période. En effet, vous connaissez le dicton(2) de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, selon lequel, au sein du mois de bilan moral qu'est Elloul, les jours qui suivent le 18 Elloul permettent, plus spécifiquement, d'établir ce bilan pour les mois de l'année, chaque jour correspondant à un mois.

Malgré cela, compte tenu de la personnalité de celui qui pose la question et de l'importance du sujet, je vous adresse ces quelques lignes, qui sont concises, mais vous permettront sûrement de comprendre ce que je veux dire. Vous voudrez bien m'en excuser.

A) Vous m'interrogez sur ce que dit le Tanya, à la fin du chapitre 8, à propos des sciences profanes. S'agit-il uniquement de la philosophie, ou bien de toutes les sciences, en général?

Il semble que vous considériez qu'une distinction est à faire. Ainsi, l'étude de la philosophie serait interdite, du fait des concepts heurtant la religion qu'elle comprend, ce qui ne serait pas le cas des mathématiques, par exemple.

En fait, il est bien clair que le Tanya ne fait aucune distinction entre les sciences profanes. On peut, tout d'abord, l'établir en observant qu'il parle de "sciences", au pluriel. De plus, il dit que l'impureté de ses sciences émane de la Klipat Noga(3). Il ne s'agit donc pas d'hérésie, interdiction absolue liée aux trois Klipot totalement impures, au même titre que tout ce qui a trait à l'idolâtrie.

Le Tanya dit aussi que l'on peut faire de ces sciences "une hache pour trancher"(4). Tout cela est encore plus clairement exprimé dans les lois de l'étude de la Torah, de l'Admour Hazaken, chapitre 3, paragraphe 7.

B) Vous citez la causerie du Chabbat qui a béni le mois d'Elloul, dans laquelle il était dit qu'un homme ne peut sauter dans le feu par inadvertance. Vous êtes surpris par cette affirmation, mais vous ne précisez pas la raison de votre étonnement.

Peut-être voulez-vous dire que l'on peut imaginer que quelqu'un se tienne sur un toit élevé et saute, parce qu'en ce cas, il n'a pas conscience de tomber dans le feu. Mais, ce n'est pas à cela que je faisais allusion et une telle action n'est pas réellement faite par inadvertance. Je voulais simplement dire que, pour se préserver de la faute, la réflexion n'est pas nécessaire. Le sentiment naturel suffit.

Ainsi, un enfant, même s'il n'a pas atteint la maturité intellectuelle, ne sautera pas dans le feu. En effet, il ressent, de loin, que le sentiment de chaleur lui est inconfortable et ceci lui suffit pour ne pas se rapprocher du feu. Il n'y a pas là une réaction réfléchie, mais bien un acte naturel.

De façon générale, tout concept de la partie révélée de la Torah est expliqué, d'une manière encore plus profonde, par son enseignement caché et ésotérique. De même, toute idée de la 'Hassidout trouve son équivalence dans la partie révélée de la Torah, qui parle, effectivement, à cet égard, d'une bête qui est devenue folle(5).

Vous consulterez, à ce sujet, en particulier, les Avot de Rabbi Nathan, au chapitre 16 et le traité Baba Kama 62b.

C) Vous évoquez la raison d'être et la finalité des punitions de la Torah. La 'Hassidout explique qu'elles ont pour but de réparer le défaut causé par la faute.

Ce défaut concerne l'homme qui a commis la faute et tout ce qui est lié à lui, de même que l'influence qu'il exerce sur son entourage. La réparation doit donc se marquer également dans ces deux domaines.

La réparation concernant l'autre, dans les versets que vous citez, est "afin que l'on entende et que l'on voit"(6). Vous consulterez la note, dans le chapitre 24 du Tanya et le Likouteï Torah, Bamidbar, pages 25c et 86b.

D) Vous cherchez à réconcilier les avis des premiers penseurs d'Israël, à propos du corps des anges. En effet, vous avancez que tous ont bien la même conception et divergent uniquement dans leur définition du corps.

Il est impossible de considérer qu'il n'y a pas de controverse, en la matière. En effet, selon un avis, les anges s'inscrivent dans la dimension de l'espace, comme l'explique longuement le Likouteï Torah, au premier discours 'hassidique intitulé "Cantique, chant pour l'inauguration". Selon le second avis, en revanche, on ne peut faire de différence, pour ce qui les concerne, entre le corps et l'esprit, de sorte qu'ils sont "des intellects séparés"(7). Vous consulterez, à ce sujet, le Rambam, lois des fondements de la Torah, chapitre 2, à partir du paragraphe 3, avec les commentaires.

Vous envisagez qu'ils puissent avoir un corps plus élevé. Ceci ne correspond pas à ce qui est dit à la même référence, au paragraphe 5, de même que dans le Guide des égarés, tome 2, chapitre 3. Cette question est également posée par le Tsafnat Paanéa'h, sur le Yerouchalmi, chapitre 2 du traité 'Haguiga, paragraphe 4.

A l'occasion de la nouvelle année, qui approche, pour nous et pour tout Israël, pour le bien et pour la bénédiction, je vous adresse ma bénédiction, pour vous et pour tous les vôtres, afin que vous soyez inscrits et scellés pour une bonne et douce année, matériellement et spirituellement.

Avec ma bénédiction,

Notes

(1) Le Rav D. Y. Shochat. Voir, à son sujet, la lettre n°3485.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°3780.
(3) La force du mal qui conserve la possibilité de l'élévation.
(4) Un instrument pour gagner sa vie. Il ne peut donc pas s'agir d'hérésie.
(5) Et, qui peut alors se jeter dans le feu, alors qu'elle ne le ferait pas, si elle était normale, bien qu'une bête ne soit pas capable de raisonner.
(6) Pour donner l'exemple.
(7) De toute existence corporelle.