Lettre n° 3721

Par la grâce de D.ieu,
17 Mena’hem Av 5715,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Morde’haï Ha Cohen(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je viens de recevoir votre lettre de l’issue du Chabbat. Vous évoquez les plants et les graines(2) et vous plaidez pour les premiers, car vous dites qu'a priori, il est permis de planter ceux qui proviennent d’arbres ayant subi une greffe. Les commentateurs du Choul’han Arou’h Yoré Déa, à la fin du chapitre 295, traitent largement de ce sujet et ils se demandent s’il est interdit de maintenir ou de replanter un arbre qui a subi une greffe. Néanmoins, cela n’indique pas à quel espèce il appartient(3).

En effet, il y a lieu de craindre que le produit de la greffe ne soit plus un Ethrog ou encore qu’il soit un Ethrog imparfait. Dès lors, qu’importe que sa plantation ne soit pas interdite ? Du reste, même d’après votre conception, il est impossible de penser que les plants provenant d’un arbre soient bons, alors que les graines ne le sont pas. Cela serait bien surprenant. Le principe, comme l’indique le traité ‘Houlin 115a est que, bien au contraire, le statut du fruit est plus large que celui de la pousse. Ce point ne sera pas développé ici.

Et, de fait, en quoi engage-t-on sa responsabilité si l’on prend également les graines ? Il est clair qu’il n’en résulte pas un effort supplémentaire, d’autant que je faisais allusion aux arbres n’ayant pas subi de greffe, selon un témoignage digne de foi(4) de même que d’après leur apparence extérieure. Jusqu’à la génération précédente, la Calabre avait la réputation de fournir des Ethroguim n’ayant pas subi de greffe. Il faut donc lui conserver cette présomption, qui doit compléter l’observation à laquelle je faisais allusion.

J’ai reçu l’article sur Pessa’h, dans sa traduction italienne(5) et l’on peut formuler, à ce propos, les remarques suivantes. Il semble que le périodique dans lequel il est paru s’adresse aux responsables communautaires, c’est-à-dire à un cercle restreint. C’est ce que l’on peut penser en considérant les articles qui le précèdent et ceux qui le suivent. Il y a lieu de croire que cela n’intéressera pas les jeunes.

S’il n’y a pas d’autre périodique qui soit lu par nos frères, les enfants d’Israël, se trouvant en Italie, il n’y a aucune alternative et la situation est alors différente. En revanche, s’il en existe un autre, il serait bon d’y faire paraître ce qui traite de la ‘Hassidout. S’il y a une parution dans une autre ville que la vôtre, vous pourrez sûrement établir un contact, par des relations.

Le style de la traduction me paraît chargé et même, si l’on peut dire, trop difficile pour que le lecteur ait envie d’aller jusqu’au bout de l’article ou, a fortiori, de le relire. Il est clair qu’il n’est pas du tout rédigé comme le sont les écrits destinés à la jeunesse.

Le contenu de l’article et ses propos d’encouragement sont en accord avec la présente période. Mais, dans la mesure où il est si difficile de faire paraître de tels articles, il faut saisir chaque occasion pour éditer ce qui ne sera pas publié par les autres, c’est-à-dire des enseignements de la ‘Hassidout et des écrits ‘hassidiques. En l'occurrence, le présent article rappelle les livres de Moussar et de commentaires les plus généraux, mais non ceux qui émanent de la ‘Hassidout.

Or, vous possédez sûrement les Likouteï Dibourim, des causeries de Pessa’h et surtout maintenant ce qui concerne Tichri et Sim’hat Torah. On y trouve des textes faciles, avec des récits de Justes, desquels on peut tirer un enseignement.

Il me semble avoir déjà attiré votre attention(6) sur le fait que l’on ne parle pas de “ deux cent quarante huit membres ” à propos du corps d’une femme(7), comme l’indique le traité Be’horot 45a. On ne parle pas non plus de ses deux cent cinquante deux membres, car il y a une controverse, à ce sujet, comme cela est précisé, à cette même référence, que vous consulterez. On dit donc simplement “ tous ses membres ”. Bien évidemment, si quelqu’un ne fait pas attention à tout cela, il n’y a pas lieu d’introduire une telle restriction, pourvu que la paix règne.

Notes

(1) Le Rav M. Perlov, de Milan. Voir, à son sujet, la lettre n°3547.
(2) Des Ethroguim de Calabre. Voir, à ce sujet, la lettre n°3547.
(3) Le fruit poussant sur cet arbre et s’il peut, en l’occurrence, être considéré comme un Ethrog.
(4) Textuellement “ prononcé de manière intègre ”.
(5) Voir, à ce sujet, la lettre n°3547.
(6) Voir, à ce sujet, les lettres n°1962 et 2174.
(7) Par exemple dans une bénédiction pour demander sa guérison. En effet, ce nombre correspond aux membres du corps d’un homme.