Lettre n° 3681

Par la grâce de D.ieu,
29 Tamouz 5715,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué 'Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires, aux
multiples accomplissements, le Rav Avraham Aharon(1),

Je vous salue et vous bénis,

J'ai bien reçu votre lettre et le livre qui l'accompagnait, le Séfer 'Hassidim avec votre commentaire, le Michnat Avraham. Mon temps ne m'a pas permis de le consulter comme il l'aurait fallu, mais, comme marque d'amitié, en signe de reconnaissance et d'estime, je l'ai feuilleté, comme en attestent les quelques notes que vous trouverez ci-jointes.

Je vous remercie beaucoup pour ce cadeau et je vous serais doublement reconnaissant si vous demandiez à ceux qui s'en occupent de m'adresser également vos autres livres.

Par envoi séparé, nous vous avons adressé quelques livres que nous avons édités. Ils vous intéresseront sûrement, du fait de l'importance des connaissances dont il s'agit .

Avec mes respects et ma bénédiction,

Notes à caractère général:

A. Notre époque est, malheureusement, bien différentes des précédentes, qui étaient relativement calmes, sans grands bouleversements. Désormais, la Torah et les livres occupent désormais une place importante dans le foyer de chacun, y compris chez ceux qui ne les comprennent pas(2). Et, tous les autres objets(3) sont repoussés, de bon gré, devant ces livres.

En conséquence, il est, à mon avis, une Mitsva et une obligation, pour tous ceux qui éditent des livres liés à la Torah, aux Mitsvot, à la crainte de D.ieu, de faire en sorte que ceux-ci soient d'usage facile, qu'ils puissent être transportés aisément, d'une maison à l'autre ou dans une petite bibliothèque.

Un quelconque manque à ce caractère pratique du livre peut empêcher plusieurs personnes de l'acquérir, de l'étudier ou de le lire. Or, ces personnes ne doivent pas être écartées. Il est dit, en effet, que l'on ne sait pas qui sera le plus apte. Et, peut-être quelqu'un aura-t-il des enfants d'une grande élévation.

De fait, les livres que vous éditez sont beaux. Ils le sont profondément, puisqu'ils comportent des index et aussi extérieurement, par le choix des caractères et du papier. Le format de vos livres, en revanche, contredit fortement ce qui vient d'être exposé. J'ai pu vérifier tout cela concrètement en observant la différence de diffusion, pour les livres des éditions Kehot, entre une édition de grand format et la même, de petit format.

2. L'édition de Bologne du Séfer 'Hassidim s'est répandue dans le peuple juif. Elle a été acceptée et consacrée par les premières générations comme par les dernières. Concrètement, toute contradiction ou modification doit donc être tranchée en fonction de cette édition et non d'après d'autres manuscrits, qui ne peuvent servir qu'à quelques vérifications, surtout d'après l'avis selon lequel l'édition de Bologne est ultérieure(4).

En conséquence, la publication du Séfer 'Hassidim, qui peut aussi avoir une incidence sur l'action concrète doit suivre l'édition de Bologne, tout en rétablissant les passages qui y ont été censurés. Pour autant, il est très utile d'y mentionner également les différences que l'on constate dans les autres manuscrits et de les expliquer.

* * *

Dans le testament(5), au paragraphe 1, dans votre édition:

Vous consulterez également la décision hala'hique du Tséma'h Tsédek, sur le Choul'han Arou'h Yoré Déa, chapitre 116 et les responsa Tsafnat Paanéa'h du Rav de Ragatchov, au chapitre 128.

Doit-on prendre en compte le fait que les mères des mariés portent le même prénom? Vous consulterez, à ce sujet, le Sdeï 'Hémed, à l'article "mariés", au paragraphe 10.

Dans le livre, au paragraphe 1:

Vous expliquez longuement la nature d'un 'Hassid. L'édition Mekitseï Nirdamim, dans les notes sur le chapitre 975, cite plusieurs passages du Talmud et des premiers Sages qui mentionnent ce titre. Vous verrez, à ce propos, le Chaareï Kedoucha, de Rabbi 'Haïm Vital, à la fin du premier tome.

Toutefois, à mon avis, cette discussion n'est pas à sa place. Elle l'est, en revanche, au chapitre 975 et dans les suivants. A cette référence, par contre, l'auteur n'explique pas du tout ce qu'est un 'Hassid et il emploie ce terme uniquement au sens figuré, désignant ainsi tous ceux qui craignent D.ieu, y compris s'ils ne sont pas des 'Hassidim, selon la définition précise que l'on peut donner de ce terme. En effet, ce livre adresse son propos à tous ceux qui craignent D.ieu et respectent Son Nom. Il est écrit pour tous à la fois.

Vous évoquez l'orientation du cœur d'un 'Hassid. Mais, ceci n'explique nullement la nature du 'Hassid et de la 'Hassidout. La signification de cette affirmation est, en fait, la suivante. Il est un 'Hassid qui est grand, par sa Torah et par ses bonnes actions, alors qu'un autre 'Hassid voudrait parvenir à la même élévation, mais n'a cependant pas reçu la Torah de son maître ou ne l'a pas suffisamment comprise. En pareil cas, l'action lui manque et il sera puni pour cela. Il est dit, en conséquence: "C'est la raison pour laquelle j'ai voulu écrire ce livre", précisément pour de telles personnes.

Au paragraphe 410:

Concernant la lecture de la Torah, vous consulterez le Tsafnat Paanéa'h sur le Rambam, lois de la prière, chapitre 12.

Au paragraphe 549:

Concernant l'emploi de la seconde et de la troisième personnes, dans le texte des bénédictions(6), vous consulterez le Zohar, tome 3, page 289a, les Tikouneï Zohar, Tikoun 39, le Séfer Ha Bahir, pages 183-184 et les références citées dans les notes du Rav A. Margolis, sur ce texte. A ce qu'il dit et à ce que vous dites vous-même, on peut ajouter également le Chiboleï Ha Leket Chalem, au chapitre 165, le Peri Ets 'Haïm, porte 2, chapitre 82 et le Likouteï Torah de l'Admour Hazaken, Parchat Masseï, page 91b.

A la fin du livre, au paragraphe 600:

La faute dont il est ici question est, très simplement, celle de transporter un aliment interdit(7) ou de le consommer, ou encore de défaire un nœud. J'ai vu que les notes du Michnat 'Hassidim renvoyaient au Maguen Avraham, chapitre 638 et au Peri Megadim, à la même référence. Vous consulterez également le Choul'han Arou'h de l'Admour Hazaken, au même chapitre, paragraphe 18.

Notes

(1) Le Rav A. A. Price.
(2) Alors qu'auparavant, on possédait peu de livres, mais on les étudiait.
(3) De la maison, face au plaisir de posséder une bibliothèque.
(4) Aux manuscrits. En effet, c'est toujours le dernier avis émis qui doit être maintenu.
(5) De Rabbi Yehouda Ha 'Hassid, auteur du Séfer 'Hassidim.
(6) Toutes les bénédictions commencent, en effet, à la deuxième personne, "béni sois-Tu" et se terminent, à la troisième personne, "Qui a…".
(7) Pendant le Chabbat. Il s'agit de l'interdiction du Mouktsé.