Lettre n° 365

Par la grâce de D.ieu,
16 Iyar 5708,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav I. D.(1),

Je vous salue et vous bénis,

Vous trouverez ci-joint le fascicule édité à l’occasion de Lag Baomer. A n’en pas douter, vous le mettrez à la disposition du plus grand nombre.

J’espère que vous recevrez bientôt la visite de nos émissaires(2), les jeunes Rabbanim Posner et Baumgarten, qui se rendront dans votre pays et dans votre ville. Il est sans doute inutile de vous demander de leur venir en aide, dans toute la mesure de vos moyens, pour qu’ils puissent mener à bien la mission qui leur est confiée. Je voudrais simplement vous inviter à agir avec empressement, à les aider vous-même et à faire intervenir toutes les personnes sur lesquelles vous exercez une influence.

Je répondrai maintenant aux questions que vous me posez dans votre lettre de la veille du Chabbat A’hareï:

A) Dans la Haggada avec un recueil d’explications et de coutumes(3), à la page 35, il est dit que la Hala’ha est énoncée dans le Choul’han Arou’h et non dans le Sidour. Vous indiquez que l’Admour Hazaken rapporta de nombreuses lois dans son Sidour.

J’ai bien précisé que cela concernait uniquement les pratiques du Séder. On peut, en effet, distinguer deux catégories de lois qui figurent dans le Sidour:

1. Il y a de longs développement que l’Admour Hazaken rédigea, de manière indépendante, dans le but de les intégrer au Sidour. Ce sont des lois énoncées très brièvement, concernant des points courants, s’adressant à tous et devant être connues de celui qui ne dispose pas d’un Choul’han Arou’h, lorsque la question est soulevée. On parle alors de Séder ou de Hala’hot. Les lois relatives à la bénédiction des Cohanim entrent dans cette catégorie.

2. Il y a aussi les usages, et non les lois, que l’on adopte pendant la prière ou bien en récitant une bénédiction. Ainsi, toutes les règles du Chema Israël sont réunies, au début du Sidour.

L’Admour Hazaken n’écrivit aucun développement pour la Haggada. Il mentionna uniquement les pratiques importantes du Séder. C’est la base de ce que j’ai écrit.

B) J’ai écrit dans le Hayom Yom que l’on vérifie le ‘Hamets après la prière d’Arvit, sans autre précision. Vous notez que le Choul’han Arou’h introduit de nombreuses distinctions, à ce sujet.

Comme je l’ai dit dans l’introduction de ce livre, mon but n’était pas de citer la loi, mais la coutume des ‘Hassidim, basée sur celle des chefs de la ‘Hassidout et sur leur enseignement. Or, la pratique courante est de rechercher le ‘Hamets systématiquement après la prière d’Arvit.

On peut le justifier de différentes manières. La plus probante est celle qui applique ici une manière d’agir que l’on retrouve par ailleurs. En effet, nous avons coutume de rechercher le ‘Hamets pendant un très long moment. Or, je n’en ai pas fait mention dans le Hayom Yom, car je n’ai pas eu connaissance d’une durée précise, à ce propos(...).

C) Le Tanya explique, au chapitre 42, que l’on prosterne, dans la Amida, afin de se soumettre à D.ieu par une action, après l’avoir fait par la parole, en lisant le Chema Israël. Vous citez le traité Bera’hot 21a, selon lequel "on ne se soumet pas à la royauté de D.ieu pendant la Amida".

On peut donner, à ce propos, l’explication suivante. Chaque Mitsva a des aspects essentiels et d’autres, accessoires. L’aspect fondamental de la prière est la parole, comme le dit le chapitre 38 du Tanya. Vient ensuite la pensée, alors que l’action est, elle, totalement secondaire.

Nos Sages expliquent donc que, durant la prière, on ne se soumet pas à la royauté de D.ieu par la parole, qui est son aspect essentiel. Du reste, l’affirmation de la Guemara est dite dans le contexte du décret d’Ezra, qui est lié à la parole, comme le précisent nos Sages(4).

Ceci explique l’étonnement de la Guemara: "Rabbi Yossi considère-t-il que celui qui a perdu de la semence ne devrait pas mettre les Tefilin?!". La nécessité de se prosterner durant la Amida n’est donc nullement liée au décret d’Ezra.

La raison profonde pour laquelle le décret d’Ezra ne porte que sur la parole est la suivante. Nos Sages établissent un lien entre la sainteté de la langue et celle de l’organe de la reproduction.

Vous transmettrez mon salut à tous vos proches,

M. Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Its’hak Doubov. Voir la lettre n°196.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°326.
(3) Dont le Rabbi est l’auteur.
(4) Il demande de ne pas prononcer des paroles de Torah, lorsque l’on a perdu de la semence, avant de s’immerger dans un bain rituel.