Lettre n° 3580

Par la grâce de D.ieu,
23 Sivan 5715,
Brooklyn,

Au distingué 'Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
a de bons comportements, le Rav Moché Ha Cohen(1),

Je vous salue et vous bénis,

J'ai eu plaisir à voir ici des 'Hassidim de Chicago et à obtenir de leurs nouvelles, de même que de savoir ce qu'ils deviennent, ce qu'il en est de leur synagogue "Chaareï Tefila Bneï Reouven, de rite Ari Zal". Je fais maintenant référence à la discussion que nous avons eue.

A) J'ai été satisfait d'apprendre que vous avez fait l'acquisition d'un terrain afin d'y construire la synagogue et surtout que celui-ci se trouve dans un endroit central, là où résident les Juifs. Vous connaissez le dicton de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, commentant l'expression couramment utilisée par nos Sages, "celui qui se consacre à la Torah"(2). Or, pourquoi ne pas parler de "celui qui étudie la Torah" ou "celui qui pratique la Mitsva"?

En fait, un Juif ou une Juive doivent effectivement considérer la Torah et les Mitsvot comme un commerce. Concrètement, le commerçant ne reste pas chez lui, dans sa chambre, attendant que quelqu'un vienne lui proposer une bonne affaire et lui décerne une médaille et une place d'honneur, s'il l'accepte. Il sait que cette affaire est dans son intérêt et dans celui de sa famille. Il parcourt donc les marchés et les rues pour la découvrir. Et, il renonce à son propre bien et à ses préoccupations, se fatigue moralement et physiquement, pourvu que son commerce fonctionne bien et se développe, régulièrement.

Bien plus, même lorsqu'il ne peut se consacrer à ses affaires, le commerçant s'en préoccupe. Que devra-t-il faire demain et après-demain? Comment peut-il, dès maintenant, se préparer à ce qu'il ne fera que plus tard?

Pour obtenir un résultat, l'une des conditions à remplir est la suivante. Le commerce doit se trouver en un lieu de grand passage et les passants doivent appartenir aux cercles les plus larges. Ainsi, leur visite en cet endroit sera facilitée et l'on pourra établir un contact avec eux.

Tous les détails qui viennent d'être exposés s'appliquent, de la même manière, à la Torah et aux Mitsvot.

Combien plus est-ce le cas pour le choix de l'endroit d'une synagogue, qui est, au sens étymologique, un lieu de rassemblement(3) pour les Juifs qui viennent y prier le Roi, Roi des rois, le Saint béni soit-Il, pour y étudier Sa Torah. Or, il est dit que "l'honneur du Roi est la présence d'une foule nombreuse".

B) Dans toutes les communautés juives, en particulier aux Etats Unis, la période des Seli'hot et le mois de Tichri sont propices pour rapprocher les cœurs juifs de notre Père Qui se trouve dans les cieux, de même que pour réunir les cœurs(4). Tout ce qui procède de la Sainteté doit donc être utilisé en ce sens. Cela importe pour toute l'année qui vient.

Il est clair que, même en multipliant les efforts, il n'est pas possible que la synagogue soit construite sur le terrain que vous avez acheté pour Tichri prochain. Mais, à mon sens, il faut s'efforcer de louer, à proximité de cet endroit, une grande pièce ou une salle, dans laquelle les Juifs du quartier pourront prier, pendant les moments propices de ce mois.

De même, vous créerez un Talmud Torah pour les enfants de la proximité. Ainsi, les Juifs du quartier fréquenteront la synagogue qui sera construite et ils en deviendront membres, en un moment bon et fructueux. Leurs enfants se rendront dans vos écoles. Or, tout cela dépend du début de l'année, du point de vue des études et de la prière.

De façon générale, on reste, tout au long de l'année, dans la synagogue où l'on a prié, en Tichri et l'on se maintient également dans l'école où l'on a été inscrit, à la rentrée.

C) Vous me dites qu'une autre synagogue ou maison d'étude vous propose de participer à la construction de la vôtre, à condition que vous changiez votre nom(5). Vous me demandez ce que j'en pense.

Votre synagogue est connue, à Chicago et dans sa région, depuis plusieurs dizaines d'années déjà. Il me semble donc hors de question de changer son nom, qui doit, bien au contraire, rester intact, puisqu'il lui a déjà apporté la gloire et le renom.

Pour accéder à leur requête, vous pouvez, néanmoins, ajouter leur nom(6), mais "Chaareï Tefila Bneï Reouven" doit rester le premier nom. Bien plus, il serait bon de séparer les deux appellations par la mention "synagogue" ou "maison d'étude". Ainsi, vous pourrez dire: "Synagogue Chaareï Tefila Bneï Reouven, de rite Ari Zal et synagogue (ou maison d'étude) une telle".

Puisse D.ieu faire que, dans ce nouveau quartier, vous ayez le mérite et la réussite de bâtir une synagogue et une maison d'étude 'hassidique, de laquelle émanera, "la bougie (qui) est une Mitsva et la Torah (qui) est une lumière", de même que le luminaire de la Torah, qui est l'enseignement de la 'Hassidout, ses pratiques et ses voies, dans tout votre entourage.

Avec ma bénédiction et en saluant ceux qui prient dans cette synagogue, ses membres et, tout d'abord, ses dirigeants,

Notes

(1) Le Rav M. Shayevitch. Voir, à son sujet, la lettre n°3381.
(2) Que l'on pourrait traduire également par "celui qui fait commerce", pour désigner celui qui l'étudie.
(3) Beth Knesset, synagogue, signifie, textuellement, maison de rassemblement.
(4) Entre eux, pour rapprocher les hommes.
(5) Vraisemblablement pour adopter le leur.
(6) Au nom actuel.