Lettre n° 347

Par la grâce de D.ieu,
18 Adar Chéni 5708,

Au ‘Hassid qui craint D.ieu, grand érudit et responsable
communautaire, le Rav N. Mindel(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre.

A. Concernant le compte des Mitsvot instaurées par nos Sages(2), vous posez trois questions:
1. Quel est leur nombre?
2. Quels sont les Décrets de nos Sages qui entrent dans cette catégorie?
3. Pourquoi celles-ci et pas les autres?
Je répondrai à ces questions dans l’ordre.

1. Quel est le nombre des Mitsvot instaurées par nos Sages? Le Chneï Lou’hot Haberit écrit: «Les dix Commandements ont 620 lettres, valeur numérique de Kéter, la couronne de la Torah. Les 613 premières lettres correspondent aux 613 Mitsvot de la Torah et les sept autres, aux sept Mitsvot de nos Sages, comme l’écrivent les Anciens».

Le ‘Hinou’h, le Megalé Amoukot, le Meoreï Or, l’Admour Hazaken, le Gaon de Vilna, le He’hal Habera’ha sur la Torah, le Mitsvot Hachem et d’autres encore disent aussi qu’il y a sept Mitsvot de nos Sages.

Seul, le Rav D. Nito, dans son Kouzari Cheni, considère qu’il y en a dix.

2. Quels sont les Décrets de nos Sages qui entrent dans cette catégorie? Le lavage des mains, le Erouv(3), la bougie du Chabbat, la lecture de la Meguila, les lumières de ‘Hanouka, la lecture du Hallel.

Tel est l’avis du ‘Hinou’h, du Megalé Amoukot, du Hé’hal Habera’ha, du Mitsvot Hachem et d’autres encore.

3. Pourquoi celles-ci et pas les autres? N’entrent dans ce compte que les Mitsvot qui n’ont aucune référence dans la Torah et pour lesquelles les Sages ont instauré une bénédiction.

Remarque: Le Sefer Mitsvot Gadol et le Chaar Hakedoucha de Rabbi ‘Haïm Vital mentionnent également d’autres institutions de nos Sages, qu’ils comptent comme des Mitsvot et ils omettent certaines de celles qui viennent d’être citées. Toutefois, ni l’un ni l’autre ne disent combien il y a, au total, de Mitsvot des Sages.

On peut en conclure qu’ils ne s’opposent pas à ceux qui en comptent sept, mais discutent uniquement sur la nature de ces Mitsvot. Il en est, du reste, de même, pour les Mitsvot de la Torah. Tous s’accordent pour dire qu’il y en a 613, mais les Décisionnaires ne les comptent pas de la même manière. Néanmoins, ce n’est pas ici le lieu de cette discussion.

B. Trouve-t-on, mentionnés dans la Loi écrite, le nom des trois attributs de l’intellect, ‘Ho’hma, Bina et Daat? Le verset Chemot 31, 2 remplace, en effet, Bina par Tevouna.

On trouve ‘Ho’hma et Bina aux références suivantes: Devarim 4, 6; Ichaya 29, 14; Michlé 4, 5-7; 7, 4; 16, 16; 23, 23; Yov 28, 12; 28, 20; 38, 36; 39, 17.

On trouve ‘Ho’hma, Bina et Daat aux références suivantes: Ichaya 11, 2; Michlé 3, 5-7; 8, 12-14; 9, 10; 30, 2-3.

C. Quelle est la différence entre Bina et Tevouna? Bina est un stade élaboré de l’intellect qui, selon le Zohar, dépasse celui de Tevouna. Certes, Bina introduit l’analyse et permet une compréhension véritable du concept, alors que ‘Ho’hma marque uniquement le tout début de son apparition dans le cerveau. Son aspect dominant reste cependant la réflexion et l’évaluation des différentes parties du raisonnement.

A l’issue de la réflexion, apparaît la conclusion qui, dès lors, devient essentielle. Alors, l’analyse se voile, prend un rôle secondaire. C’est alors que l’on peut parler de Tevouna.

Toutefois, les distinctions qui viennent d’être faites entre Bina et Tevouna ou bien entre ‘Ho’hma et Bina s’appliquent uniquement aux versets qui traitent de ces aspects particuliers du processus intellectuel. En revanche, lorsque ces distinctions sont sans incidence, est choisi l’un de ces termes, en relation avec le contexte, même s’il désigne une autre phase de la compréhension. Point n’est besoin ici de démontrer cette affirmation.

D. Rachi, commentant le verset Chemot 32, 4 dit que les Egyptiens qui avaient accompagné les enfants d’Israël réalisèrent le veau d’or. C’est la raison pour laquelle ils dirent «Voici ton (et non notre) dieu, Israël». Dès lors, comment interpréter le verset(4): «Ecoute Israël»?

Rachi constate qu’ils dirent «ton dieu» et non «notre dieu» et en déduit qu’ils s’exclurent eux-mêmes, par leurs propos. Le verset «Ecoute Israël», en revanche, dit bien, par la suite: «l’Eternel, notre D.ieu».

De plus, lorsque le chef s’adresse au peuple, il est d’usage courant qu’il lui dise «tu». A l’opposé, dans l’épisode du veau d’or, c’est le peuple qui dit «tu» et il y a bien là une formule d’exclusion. Il est donc expliqué que ses auteurs sont les Egyptiens.

L’appel à «tes tentes, Israël» (Mela’him 1, 12, 16) n’a rien avoir avec notre sujet, puisque chaque homme possédait, bien entendu, sa propre tente.

Je vous souhaite réussite et bénédiction. Puissent vos discours émaner de votre coeur, afin de pénétrer dans le coeur de ceux qui les écoutent et d’approfondir leur connaissance de D.ieu, de les raffermir dans la pratique de la Torah et des Mitsvot.

Vous saluerez tous vos proches,

Rav Mena’hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(5),

Notes

(1) Le Rav Nissan Mindel, qui fut, par la suite, le secrétaire du Rabbi. Voir la lettre n°363.
(2) Quelques semaines plus tard, le Rabbi rédigea un commentaire du discours ‘hassidique édité à l’occasion de Pessa’h, par son beau-père, le précédent Rabbi, basé sur le contenu de cette lettre.
(3) Permettant de constituer un domaine unique pour le Chabbat.
(4) Prononcé par Moché et dans lequel il dit également «tu», s’adressant à Israël.
(5) Du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h.