Lettre n° 3396

Par la grâce de D.ieu,
8 Nissan 5715,
Brooklyn, New York,

A monsieur Ben Tsion, qui est appelé
docteur Dinor(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre et je viens d’obtenir votre livre Be Mifné Ha Dorot(2). Je vous remercie pour ce cadeau. Pour faire suite à notre discussion, je serais heureux d’obtenir également vos autres publications, en particulier Israël Ba Gola(3). Je vous en remercie d’avance.

Je n’ai pas encore eu le temps d’examiner votre livre, mais je ne souhaite pas retarder la présente, car la fête des Matsot, temps de notre liberté, approche et je voudrais vous adresser ma bénédiction pour une liberté véritable, de tous les tracas spirituels et matériels, des entraves et des barrières, de tout ce qui fait obstacle à une vie juive pleine et entière.

Il est inutile de préciser, surtout à quelqu’un comme vous, que la liberté physique n’est pas une fin en soi, qu’elle n’est que la préparation de la liberté morale, ainsi qu’il est dit : “ Lorsque tu feras sortir ce peuple d’Egypte, vous servirez l’Eternel sur cette montagne ”. Car, la liberté n’est pas envisageable si elle n’est pas également celle de l’esprit. Selon les termes de la ‘Hassidout, la liberté de l’âme animale doit aussi être liée à celle de l’âme divine.

Lorsque les deux penchants entrent en lutte, l’esprit ne peut dominer la matière, la soumettre, que pour un temps et il ne le fera donc pas avec un engagement parfait. Pour que l’esprit parvienne à vaincre définitivement la matière, il faut agir non pas sous la contrainte, mais avec la pleine conscience que la matière doit nécessairement être soumise à l’esprit. Alors, la paix s’instaure dans le microcosme que constitue l’homme, car la matière pourra se transformer et s’élever, devenir le réceptacle de l’esprit et non l’inverse.

Certes, pour obtenir un tel résultat, il faut d’abord se soumettre, mais, au final, on connaît la satisfaction morale et l’on est réellement libre. Comme le dit la ‘Hassidout, l’âme divine est toujours fidèle à D.ieu. L’effort consistant d’abord à se soumettre permet de repousser le mal, puis de le transformer. Dès lors, le mal n’est plus soumis au bien. Il en devient partie intégrante et telle est la finalité véritable de l’homme.

Je conclus en vous adressant la bénédiction traditionnelle pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,

Notes

(1) La seconde partie de cette lettre fut également adressée à plusieurs autres personnes.
(2) Dans la perspective des générations.
(3) Israël en exil.