Lettre n° 3366

Par la grâce de D.ieu,
22 Adar 5715,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
Le Rav Avraham Abba(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 19 Adar, dans laquelle vous m’indiquez la manière dont vous organisez la diffusion des livres, de ce qui concerne la crainte de D.ieu et le renforcement de la pratique juive.

Vous avez raison de dire que cette action doit recevoir les plus larges proportions, toucher les cercles les plus larges. Néanmoins, il s’agit d’une réalisation nouvelle et nos Sages soulignent que tous les débuts sont difficiles. De façon générale, lorsque l’on introduit un programme d’une large taille, ou même d’une dimension moyenne, on est confronté à de nombreuses difficultés et l’on en conçoit ensuite du découragement.

En pareil cas, ceux qui se consacrent à une telle activité ou y contribuent en conservent une mauvaise impression et le tort qui en résulte l’emporte sur le bien qu’ils pourraient en concevoir. Dès lors, l’activité va en s’amenuisant. Il est donc nécessaire de prendre en compte ce qui est possible et non uniquement ce qui est souhaitable.

Conformément à l’explication du Baal Chem Tov, c’est précisément lorsque “ ton début est dans la peine ”, lorsque l’action est menée de cette façon, que “ ta fin connaîtra un grand développement ”. Le comité constitué à cet effet, à Detroit, doit donc agir progressivement(2), en commençant, tout d’abord, par ce qui est certain et ne pose pas de problème(3) et non par ce qui est douteux, c’est-à-dire, par exemple, par des livres dont le contenu semble adapté, mais qui sont, en réalité, rédigés par des auteurs sujets à caution. Je disais, en conséquence, qu’il semble inéluctable qu’un auteur douteux écrive un livre douteux.

Peu à peu, ce comité s’habituera à procéder de la sorte. La pratique concrète montrera elle-même comment faire évoluer l’organisation originelle et cette évolution sera plus aisée. Si le début n’est pas grand et large, l’action pourra être développée progressivement, tant du point de vue des cercles de personnes concernées que des livres et des brochures diffusées.

Vous connaissez la décision du Rambam, dans ses lois des opinions, selon laquelle la voie médiane est, pour le service de D.ieu, celle qui est bonne et droite. Cette période demande, exige que l’on se consacre à cette diffusion, qu’on ne la néglige pas. A l’inverse, le début de l’action doit nécessairement emprunter cette voie médiane.

Pour cette raison, une publicité, dans les journaux, communiquant, par le détail, le nom de tels livres est prématurée, pour l’heure. Tout d’abord, des dépenses importantes en résultent. De plus, en établissant une telle liste, on s’engage personnellement, pour tous les livres qui y figurent. On prend également position en n’y faisant pas figurer un certain livre, si ce n’est pour ceux dont le caractère positif est établi par ailleurs ou, tout au moins, pour ceux qui appartiennent à la première catégorie. Ceci soulèvera une opposition et, au moins au début de l’action, il faut se préserver d’une telle manière d’agir, dans toute la mesure du possible.

Si vous agissez de la sorte, en mettant tout cela en pratique, mais avec l’énergie qui convient, surtout en ces jours qui précèdent la fête(4) et le ‘Hol Ha Moed, propices pour tout cela, j’ai bon espoir que vous connaîtrez la réussite.

Avec ma bénédiction de réussite en tout ce qui vient d’être dit et pour une fête des Matsot cachère et joyeuse,

Notes

(1) Le Rav A. A. Friedman, de Detroit.
(2) Textuellement “ du plus simple vers le plus compliqué ”.
(3) Textuellement “ ne présente pas d’adhérence ”.
(4) De Pessa’h.