Lettre n° 3297

Par la grâce de D.ieu,
23 Chevat 5715,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre dans laquelle vous m’apprenez, très brièvement, que vous êtes bien arrivé, que l’ordre et la paix règnent dans votre foyer et dans votre famille. Je suis surpris que vous ne me disiez pas que votre prise de fonction au sein de la Yechiva, selon ce que vous me rapportiez avant votre départ, s’est bien passé. Sans doute me préciserez-vous tout cela à la prochaine occasion.

Vous me dites que, depuis que vous avez eu l’idée de vous installer à Jérusalem et de consacrer plus de temps au service de D.ieu, vous avez régulièrement des empêchements et des ennuis. Quelqu’un comme vous sait sûrement qu’il en a toujours été ainsi, car les paroles de la Torah sont acquises au prix de l’effort et nos Sages affirment: “ Celui qui te dit ne pas avoir fait d’effort et avoir, néanmoins, connu le succès, ne le crois pas ”.

Or, l’effort ne consiste pas uniquement à comprendre de manière juste. Il doit aussi ôter les obstacles extérieurs. C’est la raison pour laquelle la Michna(1) évoque l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot, en état de pauvreté, ou bien la négligence de la Torah, en état de richesse, mais non la pratique de celui qui est riche. En revanche, on peut comprendre qu’elle n’évoque pas la carence de l’étude chez le pauvre. En pareil cas, une punition ne lui est pas systématiquement infligée et nos Sages disent précisément de Hillel qu’il “ met les pauvres en accusation ”(2).

En conséquence, “ la voie de la Torah est la suivante: du pain et de l’eau...(3) ” et “ prenez garde aux fils des pauvres ”. En outre, elle est également acquise en réduisant son propre plaisir. Et, quand on en a le mérite, après avoir, dans un premier temps, surmonté l’épreuve, les voiles et les difficultés, après n’en avoir tenu aucun compte, on les verra se réduire, jusqu’à disparaître complètement, en particulier grâce à l’étude de la Torah, surtout celle de son “ âme ”, que le saint Zohar, tome 3, page 124b, appelle “ arbre de vie ”, ne souffrant aucun mélange(4).

J’espère que vous vous remémorez, de temps à autre, ce que nous avons dit à propos de l’importance d’étudier cette âme de la Torah, sa dimension profonde et que vous le faites concrètement, puisque “ le fait de bouger les lèvres est considéré comme une action ”, même si celle-ci est qualifiée de “ petite ”(5). Par la suite, cette action concrète sera nécessairement accrue.

Avec ma bénédiction et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,

Notes

(1) Traité Avot chapitre 4, Michna 9.
(2) Car, il était lui-même pauvre et se consacrait, néanmoins, à l’étude de la Torah. Si ce n’était le comportement de Hillel, on ne pourrait donc pas tenir rigueur à un pauvre de négliger l’étude, du fait de ses problèmes.
(3) Tu mangeras, selon le traité Avot, chapitre 6, Michna 4.
(4) Entre la vie et la mort.
(5) Le Rabbi note, en bas de page: “ Mahary Ibn Migach, dans les commentaires du Rachba sur le traité Chevouot 21a et, plus longuement, Likouteï Torah sur trois Parachyot, page 54d ”.