Lettre n° 327

Par la grâce de D.ieu,
Nouvel an des arbres(1) 5708,

Au distingué grand Rav, érudit qui commente et
discute la Torah, pilier sur lequel elle repose,
responsable communautaire plein d’empressement,
recherchant le bien de son peuple(2), le Rav E. Silver(3),

Je vous salue et vous bénis,

Vous connaissez sans doute, au moins dans ses généralités, l’oeuvre du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h, fondé et présidé par mon beau-père, le Rabbi Chlita, avec ses différents secteurs d’activités. Je suis donc certain qu’il est inutile de vous décrire l’importance de ses accomplissements. Je présume que vous en connaissez la juste valeur et que vous ne manquerez donc pas d’y apporter une aide efficace.

Il y a quelques temps, notre ami, le grand Rav et ‘Hassid, Rav Chlomo Aharon Kazarnowski a rendu visite, à Cincinnati, à l’un des anciens donateurs du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h, qui, se trouvant à New York, il y a deux ans, s’est intéressé à ce que nous faisons.

Se trouvant à Cincinnati, le Rav Kazarnowski a constaté, parmi vos connaissances, un désir de venir en aide au Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h, dont l’activité courante est remise en cause par le manque de moyens, s’ajoutant à ses nombreuses dettes. Ainsi, est menacée la pérennité de cette institution si importante, dans le domaine de l’éducation. Bien évidemment, il est, en conséquence, impossible de la développer comme il aurait fallu le faire.

Certes, avant d’intervenir, dans ce domaine, il(4) aurait dû vous consulter et recueillir votre avis. Il se trouve que vous n’étiez alors pas chez vous. Or, il a craint de voir disparaître l’enthousiasme(5), car ce qui est repoussé, l’est souvent définitivement. Il s’est donc aussitôt employé à constituer un groupe de sympathisants et de personnes désireuses de venir en aide au Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h, en général et à son activité d’édition, en particulier.

Ce qu’il a accompli n’est qu’une entrée en matière, comparable aux semailles. Avant de demander à notre ami, le Rav Kazarnowski de poursuivre la grande Mitsva qu’il a commencée, nous nous adressons à vous, en vous demandant, en réitérant notre demande une seconde et même une troisième fois, de bien vouloir nous donner votre avis, en la matière. Quand faut-il agir et de quelle manière le faire?

Nous vous demandons également de bien vouloir nous accorder votre aide, grâce à l’influence considérable que vous exercez, afin de multiplier les donateurs soutenant l’action du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h, permettant ainsi le salut moral de milliers d’enfants juifs.

Bien évidemment, aucun doute ne peut être soulevé à propos de ce qui est connu de tous, en l’occurrence, le fait que le Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h est un organisme non affilié, qui n’est lié à aucune Yechiva.

Je conclurai en évoquant ce qui est d’actualité. Le 15 Chevat est le nouvel an des arbres. Selon le Rambam, cette date est introduite par la Torah, ce qui n’est pas l’avis de Rachi. Certes, on peut déduire d’un verset uniquement que cette date suit le Roch Hachana des années(6).

Néanmoins, il est deux manières de fixer cette date. On peut considérer qu’elle fut transmise à Moché, sur le mont Sinaï. Tel est l’avis de la majeure partie des Décisionnaires. Mais, l’on peut dire également que la Torah a chargé les Sages de fixer un nouvel an des arbres et qu’à la suite de leur décision, cette date prend valeur, comme si elle avait été énoncée par la Torah.

Selon plusieurs avis, on en retrouve l’équivalent à propos de l’activité commerciale avec des objets interdits, de la mortification nécessaire à Yom Kippour, du travail pendant ‘Hol Hamoéd, de l’interdiction de se conformer à des règles spécifiques aux autres nations et des animaux premiers-nés.

Le choix d’une de ces deux définitions n’est pas neutre. Si l’on opte pour la seconde, cela a pour conséquence qu’un tribunal, plus important que celui qui a fixé cette date, pourrait la modifier et demander que l’on célèbre le nouvel an des arbres à un autre moment.

La Michna définit quatre Roch Hachana et les présente comme équivalents, ce qui semble accréditer la première définition. A l’opposé, la Guemara discute la date du nouvel an des arbres sur la base de la logique, envisageant ce qui se passe pendant la plupart des années(7), selon une formulation explicative et non en recherchant seulement un indice dans la pratique courante. Ceci conduit à pencher pour la seconde définition.

Dans ce dernier cas, la Torah aurait demandé aux Sages de fixer le nouvel an des arbres à la date du bourgeonnement de la nouvelle récolte, car la nature du monde se met en conformité avec la Torah(8), comme l’expliquent nos Sages dans le Yerouchalmi. Je tenais simplement à vous souligner tout cela.

On pourrait développer l’implication de tout cela, car «l’homme est tel l’arbre du verger» et, bien souvent, il n’est guère plus que cela. Les Sages, par la force de la Torah, peuvent donc fixer la date à laquelle les arbres produiront des fruits, qui font allusion aux Mitsvot. Ils peuvent faire qu’il en soit effectivement ainsi, que commence alors une année nouvelle, qui permettra à l’homme de renouveler ses actions, pourvu que cela se passe après le Roch Hachana des hommes, puisque c’est bien d’eux qu’il s’agit.

Je vous exprime mes respects et vous souhaite tout le bien,

Rav Mena’hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(9),

Notes

(1) 15 Chevat.
(2) Selon l’expression que la Meguila emploie à propos de Morde’haï.
(3) Le Rav Eliézer Silver, Rav de Cincinnati.
(4) Le Rav Kazarnowski.
(5) Des donateurs.
(6) Le 1er Tichri.
(7) C'est-à-dire adoptant la technique de l’observation.
(8) Le Rabbi note, en bas de page: «Vous consulterez, à ce propos, le Sifteï Cohen sur Yoré Déa, chapitre 189, paragraphe 3 et les responsa ‘Hatam Sofer Even Haézer 6».
(9) Du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h.