Lettre n° 323

Par la grâce de D.ieu,
Jour de la Hilloula de
l’Admour Hazaken(1) 5708,

Au grand Rav, ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav E. Karasik(2),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre et vous pouvez comprendre qu’en une période comme celle-ci(3), il serait bon que vos courriers soient plus fréquents et annoncent que vous allez bien, de même que votre beau-frère et les membres de votre famille, afin que nous le sachions également.

Je suis surpris que, pendant toute cette période, ni vous ni votre beau-frère, le Rav M. G.(4), ne nous ayez fait connaître votre décision de faire éditer les livres de nos maîtres(5). Peut-être la situation(3) a-t-elle fait qu’il en soit ainsi et sans doute le moment est-il venu que vous vous occupiez de cela.

Les livres que vous avez commandés vous ont été envoyés et vous confirmerez sûrement, dès réception, qu’ils vous sont bien parvenus.

Pour l’heure, la conclusion de la Torah(6) n’a pas encore été faite.

Vous trouverez ci-joint un fascicule de mon beau-père, le Rabbi Chlita et vous le mettrez sans doute à la disposition du plus grand nombre.

Je conclurai par un point d’actualité.

Nos Sages disent, au traité Meguila 13a, que «Tévet est un mois pendant lequel le contact physique est appréciable(7)». Or, on sait qu’Esther symbolise l’ensemble des âmes juives et le Midrach ajoute que A’hachvéroch fait allusion au Saint béni soit-Il.

On peut proposer une explication basée sur ce qui vient d’être dit. Nos Sages parlent de «corps de la Torah» pour en désigner un grand principe, une règle fondamentale. Le début du Likouteï Torah expose également cette idée. On peut en conclure que l’Essence de D.ieu «apprécie le contact», si l’on peut s’exprimer ainsi, du corps, c'est-à-dire de l’essence de l’âme juive. Or, ce contact est réalisé par le corps physique, au sens le plus littéral.

Il faut donc servir D.ieu par son corps(8) et avec son corps(9). Dans le monde futur, nous verrons, nous-mêmes, comment l’âme tire de lui sa vitalité.

Commentant le verset «lorsque tu verras l’âne de ton ennemi ployer sous son fardeau», le Baal Chem Tov révéla une explication, qui est mentionnée dans le Hayom Yom, à la page 23 et qui montre également la nécessité «d’apprécier le contact».

L’Admour Hazaken s’employa, de toutes ses forces, à vivifier toute chose, selon la réponse du Tséma’h Tsédek, également rapportée par le Hayom Yom du 24 Tévet(10). Il transforma, en particulier, la partie «morte» du corps, l’intellect, par nature froid et flegmatique, pour qu’il perçoive la Divinité, comme le dit le Kountrass Torat Ha’hassidout(11).

Du reste, commentant le traité Meguila précédemment cité, Rachi dit: «A cause du froid»(12).

En vous souhaitant tout le bien,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) 24 Tévet.
(2) Le Rav Eliézer Karasik, de Tel Aviv. Voir les lettres n°129 et 141*.
(3) Lors de la guerre d’indépendance en Erets Israël.
(4) Le Rav Moché Gour Aryé, de Tel Aviv. Voir la lettre n°218.
(5) Voir, à ce propos, la lettre n°261.
(6) Du Séfer Torah écrit pour aller à la rencontre de notre juste Machia’h. Voir, à ce propos, la lettre n°29.
(7) Ce qui permit à Esther de s’unir à A’hachvéroch, union de laquelle découla le salut de tout Israël, qui fut obtenu par son intervention.
(8) Par des actions concrètes.
(9) Sans s’imposer des mortifications.
(10) Date de cette lettre.
(11) Du précédent Rabbi.
(12) C’est pour cette raison que «le contact physique est appréciable». Cette affirmation est donc liée également à l’intellect, froid par nature.