Lettre n° 322

Par la grâce de D.ieu,
22 Tévet 5708,

Très cher monsieur D. L. Mekler(1),

Je vous salue et vous bénis,

On m’a dit que vous étiez déjà de retour de votre voyage en Europe. J’espère qu’il vous a satisfait en tout point.

J’ai le plaisir de vous adresser un exemplaire des mémoires de mon beau-père, le Rabbi Chlita. Nous vous en adresserons d’autres exemplaires, si vous le désirez.

Je dirai quelques mots sur la signification de ces mémoires.

Chaque détail de la Torah a une immense importance. L’ordre dans lequel elle est énoncée a également beaucoup à nous apprendre.

Torah est de la même étymologie que Horaa, enseignement. Elle n’est nullement un recueil d’histoires, mais, bien au contraire, un ouvrage délivrant une leçon. Elle présente d’abord le livre de Béréchit, puis celui de Chemot, de Vaykra, mais ne le fait pas uniquement en fonction des événements chronologiques dont elle fait état, car un tel critère suffit pour un manuel d’histoire, mais non pour un guide de l’existence.

Son classement est donc également, et surtout, la règle qui établit ce que doit être la vie d’un individu, d’une communauté, d’un peuple.

Le début de cet enseignement n’est pas l’énoncé des Injonctions et des Interdits, mais le récit et l’exposé de l’exemple que donnèrent quelques personnes, ou même des générations entières, des parents, des proches ou des personnes ordinaires, ayant adopté le mode de vie qui convient.

Ceux-là ont, pour ainsi dire, frayé le chemin, fait clairement la preuve de ce que doit être une vie véritable, de la manière de surmonter les différents obstacles auxquels ils ont pu être confrontés, établi sans ambiguïté quel est le droit chemin de la vie.

C’est ensuite seulement que sont énoncés les Préceptes, Injonctions et Interdits, qui sont la conclusion, pratiquement évidente, des récits de la vie, rapportés auparavant.

Telle est la signification des mémoires.

Celles-ci n’ont pas pour but essentiel, aussi important que cela puisse être par ailleurs, de raconter la biographie de telle ou de telle autre personne, afin que nous sachions ce qu’était la vie à l’époque(2) ou qui étaient ces personnages.

Leur finalité première est de nous donner un exemple, de ce que vécurent un Juif, un Rav, un érudit, un commerçant, un artisan, un colporteur, qui étaient, chacun à sa manière, de grands Juifs.

Ainsi, nous pouvons déterminer ce qu’est, à notre époque, le droit chemin, alléger les difficultés auxquelles on est confronté quand on le suit.

Je conclus en vous remerciant chaleureusement, encore une fois, pour votre précieuse contribution à cette importante réalisation.

Avec mes respects et mon salut,

Rav Mena’hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif,

Notes

(1) David Leïb Mekler est le rédacteur des mémoires du Rabbi précédent.
(2) Les mémoires du précédent Rabbi ne sont pas autobiographiques, mais plutôt une collection de récits sur l’époque de la formation de la ‘Hassidout ou celle qui la précéda.