Lettre n° 3197

Par la grâce de D.ieu,
17 Tévet 5715,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 12 Tévet. Je suis très surpris et étonné que vous ne m’ayez pas écrit, jusqu’à maintenant, d’autant que vous savez bien que le temps perdu ne peut pas être retrouvé. Vous écrivez vous-même, dans votre lettre, que chaque jour est précieux. Mais, il est inutile de se plaindre du passé.

D.ieu fasse que l’ardeur et la constance, la fixation dans l’esprit et dans le temps, permettent de rattraper, au moins partiellement, ce qui n’a pas été fait pendant ces jours.

Vous me demandez un conseil à propos de la prière. Vous me dites que vous ne ressentez pas son apport, dans vos pensées, vos paroles et vos actions, qu’elle n’a aucun effet sur vous.

Cela n’est pas surprenant. La Michna tranche, en effet, que “ l’on commence à prier uniquement quand on a la tête lourde ”. Et, Rachi explique que cette expression désigne la soumission et l’humilité. En ce sens, la Michna émet une Injonction et délivre un enseignement.

La prière ne peut avoir aucun apport si elle n’est pas précédée par la soumission.

Or, cette soumission ne peut pas se manifester par elle-même, car l’homme possède un ego. De plus, son mauvais penchant est le premier à lui présenter son argumentation.

Il est dit, néanmoins, que “ J’ai créé le mauvais penchant et Je lui ai créé une antidote(1) ”. La Torah permet de soigner la forte conscience de son moi, qui suscite l’orgueil.

Il faut donc étudier la partie de la Torah qui inspire l’humilité. Parallèlement, il faut aussi servir D.ieu par une prière joyeuse. En effet, nos Sages disent, en outre, que l’on commence à prier quand on est joyeux.

Cette partie de la Torah est la ‘Hassidout, “ Paroles du D.ieu de vie ”, qui met en éveil l’amour de D.ieu, à l’origine de la joie et la crainte de D.ieu, provoquant la soumission et l’humilité.

Par ailleurs, il va sans dire que la prière doit être prononcée dans la pureté.

Si vous adoptez une telle façon d’étudier, avec sincérité, en particulier avant de prier, le matin, vous verrez que votre prière sera différente.

L’une des premières requêtes que l’on formule, dans la prière, est de recevoir “ la sagesse, la compréhension et l’entendement ”. Il s’agit là, en effet, de la première des bénédictions intermédiaires de la Prière(2), dans laquelle on formule ses demandes. Ainsi, il va sans dire qu’après la prière, puis pendant le reste de la journée, vous aurez une étude fixée de l’enseignement de la ‘Hassidout.

L’Admour Hazaken précise que cette fixation doit, avant tout, être dans l’esprit.

Et, ce qui est fixé ne peut pas être annulé.

Bien évidemment, ce qui vient d’être dit vous concerne vous-même, mais s’applique aussi à ceux qui reçoivent votre influence. En effet, “ celui qui peut empêcher… ”(3).

Néanmoins, votre responsabilité est plus importante, du fait que vous êtes issu d’une famille ‘Habad. Vous disposez donc de forces importantes, afin d’agir dans tous ces domaines. Que D.ieu vous accorde la réussite.

Avec ma bénédiction,

Pour le Rabbi Chlita,

Notes

(1) Qui est l’étude de la Torah.
(2) Des dix huit bénédictions, après les trois premières bénédictions, qui ont une portée générale et dans lesquelles on ne formule aucune requête.
(3) Les autres de mal agir et ne le fait pas agit mal.