Lettre n° 314

Par la grâce de D.ieu,
20 Kislev 5708,

Au distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu, élève de
la Yechiva, le Rav I. Doubov(1), le Cho’het,

Je vous salue et vous bénis,

Vous trouverez ci-joint un fascicule dont l’impression a été achevée hier. Il a aussi été adressé à vos amis Cho’hatim, le Rav A. S.(2) et le Rav C.(3). Vous en ferez sûrement profiter le plus grand nombre, de la manière la plus adaptée. Le mérite de tous dépend de vous.

J’ai peur que vous me teniez rigueur pour n’avoir pas répondu à votre lettre. Mais, que puis-je faire? Mes activités sont chaque jour plus nombreuses. Sachez, néanmoins, que j’ai conservé vos courriers et n’ai pas perdu l’idée d’y répondre, avec le temps, selon mon humble avis.

Il est toutefois clair que les publications sont prioritaires, y compris pour vous, puisqu’elles parviennent à vous et aux autres à la fois, ce qui n’est pas le cas des lettres. Je répondrai, dans cette lettre, à vos remarques sur le Kovets Loubavitch:

A) Vous vous interrogez sur mon affirmation, dans le huitième tome, selon laquelle la Lumière qui entoure, émanant du monde spirituel d’Atsilout, ne peut se révéler qu’en un endroit parfait du monde de Brya. En effet, la distance qui sépare ces deux mondes est immense et la Lumière parvenant au second n’est donc qu’un reflet.

Cette affirmation ne me pose aucune difficulté. Cette Lumière qui entoure doit effectivement se révéler en Brya et même dans des stades plus bas, jusqu’à ce monde matériel, comme le dit le chapitre 46 du Tanya. En conséquence, l’intégrité de l’endroit doit permettre cette révélation.

B) Vous considérerez que la pratique de la Mitsva, dont l’impact se marque également en Atsilout, est plus apte à révéler cette intégrité que la «Lumière qui entoure» ce monde. C’est précisément pour apporter cette précision que j’ai écris, selon mon humble avis, dans ce Kovets Loubavitch:

«La perfection susceptible de révéler la Lumière qui entoure doit avoir un rapport avec l’endroit dans lequel elle se révèle, précisément parce qu’elle provoque cette révélation. Il faut donc, dans un premier temps, dévoiler la «Lumière qui entoure» du monde de Brya.»

On peut trouver différentes illustrations de ce principe, s’agissant de la Lumière qui entoure les mondes. Ainsi, agir dans toute la mesure de ses limites permet de les dépasser.

Pour ce qui est de la Lumière qui pénètre les mondes, ils est bien clair qu’elle s’introduit toujours dans un réceptacle possédant les mêmes caractères qu’elle.

C) Vous établissez une comparaison avec la relation directe qui existe entre tous les niveaux de l’enchaînement des mondes qui jouent le rôle de Kéter, de couronne, par rapport à ceux qui les suivent.

A mon humble avis, cette notion, que vous désirez introduire, est beaucoup plus générale. En effet, la relation qui existe entre le niveau qui donne et celui qui reçoit se retrouve également dans la Lumière qui pénètre les mondes. Bien plus, c’est alors qu’elle est essentielle, dès lors que la limite lui est imposée.

A l’opposé, l’état de Kéter impose une relation beaucoup plus éloignée que la révélation de la Lumière qui pénètre. Selon un discours ‘hassidique, la relation directe entre tous les stades de Kéter n’est même pas progressive. Elle est une révélation de la quintessence, de sorte que le niveau qui donne et celui qui reçoit sont de même nature.

Cette question ne sera pas développée ici.

D) Vous êtes surpris de l’illustration que je donne de la révélation d’une Lumière en un endroit parfait à partir de la prophétie plutôt que d’après ce que dit le Tanya, à ce sujet. Je donnerai, à cela, deux raisons:

1. Le but du Kovets Loubavitch est de rapprocher de l’étude de la ‘Hassidout ceux qui, pour l’heure, en sont encore éloignés. Il faut donc leur montrer que la partie révélée de la Torah fait également allusion à son enseignement caché et impose son étude. C’est pour cette raison que j’ai cité le Rambam.

2. De plus, on peut retrouver, dans les termes du Rambam, ce qui a été exposé dans le Kovets Loubavitch, comme je le montre dans mon développement.

Néanmoins, à la note 3, je renvoie, selon mon humble avis, à un discours ‘hassidique du Likouteï Torah qui traite de ce sujet.

Vous consulterez également le Or Hatorah, du Tséma’h Tsédek, qui lui-même illustre une idée de ‘Hassidout en citant la Michna et le Rambam.

Je conclus en vous souhaitant un ‘Hanouka lumineux, la révélation de la Lumière cachée, de manière brillante et claire, comme l’explique le Chaareï Ora.

Rav Mena’hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(4),

Notes

(1) Le Rav Its’hak Doubov. Voir la lettre n°196.
(2) Le Rav Avraham Sender Nemtsov. Il s’agit de la lettre n°315.
(3) Le Rav Chlomo Reïn. Il s’agit de la lettre n°316.
(4) Du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h.