Lettre n° 3121

Par la grâce de D.ieu,
18 Kislev 5715,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, issu d’une
illustre famille, branche d’une prestigieuse lignée,
le Rav ‘Haïm Chimeon Zeev(1),

Je vous salue et vous bénis,

Le Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, aux multiples accomplissements, Rav Moché Pin’has Kats(2), m’a transmis votre remarque sur le chapitre 2 de Char Hay’houd Vehaémouna, de l’Admour Hazaken, que je cite : “ Cette nature de l’eau a été ajoutée à sa création et elle constitue donc un fait nouveau ”. Vous demandez s’il ne faut pas plutôt dire : “ elle n’est pas réellement un fait nouveau ”.

A mon avis, il est impossible d’avancer une telle interprétation. On retrouve cette formulation dans toutes les éditions que j’ai pu voir. Et, elle figure aussi dans Iguéret Hakodech, au chapitre 25, page 139.

Je pense que l’on doit interpréter les propos de l’Admour Hazaken de la manière suivante. La comparaison entre le passage de la mer Rouge et la création à partir du néant est accentuée par le fait de constater que la nature de l’eau s’écoulant sur une pente est bien un fait nouveau, créé à partir du néant, un caractère qu’elle ne possédait pas lors de sa création. Celui-ci n’est donc pas inéluctable, à la différence, par exemple, du fait d’avoir un volume, point commun à toutes les créatures.

La preuve suivante est citée, à ce sujet. Certaines créatures se tiennent droites d’elles-mêmes, y compris en l’absence de vent. C’est le cas, par exemple, pour un mur de pierre. Ceci permet de bâtir le raisonnement a fortiori suivant. Un événement extérieur doit intervenir en permanence pour modifier la seconde nature(3), dès lors que celle-ci a été créée. Combien plus doit-il en être ainsi quand il s’agit de faire disparaître la première nature(4). C’est bien évident.

Vous consulterez également le Péla’h Rimon, du Juste, Rabbi Hillel de Paritch, à la page 52c. Son interprétation est quelque peu divergente de celle-ci et ce point devrait être développé.

Vous avez sûrement pris part à la réunion ‘hassidique du jour lumineux du 19 Kislev. Si, tout au long de l’année, s’applique l’affirmation de nos Sages selon laquelle “ je dors en exil, mais mon cœur est en éveil pour le Saint béni soit-Il, Sa Torah et Ses Mitsvot ”, combien plus est-ce le cas en ces jours propices. Car, lorsqu’un Juif ouvre, par l’effort qui convient, comme la pointe d’une aiguille, le Saint béni soit-Il ouvre pour lui comme le portique du Sanctuaire.

La ‘Hassidout explique ce que cela signifie. Le Sanctuaire n’avait pas de portes et il était donc ouvert en permanence. Aussi suffisait-il d’entrer dans l’esplanade. Bien plus, entre celle d’Israël et celle des Cohanim, il n’y avait pas même une barrière. Il suffisait donc de gravir des marches. Vous comprendrez tout ce que cela veut dire.

Avec mes respects et ma bénédiction,

Notes

(1) Le Rav H. C. Z. Rubin. Voir, à son sujet, les lettres n°2702 et 3291.
(2) Voir, à son sujet, les lettres n°3008 et 3109.
(3) Qui est acquise et non naturelle.
(4) Qui existe depuis la création.