Lettre n° 304

Par la grâce de D.ieu,
24 Tichri 5708,

Au ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav M. Hacohen(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je pensais que vous viendriez ici, comme chaque année, pour Chemini Atséret et Sim’hat Torah, que nous pourrions nous rencontrer et converser. Il semble que, pour différentes raisons, cela n’ait pas été possible et que ce voyage n’ait pu se faire.

Tout cela est bien dommage. Nos Sages disent, au traité Roch Hachana 16b, que l’on est tenu de se rendre chez son maître, pour les fêtes, comme le dit le Kessef Michné, commentant le Michné Torah, lois de l’étude de la Torah 5, 7.

Actuellement, on applique ce principe moins scrupuleusement et différentes raisons ont été données, à ce propos. On peut aussi en citer une autre. Nous avons coutume de dire(2): «Nous ne pouvons plus monter, voir et nous prosterner devant Toi». Or, s’il est vrai que nous ne pouvons monter et voir, parce que «une main a détruit Ton Sanctuaire»(2), il reste possible de se prosterner devant D.ieu en tout endroit et non pas uniquement dans le Temple.

On peut donc en conclure qu’il est deux manières de se prosterner:
1. On peut le faire de manière superficielle, par son corps ou, au mieux, par son action concrète, qui est également physique, en ne se révoltant pas contre le Roi, Roi des rois, le Saint béni soit-Il.
2. On peut aussi le faire profondément, en faisant disparaître sa propre volonté devant celle de D.ieu, en ne voulant rien d’autre que ce qu’Il veut. Une telle attitude est morale et on l’obtenait, à l’époque, en pèlerinant dans le Temple.

Depuis sa destruction, alors qu’il nous est impossible de nous prosterner(3) devant D.ieu, un reflet du Temple peut être perçu à la synagogue et à la maison d’étude, c'est-à-dire pendant la prière, comme l’explique le Likouteï Torah.

Concrètement, on peut vérifier qu’il est bien difficile de soumettre à D.ieu sa volonté, son intellect et les forces de son âme, lorsque l’on n’est pas aidé pour y parvenir. Chacun est convaincu de sa propre valeur et, dès lors, ne ressent pas le besoin de supprimer sa propre volonté. Bien plus, s’il comprend la nécessité de le faire, c’est qu’il est animé d’une profonde crainte de D.ieu. Dès lors, pourquoi ne pourrait-il s’en remettre à son jugement personnel et à ses désirs?

La solution est donc la suivante. Il faut demander de l’aide à celui qui possède l’élévation, qui est parfaitement objectif, en la matière. On peut donc s’en remettre à son conseil pour servir D.ieu. Or, le moment propice pour le faire est le temps des trois fêtes(4), comme c’était le cas lorsque nous possédions le Temple. Il est inutile de détailler tout cela.

Puisse D.ieu faire que vous puissiez compléter cela par les lettres de mon beau-père, le Rabbi Chlita, au moins pour ce qui peut être écrit, jusqu’à ce que nous nous rencontrions de nouveau.

Je conclus en vous souhaitant tout le bien,

Rav Mena’hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(5),

Notes

(1) Le Rav Moché Shayevitch. Voir la lettre n°194. Sur le contenu de cette lettre, voir également la lettre suivante.
(2) Dans la prière de Moussaf des jours de fêtes.
(3) De cette manière profonde.
(4) Pessa’h, Chavouot et Soukkot.
(5) Du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h.