Lettre n° 293

[Fin de l’année 5707]

A mon proche parent, le cher et distingué
docteur A. Hilman(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai passé quelques mois en Europe(2) et différents travaux se sont donc accumulés ici, s’ajoutant à mes occupations régulières. C’est la raison pour laquelle je réponds avec un grand retard aux lettres qui m’ont été adressées. De plus, j’ai été obligé d’accorder la priorité aux courriers qui affectent l’activité concrète du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h, de Ma’hané Israël ou des éditions Kehot. Vous voudrez bien m’excuser de ne pas vous avoir répondu plus tôt.

Je réponds à vos questions:

A) Nous demandons à D.ieu(3) de se souvenir de la miséricorde, du sacrifice et de l’intégrité, faisant ainsi allusion à Avraham, Its’hak et Yaakov. Dès lors, pourquoi Lui demander ensuite de se souvenir également de l’amour?

On peut donner, à ce propos, deux explications:

1. Selon la Kabballa, on mentionne ici toutes les Sefirot et, en l’occurrence, l’aspect de Bonté que chacune possède. Ra’hem, la miséricorde, a la même valeur numérique que Avraham, symbolisant la bonté. Akéda, le sacrifice, représente la sévérité «sacrifiée» à la bonté et qui lui est donc soumise. C’est pour cela que le sacrifice d’Its’hak fut effectué par Avraham, comme l’explique le Likouteï Torah du Ari Zal, à la Parchat Vayéra. Enfin, l’intégrité est la qualité de Yaakov, ainsi appelé du fait du bien qu’il porte en lui.

L’amour, en revanche, correspond à l’Attribut de Royauté, Mal’hout, qui complète toutes les autres Sefirot. C’est à ce propos qu’il est dit: «Je Me souviendrai de Mon Alliance avec Yaakov, Je Me souviendrai de la terre, Je ne Me détournerai pas d’eux lorsqu’ils seront dans le pays de leurs ennemis».

2. La seconde explication diffère peu de la première, bien qu’elle soit plus proche du sens simple. Nous demandons, dans la prière que D.ieu, s’Il se met en colère, se souvienne des Patriarches et du mérite de tout Israël, de l’amour qu’Il a éprouvé pour eux.

Le Zohar voit, en cela, une allusion aux âmes juives et cette explication correspond bien à la précédente, puisque l’on connaît le lien entre les âmes juives et l’Attribut de Royauté céleste.

B) Nous disons, dans la prière des fêtes, «ce jour de fête, convocation sacrée, temps(4), convocation sacrée». Pourquoi répéter deux fois cette expression?

Ce texte montre d’abord l’importance d’avoir reçu la fête de Pessa’h, une convocation sacrée, temps de notre libération. Puis, il explique que cette convocation sacrée a pour but de commémorer la sortie d’Egypte. La seconde expression «convocation sacrée» marque donc sa révélation ici-bas.

C) Le recueil de coutumes dit que, selon la pratique de la maison du Rabbi, celui qui n’a pas de père dit également, avant la lecture du Ma Nichtana(5), la phrase suivante: «Père, je voudrais te poser quatre questions». Je n’ai jamais entendu d’explication ou de référence, à ce propos.

Il me semble, néanmoins, que ceci découle de la nécessité de l’honorer, après sa mort, au même titre que de son vivant, comme le stipule le Choul’han Arou’h Yoré Déa, chapitre 240 et le Zohar, tome 3, fin de la Parchat Be’houkotaï, de même que d’autres textes, cités par le Nitsoutseï Zohar, à cette référence.

Notes

(1) Docteur Acher Hilman. Voir la lettre n°244.
(2) En France, pour y rencontrer sa mère, qui avait alors quitté la Russie.
(3) Dans la prière du Ta’hanoun.
(4) De notre libération à Pessa’h, du don de notre Torah à Chavouot, de notre joie à Soukkot.
(5) Avant de poser les quatre questions, le soir du Séder.