Lettre n° 281

Par la grâce de D.ieu,
13 Mena’hem Av 5707,

Aux distingués frères, ‘Hassidim qui craignent D.ieu,
messieurs Its’hak, Meïr Moché et Yaakov Yossef(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai passé quelques mois en Europe et c’est la raison pour laquelle ce courrier a été retardé jusqu’à maintenant. Il y a un certain temps déjà, est paru un recueil des causeries de mon beau-père, le Rabbi Chlita, le livre dont vous vous êtes engagé à financer l’édition à la mémoire de votre frère Chlomo(2).

Je suis certain qu’il est inutile de décrire longuement le mérite qui est le vôtre pour avoir permis la parution de cet ouvrage et l’immense élévation qui en est résultée pour l’âme du défunt.

Je voudrais néanmoins souligner une qualité qui apparaît ici et que l’on retrouve dans plusieurs autres Mitsvot.

Nos Sages soulignent que, de façon générale, la récompense des Mitsvot n’est pas accordée dans ce monde. On peut l’expliquer d’après ce que l’Admour Hazaken écrit, au troisième chapitre d’Igueret Hakodech(3). Cette récompense, en effet, est si considérable que le monde ne pourrait la contenir.

Il en est effectivement ainsi pour la plupart des Mitsvot. Certaines, néanmoins, consistent à faire du bien à son prochain, dans ce monde matériel. Celles-ci possèdent les deux qualités à la fois. Elles sont «bonnes pour les cieux et bonnes pour les créatures». Elles procurent, bien sûr, la récompense précédemment citée, à laquelle s’ajoute, «mesure pour mesure», une rétribution dans ce monde.

En permettant la publication de ce livre, vous avez ouvert, pour des milliers de personnes, l’accès à son enseignement et aux bonnes actions qu’il prône. Pour nombre d’entre elles, il permettra de retrouver le droit chemin et apportera une réponse aux problèmes auxquels on est confronté dans ce monde.

En conséquence, ce que vous avez fait vous procurera, outre le capital conservé pour le monde futur, des intérêts qui, dans ce monde, prendront la forme de tout le bien matériel et spirituel.

Avec ma bénédiction de Techouva immédiate, délivrance immédiate,

Rav Mena’hem Schneerson,

J’illustrerai le propos de cette lettre par une image. Un puissant monarque régnait sur le monde entier. Une fois, il quitta son palais, rencontra un enfant qui s’appelait Israël et lui dit: «Je te demande de trouver un diamant qui ornera ma couronne, afin que celle-ci apparaisse, dans toute sa perfection et sa beauté, pour l’anniversaire de mon couronnement».

Israël s’exécuta, jeta ses jouets à terre, trouva la pierre précieuse et l’apporta au roi. Des spécialistes la taillèrent et la sertirent dans la couronne, que le roi plaça sur sa tête. Tous purent alors admirer sa beauté.

Il fut décidé que, lorsque l’enfant deviendrait adulte, le roi le nommerait premier ministre. Mais, dès le lendemain, le repas d’Israël ne fut pas servi à l’heure habituelle et il se mit à pleurer: «Comment cela? J’ai trouvé la pierre précieuse pour le roi et celui-ci ne fait pas en sorte que mon repas me soit servi à temps?». Puis, lorsqu’il grandit, il comprit que la récompense véritable qu’il avait reçue était sa nomination en tant que premier ministre. La signification de cette parabole est bien claire.

Pour faire suite à ce qui a été dit auparavant, je vous donnerai également une illustration de la seconde catégorie de Mitsvot. Le roi demanda à Israël de lui rendre un service personnel en aidant ses enfants à manger. Israël abandonna ses propres activités pour accéder à la requête du roi.

Il est clair qu’Israël sera alors récompensé pour avoir accompli la Volonté du Roi, Roi des rois. Mais, il est tout aussi évident qu’il ne restera pas, lui-même, seul et affamé, alors qu’il distribue à manger aux autres. Il prendra place à la même table qu’eux. Là encore la signification est bien claire.

Notes

(1) Les frères Dalfon.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°208.
(3) Dans le Tanya.