Lettre n° 254

Par la grâce de D.ieu,
Lundi 26 Tichri 5707,
Brooklyn, N. Y.

Au grand Rav, 'Hassid érudit,
le Rav A. M.(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de voeux pour la nouvelle année, qui m'est parvenue avec retard.

Je vous remercie pour vos souhaits et vous adresse à mon tour les miens. Quiconque accorde une bénédiction en reçoit une lui-même, de Celui qui en est la source, ainsi qu'il est dit "Je bénirai ceux qui te béniront". En conséquence, lorsque Reouven bénit Chimeon, il reçoit lui-même une bénédiction plus forte que celle qu'il accorde. En effet, Chimeon est béni par un homme de chair et d'os et Reouven, par le Saint béni soit-Il.

C'est sans doute pour que l'un et l'autre aient une part identique que nos Sages ont instauré, ou même ont imposé, selon une seconde version citée par Rachi au traité Makot 23b, de prononcer le Nom de D.ieu lorsque l'on salue son ami.

Du reste, vous évoquez, à la fin de votre lettre, le "livre de la délivrance et du salut"(2). Or, le salut doit intervenir avant la délivrance et l'on aurait donc dû parler de "livre du salut et de la délivrance", même si nous interprétons ce terme de délivrance au sens littéral, comme désignant la libération de l'exil. On devrait donc demander l'inscription dans ce livre après celle dans tous les autres. De fait, je n'ai, pour l'heure, trouvé aucune explication sur le classement du Avinou Malkénou, mais, en tout état de cause, les cinq livres dont il fait mention(3) semblent constituer un tout.

Il faut donc en conclure que la délivrance dont il est ici question est la libération des souffrances que nous endurons en permanence. Le salut vient ensuite. Selon le même raisonnement, nous prononçons, dans la Amida, la bénédiction "qui libère Israël", puis nous disons "sauve-nous et nous serons saufs". On consultera, à ce propos, le commentaire de Rachi sur le traité Meguila 17b et le commentaire du Iyoun Tefila qui figure dans le Sidour Otsar Hatefilot.

La première requête(4), la plus générale, est de figurer parmi les "bons vivants". Puis, sont mentionnés les détails:
1. Matériellement: la délivrance et le salut, permettant de s'écarter de ce qui cause du tort, puis l'aisance matérielle et l'opulence.
2. Spirituellement: les mérites, qui doivent l'emporter, dans la mesure où D.ieu supporte les fautes, puis l'indulgence et le pardon, afin que ces fautes disparaissent totalement.

On peut également avancer une autre explication:

1. Ces livres sont aussi mentionnés dans le Yehi Ratson que l'on dit à Hochaana Rabba, après la lecture des Tehilim. Néanmoins, après les quatrième et cinquième livres, on parle du livre de ceux qui sont intègres et droits, puis du livre des Justes. Après le troisième livre, on cite le livre de la subsistance et de l'opulence. Le commentaire Tikoun Tefila sur Avinou Malkénou, dans le Sidour précédemment cité, fait également état de ces noms, indiquant comme source le rituel de Tunis.

Dans notre Sidour, ces modifications n'apparaissent pas et l'on doit donc corriger le Yehi Ratson, précédemment cité, en fonction de cela.

2. Le Ets Yossef dit que le livre de l'indulgence et du pardon correspond à Vaykra. Pour autant, il n'explique pas pourquoi il est le dernier(5). De plus, celui-ci est exclu du Yehi Ratson récité après la lecture du troisième livre des Tehilim, qui correspond pourtant à Vaykra et à l'issue duquel on mentionne le livre de la subsistance et de l'opulence.

En vous souhaitant tout le bien,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(6),

Notes

(1) Il s'agit vraisemblablement du Rav Avraham Morde'haï Herchberg. Voir la lettre n°186.
(2) Mentionné dans le Avinou Malkénou, "Inscris-nous dans le livre de la délivrance et du salut".
(3) Le livre des bons vivants, le livre de la délivrance et du salut, le livre de l'aisance matérielle et de l'opulence, le livre des mérites, le livre de l'indulgence et du pardon.
(4) Parmi les cinq précédemment définies.
(5) Des cinq livres mentionnés dans Avinou Malkénou.
(6) De Ma'hané Israël.