Lettre n° 243

Par la grâce de D.ieu,
Jeudi 4 Mena'hem Av 5706,

Au grand Rav, 'Hassid érudit qui craint D.ieu,
le Rav A. E. Axelrod(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de la semaine dernière:

A) A propos de la ponctuation du mot Leratsot, dans l'expression Ra'h Leratsot, "facile à apaiser", de la prière Anénou, nous trouvons des différences dans les Sidourim et les rituels imprimés. Et il est impossible de déterminer si celles-ci sont une erreur du copiste ou la version du Sidour en question.

Ainsi, le Sidour Chaar Hachamaïm, du Chneï Lou'hot Haberit, édité à Amsterdam en 5477(2), dans les Pirkeï Avot 5, 11, écrit Leratsot, avec un Pata'h sous le Reïch, alors que, dans l'édition de Varsovie, de 5642(3), on trouve Lératsot, avec un Kamats sous le Reïch et un Tseïré sous le Lamed.

Par contre, le Yaabets, dans son Le'hem Nekoudim, commentaire du traité Avot, écrit Lirtsot, avec un 'Hirik sous le Lamed, un Cheva sous le Reïch. Il affirme que la version ponctuée d'un Pata'h est une erreur.

De même, le Sidour Avodat Israël, rectifié d'après plusieurs manuscrits et Sidourim, explique que la même version figure dans le Sidour manuscrit le plus ancien qu'il ait pu trouvé, sur un parchemin, datant de 5066(4). Cette version est donc la référence.

On la retrouve aussi dans les Pirkeï Avot d'un Sidour imprimé à Rostov, dont on dit qu'il a été relu par le Rabbi(5). Néanmoins, dans les Pirkeï Avot du Sidour Torah Or et de celui qui a été édité à Varsovie en 5627(6), on trouve Lératsot, le Laméd avec un Tseïré et le Reïch avec un Kamats.

Dans la prière Tal(7) de ce Sidour de Rostov, on trouve Leratsot, avec un Cheva sous le Lamed et un Pata'h sous le Reïch, comme le contexte permet de l'établir. De sa propre initiative, le Rav A. H. Naé(8) adopte cette version dans son commentaire du Sidour.

Puisque j'évoque ce sujet, je préciserai un autre changement. L'expression employée ici est, en effet, Ra'h Leratsot, alors que la Michna dit Noa'h Leratsot(9). Peut-être ce changement s'explique-t-il par la volonté de classer les propositions de cette prière par ordre alphabétique. Cette interprétation est, cependant, difficile à accepter.

B) Je n'avais aucun doute sur le texte de la prière Avinou Malkénou récitée lors d'un jeûne public, avant de recevoir votre lettre. On doit dire Zo'hrénou Le'haïm Tovim, "souviens-Toi de nous pour une bonne vie" et non "pour le livre de la vie", de même que nous disons(10): "souviens-Toi de nous pour la vie... et inscris-nous dans le livre de la vie". Car, quel rapport établir entre le souvenir et le livre? De plus, même en une analyse hâtive, on peut se demander si l'on peut être inscrit dans ces livres pendant le courant de l'année, en dehors des dix jours de Techouva.

Je viens de faire une recherche dans les Sidourim et j'ai trouvé que, dans le Sidour Beth Yaakov, que l'on appelle Sidour du Yaabets, édité à Lemberg en 5664(11), il est dit "souviens-Toi de nous pour la vie", mais non "dans le livre de la vie". Il en est de même dans le Sidour Otsar Hatefilot, qui est relativement précis. Dans le Sidour du Chneï Lou'hot Haberit, paru en 5477(2) et dans le Sidour Beth El, que le Yaabets édita personnellement, n'apparaît pas, de manière indépendante, le texte du Avinou Malkénou pour le jeûne public.

En revanche, dans le Sidour Chaar Hachamaïm imprimé à Varsovie en 5642(3), il est écrit: "souviens-Toi de nous dans le livre de ceux qui ont une bonne vie". Il semble que tel soit également l'avis du Rav H. A. Bi'hovski, dans le Sidour qu'il a édité.

De plus, j'ai trouvé une explication nouvelle dans le Sidour Tefila Lemoché, qui dit, après la prière de Cha'harit: "Certains ont l'habitude de réciter le Avinou Malkénou lors d'un jeûne public. Ils doivent faire attention de ne pas dire la formule «renouvelle pour nous une bonne année», de même que les cinq formules suivantes, introduites par «inscris-nous»".

Le Sidour Beth Yaakov, précédemment cité, mentionne deux avis, ne pas dire du tout «inscris nous» ou bien remplacer ce terme par "souviens Toi de nous". En revanche, il ne parle pas de "renouvelle pour nous une bonne année", ni de "dans le livre de la vie". Et, tout cela apparaît pas dans le Sidour Beth El.

Avec ma bénédiction de Techouva immédiate, délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(12)

Notes

(1) Le Rav Avraham Elyahou Axelrod, de Baltimore. Voir la lettre n°225.
(2) 1717.
(3) 1882.
(4) 1306.
(5) Rachab.
(6) 1867.
(7) Prononcée le premier jour de Pessa'h et dans laquelle ce terme figure également.
(8) Le Rav Avraham 'Haïm Naé, de Jérusalem.
(9) Les termes Ra'h et Noa'h sont ici synonymes.
(10) Dans la prière de Roch Hachana et de Yom Kippour.
(11) 1904.
(12) De Ma'hané Israël.