Lettre n° 227

Par la grâce de D.ieu,
27 Nissan 5706,

Aux Rabbanim et 'Hassidim, qui craignent D.ieu,
les élèves de la Yechiva, à Shanghaï,

Je vous salue et vous bénis,

J'ai bien reçu vos lettres du 27 Adar Chéni et du 4 Nissan, de même qu'un colis de livres contenant, les discours 'hassidiques de 5657(1), Pokéa'h Ivrim(2), Likouteï Dibourim(3), Hayom Yom(4) et le texte de l'appel(5).

Vous dites, à juste titre, que la création d'une antenne des éditions Kehot dans votre ville est conforme à la volonté de mon beau-père, le Rabbi Chlita. C'est ce que j'affirmais moi-même dans mes précédentes lettres(6).

Dans votre seconde lettre, vous me proposez qu'un jeune homme, Leïbel Blumberg, prenne en charge cette activité(7). Nous ne le connaissons pas nous-mêmes et nous nous en remettons donc à votre jugement. Mais, aussi longtemps que vous serez sur place, cette activité doit être menée avec votre participation. Par la suite, elle sera effectuée sous la responsabilité du Rav Achkenazi(8), qui en portera la responsabilité devant mon beau-père, le Rabbi Chlita.

Je suis surpris que vous n'ayez pas répondu à la question que nous vous avions posée à propos des livres dont vous disposez sur place, parmi la liste qui était jointe à ma première lettre. Je souhaiterais que vous en commenciez immédiatement l'impression et en réalisiez trois cents exemplaires de chaque. Vous me ferez savoir ce qu'il en est et je vous adresserai le texte de la page de garde.

Par ailleurs, je vous envoie, à l'adresse du Rav, quelques livres réalisés ici, parmi ceux qui sont disponibles. Le papier et la reliure doivent être parmi les meilleurs. Pour l'heure, il nous est impossible de vous envoyer du papier d'ici.

Dans la liste des livres de 'Hassidout que j'ai fait imprimer à la fin du Kountrass Torat Ha'hassidout(3) et dont je prépare une édition mise à jour, je voudrais inclure ce que vous avez édité, mais je n'en ai pas la liste exhaustive.

Nous attendons votre réponse et je conclurai en exprimant ma bénédiction de Techouva immédiate, délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif

Au distingué jeune homme, le 'Hassid, élève de la Yechiva,
le Rav H. M. Boukyet(9),

Vous faites une juste distinction entre le tirage au sort et l'héritage. Un discours 'hassidique prononcé le 2 Nissan 5700(3) précise cette différence. L'effort réalisé par le coeur, par le cerveau, la perception du Divin en toute chose se transmettent par héritage. On définit également l'accomplissement de chaque partie de l'âme, la volonté, le plaisir, l'essence de la Judéité, la vitalité spécifique, la vitalité globale, la vitalité qui relève de la quintessence. Il y a, en outre, l'influence qu'exerce l'âme divine sur l'âme animale, le service de D.ieu, dans son aspect général, la réalisation spécifique de l'âme divine.

Vous prétendez également que l'héritage est plus proche du tirage au sort que de tous les autres modes d'acquisition, aussi bien d'après l'enseignement révélé de la Torah que d'après son aspect ésotérique. A mon humble avis, cela n'est pas exact. Bien au contraire, pour la partie législative de la Torah, l'héritage est plus fort que les autres moyens d'acquisition puisqu'il s'impose à celui qui le reçoit. A l'opposé, le tirage au sort est le plus faible de tous les modes d'acquisition et, selon certains, il n'en est même pas un(...).

La partie ésotérique de la Torah adopte la même position. L'essence de la Judéité, qui permet de percevoir le Divin, existe, chez chacun, de la même manière et ce niveau reste fidèle à D.ieu, même lors de la faute. Puis, vient la pratique de la Torah et des Mitsvot, à laquelle tous sont astreints de la même manière. Vient ensuite le service de D.ieu, dans sa globalité, avec toutes ses précautions, qui intègre également la différence entre le tirage au sort et la part qui incombe à chacun.

L'origine de la confusion est peut-être le fait que, d'après la partie ésotérique de la Torah, la révélation de ce que l'on reçoit en héritage est possible par l'intermédiaire de la part qui incombe à chacun et du tirage au sort.

On en trouve l'illustration dans le partage d'Erets Israël, qui fut un héritage ancestral, mais fut effectif seulement à l'issue de la conquête, obtenue par un combat spécifique et se déroula alors par tirage au sort(...).

Notes

(1) 1897, du Rabbi Rachab.
(2) De l'Admour Haémtsahi.
(3) Du précédent Rabbi.
(4) Du Rabbi.
(5) Tous ces livres avaient été imprimés à Shanghaï.
(6) Voir, en particulier, la lettre n°213.
(7) D'édition.
(8) Le Rav de la communauté 'hassidique de Shanghaï.
(9) Le Rav 'Haïm Meïr Boukyet, de New York, qui se trouvait alors à Shanghaï.