Lettre n° 1941

Par la grâce de D.ieu,
16 Kislev 5713,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre et à votre demande de bénédiction. Je donnerai lecture de cette dernière, en un moment propice, près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera.

Je suis surpris que vous fassiez cas à ce point de ce qui ne revêt qu’une importance secondaire et qui, en tout état de cause, n’est pas votre affaire(1). Je vous ai écrit et vous ai donné mon avis à propos de votre comportement. Mais, vous n’avez pas observé, dès le lendemain, un changement de votre situation, d’une extrême à l’autre. En conséquence, vous m’écrivez encore et vous protestez. Pourquoi votre état n’a-t-il pas été immédiatement transformé, alors que vous êtes si malheureux ?

Vous savez quel est le mode d’organisation qui est spécifique au domaine de la Sainteté. La Torah le précise en ces termes : “ Je le(2) renverrai peu à peu ”. Comment est-il concevable qu’un élève de la Yechiva, après avoir envoyé une lettre, puisse exiger des miracles immédiats, estimant qu’il peut désormais aller dormir, puisqu’il a déjà fait don de lui-même au point de maintenir son étude de la Torah pendant deux ou trois jours ?

La Présence divine est en exil depuis plus de dix huit siècles et Elle attend patiemment que vous transformiez la matière du monde. Vous, en revanche, ne souhaitez pas attendre et vous l’exprimez, sans aucune persévérance, souhaitant un indice irréfutable que vous vous êtes d’ores et déjà acquitté de tout ce qui vous incombait.

Je ne sais pas combien de feuilles de Guemara et de discours ‘hassidiques tu as étudiés pendant ce semestre, depuis que tu m’as écrit. Toi, en revanche, tu le sais et, si tu en fais le compte, tu ne seras sans doute pas étonné de ne pas encore avoir obtenu la révélation de D.ieu, par tes yeux de chair. Dès lors, tu cesseras de multiplier les lettres.

Vous êtes un élève de la Yechiva et vous étudierez donc la partie révélée de la Torah, la ‘Hassidout, vous respecterez les temps d’étude de la Yechiva. Et, vous cesserez de vous plaindre, de prétendre qu’il faut vous répondre et que cela est particulièrement important pour vous. De cette manière, vous saurez que vous êtes sur le bon chemin, que vous avancez peu à peu et non avec la rapidité que le mauvais penchant exige de vous et qu’il vous présente comme indispensable.

Que D.ieu fasse que vous étudiez la Torah en Le craignant, en mettant de côté tout ce qui est inutile pour un jeune homme qui réside dans la tente de l’étude. Vous maintiendrez donc cette étude avec ardeur et vous conserverez votre corps en bonne santé, conformément aux prescriptions du médecin.

En effet, ce corps est la propriété de D.ieu, comme l’indique le Michné Torah, au début des lois du crime. Il est confié en dépôt à l’homme juif, qui doit le garder, afin qu’il soit intègre et en bonne santé, y compris de manière physique.

Avec ma bénédiction pour étudier la Torah avec crainte de D.ieu,

Notes

(1) Voir, à ce propos, la lettre n°1946.
(2) Le mal.