Lettre n° 1904

Par la grâce de D.ieu,
16 Mar’hechvan 5713,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

A) J’ai reçu avec plaisir votre lettre du 8 ‘Hechvan, qui faisait suite à une longue interruption. D.ieu merci, votre état de santé s’est amélioré. Vous connaissez sans doute l’avis des médecins, que l’on peut vérifier dans la pratique, selon lequel l’absence de tout état coléreux est indispensable, en cas d’hypertension.

Pour parvenir à ne plus s’énerver, il serait bon d’étudier profondément le chapitre 25 d’Igueret Hakodech de l’Admour Hazaken, c’est-à-dire la quatrième partie du Tanya, qui figure dans le même livre. De plus, la logique établit qu’il doit en être ainsi. On peut, du reste, le justifier, puisque la colère que l’on éprouve pour les événements du monde n’est d’aucune utilité. Bien plus, elle est même dommageable.

B) Vous proposez d’imprimer des nouvelles concernant la Torah et les Mitsvot dans le Morgen Journal(1), en soulignant que l’ignorance est forte, dans ce pays. Néanmoins, vous devez savoir que ceux qui sont dépourvus de connaissances ne sont pas lecteurs d’un journal juif, mais plutôt de celui qui est rédigé dans la langue du pays. Et, pour ceux qui possèdent quelques connaissances, des explications de Torah sont publiées, de temps à autre, dans les journaux.

De fait, je n’en suis pas satisfait non plus, car, bien souvent, ces articles ne remplissent pas leur objectif. Avant tout , il est difficile d’évaluer le tort et le bénéfice qui en découlent. En effet, on trouve, dans le même journal, des idées qui vont à l’encontre de la Torah et des Mitsvot. Il n’est donc pas aisé de déterminer ce que le lecteur lira avec le plus grand intérêt et ce qu’il conservera en sa mémoire.

Vous connaissez sans doute la conception du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h, qui édite des explications portant sur la Torah et les Mitsvot, dans la langue du pays(2), sous forme de récits et selon une présentation accessible. Seul le manque de moyens empêche le développement de ces publications. Lorsque D.ieu permettra que la situation s’améliore, ces livres se multiplieront.

C) Vous me demandez s’il existe une limitation à la bénédiction Acher Yatsar(3) pour celui qui devrait la dire de nombreuses fois par jour(4).

Une telle distinction n’a pas lieu d’être. En revanche, si cette situation fait suite à la prise d’un laxatif, vous consulterez l’avis des derniers Sages, sur le chapitre 7 d’Ora’h ‘Haïm.

D) Vous m’interrogez également à propos de celui qui cumulerait deux comportements contradictoires, se rendant, durant le Chabbat, à la fois à la synagogue et dans son commerce. Vous vous demandez s’il sera récompensé pour être allé à la synagogue.

Vous ne précisez pas, dans votre lettre, quelle incidence pourrait avoir cette précision. C’est, d’ordinaire, l’ange Mi’haël qui rédige les mérites d’Israël. De fait, une telle personne accomplit bien une Mitsva(5), mais cela ne diminue en rien la grave faute que constitue la transgression du Chabbat, surtout lorsqu’elle consiste à tenir un magasin, ce qui est une activité publique.

Tous ceux qui connaissent une personne agissant de la sorte doivent donc lui expliquer qu’il ne peut être question de se racheter, de cette façon. Un tel homme ne peut pas penser qu’en se rendant à la synagogue, il diminue la portée de sa transgression du Chabbat. Il est sans doute inutile d’en dire plus.

E) Vous me dites avoir parlé, avec votre Rav, de ce qui se passera après de longs jours et années(6).

J’en suis particulièrement surpris. Vous devez encore agir et multiplier les réalisations dans ce monde, durant de nombreuses et bonnes années.

Ecartez donc totalement de telles pensées et concentrez-vous, de la manière qui convient, sur la transformation de la part du monde qui vous est confiée, en bonne santé et avec la largesse de l’esprit. Que D.ieu vous accorde la réussite, en la matière, pendant de nombreuses années.

Avec ma bénédiction,

N. B. : Vous trouverez ci-joint un extrait de ce qui a été dit, lors de cette fête de Soukkot(7). Ce texte explique qu’au début de l’action, une intense lumière est nécessaire. C’est seulement par la suite que l’on peut adopter un avancement mesuré. Ce message vous sera sans doute utile, dans le travail que vous menez auprès de votre entourage.

Notes

(1) Périodique américain en langue Yiddish.
(2) En anglais.
(3) “ Qui créa l’homme avec sagesse ”, récitée après s’être rendu dans un lieu d’aisance.
(4) Du fait de sa maladie.
(5) En se rendant à la synagogue.
(6) Après son décès.
(7) Voir, à ce propos, la lettre n°1876.