Lettre n° 170

Par la grâce de D.ieu,
Entre Roch Hachana et Yom Kippour Au remarquable jeune homme, 'Hassid qui craint D.ieu,
le Rav M. Z.(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre, dans laquelle vous me présentiez vos condoléances(2).

Je vous en remercie. Plusieurs textes permettent d'établir que l'ordre suivant est adopté. Il y a d'abord une initiative de D.ieu qui met en éveil l'effort de l'homme et lui apporte la force de le développer. Puis, vient l'effort proprement dit de l'homme, qui doit être à la mesure de ce qu'il désire obtenir, forger un réceptacle pour la bénédiction céleste. Enfin, est obtenue la révélation divine, transcendant les efforts de l'homme et dépassant cette bénédiction.

Ceci s'applique aussi à la consolation des endeuillés, que le Baal Hil'hot Gadol définit comme une Injonction de la Torah, alors que, pour le Rambam, elle est une disposition de nos Sages. Or, elle s'effectue selon le même ordre:

A) La révélation divine est définie par le traité Sotta, selon lequel "le Saint béni soit-Il console les endeuillés". Ceci nous a été révélé et raconté pour que nous ayons la force d'en faire de même. Et, dès lors que cette force est accordée, nous avons le devoir de l'utiliser. En conséquence, "console toi-même les endeuillés"(3).

B) L'effort de l'homme consiste à consoler l'endeuillé. La formule consacrée est "D.ieu vous consolera parmi tous les autres endeuillés de Sion et de Jérusalem", ce qui permet de préparer la bénédiction divine qui se révèle par la suite. L'effort consenti par celui qui a consolé l'endeuillé attire donc une

C) bénédiction de D.ieu. Le Saint béni soit-Il console donc Lui-même l'endeuillé, tous les endeuillés de Sion et Jérusalem, en rebâtissant ces villes, en faisant revivre les morts. Bien plus, il y aura, en outre,

D) une révélation céleste transcendant cette bénédiction, la consolation de D.ieu, qui sera double, ne se limitera pas à répéter ce qui existait auparavant. C'est à ce propos qu'il est dit: "consolez, consolez Mon peuple", annonçant cette double consolation. En effet, "l'honneur de ce dernier Temple sera plus grand"(4).

Il s'agit là du Temple du monde futur, selon le Tikouneï Zohar, huitième Tikoun et le Emek Hamélé'h, porte de Kiryat Arba, fin du chapitre 152. Ceci est la base de l'explication que j'ai développé dans le fascicule sur les trois semaines(5). Cette interprétation ne contredit pas le sens simple de ce verset. Du reste, le traité Baba Batra considère qu'il parle du second Temple, bâti après l'exil de Babel, lequel, si les Juifs n'avaient pas commis de fautes, aurait été celui du Machia'h(..).

Avec ma bénédiction pour être définitivement scellé pour une bonne année, pour une Techouva immédiate et une délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(6)

J'ai apprécié ce que vous écrivez dans votre lettre à propos des différentes formes de résurrection des morts(7). Mais, il manque, à mon humble avis, le fil conducteur entre ces étapes et quelques "épices" permettront de relever tout cela:

Il est dit que "celui qui connaît la chute est considéré comme mort". Cette affirmation figure dans le Likouteï Torah. Je n'en ai pas trouvé la référence et, pour l'heure, je n'ai pas le temps de la chercher. Néanmoins, le Zohar dit "celui qui perd le niveau qui était auparavant le sien peut être considéré comme ayant connu la mort".

Un homme possède:
A) une âme divine,
B) une âme intellectuelle,
C) une âme animale,
D) Un corps.

Ces quatre niveaux correspondent, par ordre croissant, aux minéraux, végétaux, animaux et humains:

A) L'âme divine est une parcelle de Divinité véritable. Une chute, à ce stade, fait perdre le désir de s'attacher à D.ieu, ce qui est, à proprement parler, la mort. Pour remédier à cela, il faut étudier la Torah, méditer, adopter un comportement basé sur les enseignements de la 'Hassidout.

B) L'âme intellectuelle, faisant usage de la réflexion et de la raison, tente de faire comprendre à l'âme animale comment elle doit se comporter. Celui qui est petit, par le nombre de ses années ou par le niveau de ses connaissances, a des émotions fortes, alors que sa réflexion est peu développée. Lorsque l'âme intellectuelle s'emploie à rechercher les plaisirs, même permis, elle s'identifie à un animal. Elle connaît donc la chute et peut, dès lors, être considérée comme morte. L'éducation doit donc intervenir pour enseigner à un petit le comportement qui doit être le sien.

C) L'âme animale doit ressembler à tous les autres animaux, c'est-à-dire posséder de la constance, une attitude toujours identique. En revanche, si elle commet une faute, transgresse la Volonté de son Créateur, il s'agit bien là d'une chute, assimilable à la mort. Et, "les impies, de leur vivant, sont considérés comme morts". Puis, un reproche de leur prochain éveille en eux la Techouva, renforce la pratique de la Torah et des Mitsvot, permettant de les réintégrer à Ma'hané Israël, le camp du peuple juif.

D) Le corps doit être un réceptacle pour l'âme. Lorsque le lien entre eux est rompu, il y a bien une perte de niveau, c'est-à-dire la mort, au sens le plus littéral. La 'Hevra Kadicha, l'association du dernier devoir prend donc ce corps en charge, met tout en ordre afin qu'il soit prêt pour la résurrection des morts, très bientôt et de nos jours.

Puisse D.ieu faire que, très prochainement, se réalise la promesse selon laquelle "Il effacera"(8). Alors, "le troisième jour, Il nous fera revivre et nous existerons devant Lui", avec un corps et une âme à la fois.

Notes

(1) Rav Mena'hem Zeev Gringlass, de Montréal.
(2) A la suite du décès du père du Rabbi, le 20 Mena'hem Av 5704.
(3) Suite de la citation du traité Sotta.
(4) Que celui du premier. Il apportera donc, lui aussi, une double consolation.
(5) De deuil du Temple, du 17 Tamouz au 9 Av. Cette brochure a été publié, en 5705, par les éditions Kehot.
(6) De Ma'hané Israël.
(7) A la suite de ses condoléances, le Rav Gringlass écrivait: "Votre oeuvre fructueuse, au sein de Ma'hané Israël, du Merkaz Leïnyaneï 'Hinou'h et dans tous les autres domaines permet de faire revivre les "morts", c'est-à-dire ceux qui sont dépourvus de 'Hassidout, selon ce que différents textes expliquent. Elle vous apportera donc la consolation et fera que vous ne connaissiez plus la peine". Le Rabbi répond ici en distinguant quatre formes de mort et de résurrection, qui sont "Trésor des 'Hassidim", l'enseignement de la 'Hassidout, Merkaz Leïnyaneï 'Hinou'h, l'éducation, Ma'hané Israël, l'aide à son prochain et 'Hévra Kadicha, le dernier devoir.
(8) Les larmes de tous les visages.