Lettre n° 1588

Par la grâce de D.ieu,
26 Iyar 5712,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Morde’haï Hacohen(1),

Je vous salue et vous bénis,

A) J’ai reçu avec plaisir votre lettre du 16 Iyar, avec la demande de bénédiction qui lui était jointe et que je lirai, sans en faire le vœu, lorsque je me trouverai près du tombeau de mon beau-père, le Rabbi. Il invoquera sûrement la miséricorde divine pour tous ceux qui y sont mentionnés, afin que chacun obtienne la satisfaction de ses besoins.

Que D.ieu fasse que vous m’annonciez de bonnes nouvelles, à ce sujet.

B) J’ai lu avec satisfaction ce que vous m’écrivez à propos de l’étude de la Michna par cœur. Vous savez à quel point nos saints maîtres ont souligné l’importance d’une telle pratique, comme l’établissent différentes causeries de mon beau-père, le Rabbi

Vous avez sûrement vu ce que j’ai expliqué(2), à mon humble avis, sur la valeur de cette pratique, telle que l’établit également la partie révélée de la Torah. Ce texte a été imprimé, en son temps, dans le Kovets Loubavitch.

C) Vous pensez commencer l’étude du Talmud par cœur et vous me demandez mon avis. Je ne sais pas ce que vous entendez par Talmud, s’il s’agit de la Michna, ce qui est, comme je l’ai dit, une excellente chose, ou de la Guemara(3).

Il serait bon de réciter par cœur, de temps à autre, des chapitres de Tanya, en particulier les douze premiers, avec l’avant propos, comme le souligne mon beau-père, le Rabbi, dans sa causerie de Sim’hat Torah 5691(4), prononcée à Riga(5).

D) A propos du Mikwé(6), j’aimerais savoir si celui-ci est conforme à l’avis du Rabbi Rachab. Si ce n’est pas le cas, vous le rectifierez sûrement, dans la mesure où cela n’est pas trop difficile, afin de le mettre en conformité avec cet avis.

E) J’ai été très peiné d’apprendre que rien n’avait été fait, pour l’heure, dans le domaine de l’éducation et que tous les enfants fréquentent l’école publique. J’en suis très surpris, car, dans différents pays, la loi impose qu’il en soit ainsi et l’on organise, néanmoins, des cours supplémentaires, plus précisément des cours essentiels, dans lesquels on enseigne les principes les plus importants pour les enfants juifs, les lois, les bénédictions, le ‘Houmach avec le commentaire de Rachi.

L’un des professeurs vous a dit que les parents ne souhaitent pas cet enseignement. Il n’est pas bon d’avoir foi en de telles choses. Vous connaissez sûrement l’affirmation du Rambam, maintes fois citée par la ‘Hassidout, selon laquelle chaque Juif, au profond de son cœur, est animé du désir de mettre en pratique la Volonté de D.ieu. Vous consulterez également le chapitre 41 du Tanya, à la page 58a, qui dit: "L’unification de son âme et son inclusion dans la Lumière de D.ieu, afin de ne constituer, avec Lui, qu’une seule entité est sincèrement voulue par chaque Juif, de tout son cœur et de toute son âme, du fait de l’amour naturel qui est caché dans le cœur d’un Juif et qui le conduit à s’attacher à Lui".

Un effort n’est jamais consenti en vain(7), surtout lorsque l’on s’apercevra que votre démarche est désintéressée. J’espère avoir de vos bonnes nouvelles et je les attends. Vous m’annoncerez que cette action a été introduite et il est certain que vous connaîtrez la réussite.

F) Vous me dites que lorsque les discours ‘hassidiques sont répétés en version intégrale, l’auditoire ne les comprend pas et que, de ce fait, certains pourraient ne plus venir. Vous me demandez donc si vous pouvez les agrémenter d’un commentaire.

Il est, a priori, préférable de ne pas mélanger le grain et l’ivraie. S’il est nécessaire d’ajouter des explications, vous en trouverez sûrement la matière dans les causeries de mon beau-père, le Rabbi, dans des lettres ou dans des récits. Si cela ne suffit pas, il serait bon de trouver des illustrations dans ce qui est dit au cours des réunions ‘hassidiques, afin de conserver une relation avec ce que vous entendez décrire, ce qui n’est pas le cas des commentaires auxquels vous faites allusion, c’est bien évident.

Avec ma bénédiction pour recevoir la Torah avec joie et profondeur,

Notes

(1) Le Rav M. Perlov, de Milan. Voir, à son propos, les lettres n°438, 1720 et 1824.
(2) Il s’agit de la lettre n°132.
(3) Voir, à ce propos, la lettre n°1720.
(4) 1930.
(5) Capitale de la Lettonie, où le précédent Rabbi résidait alors.
(6) Voir les lettres n°1720 et 1547.
(7) Voir les lettres n°1581 et 1586.