Lettre n° 152

Par la grâce de D.ieu,
Mardi 3 Iyar 5704,
Brooklyn, New York,

Je vous salue et vous bénis,

J'ai déjà expliqué(1) comment il fallait comprendre l'explication que donnent nos Sages de la mise en garde des adultes à propos des petits, qui est répétée trois fois dans la Torah. Ils affirment qu'elle s'applique à trois interdits particuliers(2), les reptiles, le sang, l'impureté(3).

L'enfant, qui reçoit une éducation et qui est donc "petit" par rapport à "l'adulte" qui la lui donne, peut parfois ne pas accepter les directives qu'il reçoit ou bien en diminuer la portée. Cette situation peut avoir différentes raisons qui, de façon générale, sont au nombre de trois:

A) On peut considérer que les hommes, à l'époque actuelle, dans un certain endroit, sont rudes et grossiers, "peu différents des animaux". Dès lors, comment imaginer qu'ils puissent accepter d'écouter un mot de la Torah, de craindre D.ieu? C'est pour répondre à cette objection que la Torah fait obligation à l'adulte d'empêcher l'enfant de consommer des reptiles. L'enfant commettrait ainsi un acte répugnant, qui révulse tout homme sensé. Mais, il est, cependant, une Mitsva de lui donner une bonne éducation, de le mettre en garde contre de tels actes. Nos Sages affirment que D.ieu attend des hommes uniquement ce qu'ils ont la force de réaliser. Il faut en conclure que l'éducateur a le pouvoir d'intervenir et de convaincre.

B) On peut également avancer que l'éducation est efficace pour faire acquérir des notions nouvelles, dont on n'avait pas connaissance auparavant. A l'opposé, les actes courants et habituels sont définitivement acquis dans le comportement de l'enfant et il n'y a aucun espoir de les changer. C'est pour infirmer cette idée que les adultes sont tenus d'empêcher les enfants de consommer du sang. Commentant le verset "sois fort et ne consomme pas de sang", nos Sages expliquent que les hommes éprouvaient auparavant une attirance particulière pour sa consommation. On peut en conclure que, dans ce domaine également, l'éducation est positive et efficace.

C) On peut encore estimer que l'éducation est envisageable uniquement lorsqu'une approche rationnelle peut être proposée aux élèves. En revanche, ce qui dépend uniquement de la foi et de la soumission ne peut en aucune manière leur être transmis, dès lors qu'ils affirment eux-mêmes ne pas croire. C'est pour cela que la Torah demande aux adultes de s'assurer que les enfants ne se rendent pas impurs. Une telle attitude n'est pas basée sur la logique, mais uniquement sur une disposition de la Torah. Ainsi, le Rambam écrit: "Il est bien clair que l'impureté et la pureté sont des décisions de la Torah, dont l'homme ne peut avoir une approche rationnelle. Ces principes font partie des Décrets de la Torah(4)".

L'Injonction de la Torah apporte donc la force de convaincre l'élève, selon l'explication du verset "si vous marchez dans Mes Décrets", brièvement mentionné dans le Hayom Yom, à la page 56.

Comment l'éducation dans de tels domaines peut-elle être efficace? Le Rambam répond à cette question, à la fin du second chapitre des lois du divorce(5).

Je conclus en souhaitant une Techouva immédiate et une délivrance immédiate.

Notes

(1) Voir la lettre n°72.
(2) Trois interdictions que les adultes sont chargés de faire respecter par les petits.
(3) Voir, à ce propos, la lettre suivante.
(4) Qui transcendent la logique.
(5) Qui dit: "Si quelqu'un doit divorcer, d'après la Loi juive, mais refuse de le faire, le tribunal rabbinique, en tout lieu et à toute époque, pourra le punir de flagellation, jusqu'à ce qu'il dise: "J'accepte!". Puis, on rédigera l'acte de divorce, qui sera valable. De même, si des non-Juifs frappent cet homme, lui disent: "Applique la Loi juive!" et l'obligent à divorcer, l'acte sera valable. Or, pourquoi l'est-il, puisqu'il est établi sous la contrainte, de Juifs ou de non-Juifs? C'est qu'en réalité, on peut parler de contrainte uniquement pour un acte qui n'est pas imposé par la Torah, par exemple, si l'on frappe quelqu'un pour l'obliger à vendre son bien ou à le donner. A l'opposé, celui qui, victime de son mauvais penchant, décide de négliger une Mitsva ou de commettre une transgression, puis qui, parce qu'il a reçu des coups, accomplit cette Mitsva ou s'écarte de cette transgression, n'est nullement considéré comme ayant agi sous la contrainte. Bien au contraire, c'est lui qui s'était auparavant placé sous la contrainte du mal. De même, l'homme qui refuse de divorcer n'en désire pas moins assumer pleinement son Judaïsme, mettre en pratique toutes les Mitsvot et se préserver de toutes les fautes, mais il est victime de son mauvais penchant. Aussi, lorsqu'il reçoit des coups, son mauvais penchant s'affaiblit et, quand il dit "J'accepte!", il exprime réellement son avis".