Lettre n° 150

[Début de l'été 5704(1)]

Depuis quelques temps, on nous a demandé d'éditer les causeries, les discours et les lettres de mon beau-père, le Rabbi Chlita, qui furent prononcés lors de sa visite dans la ville de Chicago, en Chevat 5702(2).

Pour différentes raisons, cette publication a été retardée jusqu'à maintenant.

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Je saisis cette occasion pour apporter une précision à tous ceux qui s'interrogent sur les causeries et les discours.

Les causeries sont généralement compréhensibles par tous, y compris ceux qui ne connaissent pas la 'Hassidout 'Habad. Néanmoins, quelques idées, en particulier celles qui sont citées seulement de manière accessoire, peuvent être réellement perçues uniquement dans la mesure où l'on possède des notions de 'Hassidout, au moins de ses principes fondamentaux qui ne sont pas exposés dans cette causerie. Il est dit, en effet, que "les paroles de la Torah sont pauvres(3) dans un texte et s'enrichissent(4) dans un autre".

Bien évidemment, à celui qui s'interroge sur une causerie ou un discours et, ne trouvant pas de réponse à sa question, se permet de repousser ce texte, bien qu'il ne possède, de la 'Hassidout, qu'une connaissance approximative et parfois même erronée, s'applique la parabole énoncée par le Rambam, dans son introduction au commentaire de la Michna, lorsqu'il évoque l'étude des secrets de la Torah:

"Je donnerai, à ce propos, une image très claire. Si l'on interroge un savant qui ne connaît cependant pas l'astronomie, lui demandant ce qu'il pense de l'homme qui prétend connaître les dimensions du soleil, celui-ci répondra qu'à n'en pas douter cet homme est un insensé, car posséder de telles notions lui semblera impossible. Puis, s'il apprend l'astronomie, il comprendra qu'il est possible de déterminer cette mesure et il y prêtera foi. Combien plus en sera-t-il de même pour celui qui ne possède aucune connaissance, dans quelque discipline que ce soit et s'en remet d'abord à la sagesse de sa mère, puis à celle de son épouse. Si on l'interroge sur la Divinité, qui lui est cachée, il lui semblera, sans nul doute, que cette idée est éloignée de lui, comme le soleil de la terre, que son intellect n'en a aucune notion."

Celui qui souffre des pieds ne demandera pas à un architecte de le guérir, bien que ce dernier soit, par ailleurs, un grand érudit, ayant construit de nombreux bâtiments. Il consultera un médecin, compétent en la matière. Et, l'architecte lui-même, s'il est un homme droit, lui expliquera que, bien que possédant une immense connaissance de l'architecture, il ne connaît rien à la médecine. Il orientera donc lui-même le malade vers un médecin.

Il en est de même pour celui qui ne comprend pas une idée d'un discours 'hassidique et souhaite en avoir une juste compréhension. Il doit s'adresser à ceux qui étudient la 'Hassidout et la comprennent.

Et, quand on s'interroge et que l'on s'adresse à quelqu'un qui ne connaît pas la 'Hassidout, ce dernier, s'il est droit et sincère, devra répondre: "D.ieu merci, j'ai une bonne connaissance de telle partie de la Torah. En revanche, je n'ai pas étudié la 'Hassidout. Tu dois donc t'adresser à quelqu'un qui est compétent, en la matière."

Notes

(1) Une partie de cette lettre a été reproduite dans la lettre n°154.
(2) 1942. Voir, à ce propos, la lettre 146.
(3) Insuffisamment expliquées.
(4) Se complètent.