Lettre n° 142

Par la grâce de D.ieu,
18 Adar 5704,
Brooklyn,

Au remarquable et érudit jeune homme,
le Rav Avraham Chmouel(1),

Je vous salue et vous bénis,

Vous me faites savoir que vous vous êtes fiancé.

Puissent donc se réaliser en vous toutes les bénédictions que vous a accordées mon beau-père, le Rabbi Chlita, au sens le plus littéral et avec tout ce qu'elles peuvent apporter, un bien visible et tangible.

Une précision peut être donnée sur le début de l'acte de fiançailles, qui en est la partie la plus importante. Selon notre coutume, celle de la famille du Rabbi, il commence par: "Tout d'abord, celui-ci ne la quittera pas et celle-ci ne le quittera pas."

Les termes "celui-ci" et "celle-ci" désignent ce que l'on peut montrer du doigt, selon l'interprétation de nos Sages, qui en déduisent qu'une servante, lors du passage de la mer Rouge, s'exclama "Ceci est mon D.ieu" et qu'elle en eut donc une révélation divine plus précise que celle de Yé'hezkel et Ichaya, qui introduisirent leur prophétie par "ainsi"(2).

Moché, en revanche, commença sa prophétie par "ceci" et le Rambam explique que "tous les autres prophètes eurent une vision semblable à une parabole, à une image. Moché, par contre, eut une apparition nette".

En conséquence, le terme "ceci" désigne, au sens propre, le Saint béni soit-Il et tous ceux qui sont attachés à Lui. Le Eré'h Hakélim, qui est cité par le Likouteï Torah, dit, à ce propos: "Toutes les créatures subissent des mutations. Ce qui était hier ne subsiste plus aujourd'hui et ce qui est aujourd'hui ne restera pas demain. On ne peut donc pas employer, à leurs propos le terme «ceci». Le Saint béni soit-Il, en revanche, ne connaît pas de fluctuations, ainsi qu'il est dit: «Moi, D.ieu, Je n'ai pas changé»". Tout emploi de ce terme dans un autre contexte est donc uniquement un sens figuré.

Nos Sages disent que "Esav blasphéma, lorsqu'il dit «Qu'est ceci pour moi?». Or, le verset dit: «Ceci est mon D.ieu»". Ils enseignent encore: "Celui qui bénit le mois en son temps est considéré comme s'il recevait la Présence divine. Le verset(3) dit en effet: «ce mois-ci» et il est dit aussi: «Ceci est mon D.ieu»". Le terme "ceci" apparaît de nombreuses fois dans la Torah et l'on peut l'interpréter en fonction de ce qui vient d'être dit.

Dans le traité Mena'hot, Dieu est appelé "puissant, amical, bon, celui-ci". Or, si les trois premiers termes expriment une qualité et constituent une éloge, qu'en est-il du quatrième? Il faut donc expliquer, comme nous l'avons fait, que ce terme décrit avant tout le Saint béni soit-Il Lui-même. Et il s'applique aussi à Israël et à la Torah, parce que "Israël, la Torah et le Saint béni soit-Il ne font qu'un"(...).

Or, il faut proclamer au monde entier que D.ieu est "Celui-ci". Lors du passage de la mer Rouge, seuls les enfants d'Israël en eurent la révélation. C'est donc ce qui se passa lors du don de la Torah. Mais, par la suite, le monde fut atteint par la grossièreté. Toutefois, les Juifs, par les efforts qu'ils multiplient dans le domaine de la Torah et des Mitsvot permettent que cette révélation soit effective, dans le monde futur.

Le don de la Torah consacra l'union entre le Saint béni soit-Il et Israël. Combien plus en sera-t-il ainsi dans le monde futur, lorsque seront révélées les raisons profondes de la Torah.

L'homme, existant ici-bas, est à l'image de l'Homme céleste et, à propos des enfants d'Israël, il est dit: "D.ieu est ton ombre", Qui suit l'homme, si l'on peut s'exprimer ainsi. C'est la raison pour laquelle, lorsqu'un homme et une femme décident de se marier, on peut employer, à leur propos, les termes "celui-ci" et "celle-ci".

Je formule le voeu que, très bientôt et de nos jours, nous assistions tous à la réalisation de la promesse: "Et ce sera, ce jour-là, je dirai: Celui-ci est mon D.ieu".

Avec une Techouva immédiate et une délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(4)

Ajout, longtemps après: J'ai trouvé, dans le Or Hatorah, une explication sur les termes "celui-ci" et "celle-ci" figurant dans l'acte des fiançailles. Cet ouvrage en explique aussi la phrase suivante: "Ils feront usage ensemble de ce qu'ils possèdent". Il dit, à ce propos, que dans le monde futur, les six Attributs divins de l'émotion seront l'équivalent de l'Attribut de royauté(5).

Notes

(1) Le Rav Avraham Chmouel Stein.
(2) Le terme Ko, ainsi, s'applique à une apparition floue, imprécise, alors que Zé, ceci ou celui-ci, décrit une vision nette.
(3) Evoquant le nouveau mois.
(4) De Ma'hané Israël.
(5) Alors que, à l'heure actuelle, les six Attributs de l'émotion sont «l'élément masculin», celui qui donne et l'Attribut de royauté, «l'élément féminin», celui qui reçoit.