Lettre n° 141

Par la grâce de D.ieu,
Pourim 5704,

A l'honorable 'Hassid, craignant la parole de D.ieu,
le Rav D. Halevi(1),

Je vous salue et vous bénis,

Le fascicule "18 Elloul 5703" vient de paraître et vous en trouverez, ci-joint, un exemplaire.

Et je voudrais vous annoncer, avec beaucoup de plaisir et de joie, que cette publication a été rendue possible grâce à des fonds collectés par vos enfants, en particulier votre gendre, grand érudit et plein d'empressement, le Rav M. P.(2) et sa famille. Celui-ci a posé comme condition que le recueil soit édité pour le mérite de son beau-père, c'est-à-dire de vous-même. Il a aussi mentionné un autre nom(3), celui d'une personne qu'il s'efforcera de faire contribuer également à cette parution. Vous verrez donc ces noms imprimés dans le présent ouvrage.

Nos Sages comparent le fils au gendre, même s'il est clair que des différences existent. L'une d'entre elles, concernant le père ou le beau-père, a été précisée par mon beau-père, le Rabbi Chlita, dans les propos qu'il a tenus à Chemini Atséret 5697(4): "On ne choisit pas ses enfants. A l'opposé, on choisit ses disciples". En d'autres termes, on peut apprendre à connaître une personne en voyant le gendre à qui il a donné sa fille, ainsi qu'il est dit: "j'ai donné ma fille à cet homme", beaucoup plus qu'en voyant son fils.

Les Juifs sont les enfants de D.ieu, ainsi qu'il est dit "vous êtes des enfants pour l'Eternel votre D.ieu". Ils sont aussi les gendres du Tout Puissant. Le Midrach dit, en effet: "Un roi avait une fille unique. Un autre roi vint et la demanda en mariage. Elle lui fut alors accordée". Ainsi, la Torah est la fille de D.ieu et Israël, Son gendre.

On peut, peut-être, établir la différence suivante. On devient le gendre de D.ieu uniquement en épousant la Torah, c'est-à-dire en faisant d'énormes efforts pour tout ce qui concerne la Torah et les Mitsvot, jusqu'à l'acquérir et en devenir le maître, comme un homme envers son épouse. Le fils, en revanche, le reste en tout état de cause, même s'il est muet, sot ou petit. Et l'amour du père pour son fils, émanant de l'essence de lui-même, n'est pas conditionné par ses qualités évidentes.

Le Chir Hachirim Rabba définit une autre qualité du gendre que ne possède pas le fils. Il rapporte un récit dans lequel on voit que l'arrivée des gendres provoque une joie supplémentaire, après l'arrivée des fils.

Telle est également l'importance de ce jour de Pourim, duquel nos Sages disent que les Juifs acceptèrent alors la Torah de manière délibérée, alors que, près du mont Sinaï, elle leur avait été donnée par la contrainte, car Il avait placé la montagne sur leurs têtes. L'Admour Hazaken explique que l'amour profond de D.ieu pour Israël se révéla alors, l'enlaça et l'entoura de toute part, ne lui permettant pas de se détourner et le maintenant face à face avec Lui.

Pourim ajouta à tout cela, selon l'expression de l'Admour Hazaken, le plein consentement des Juifs. Tous firent don de leur vie, de leur propre initiative, sans révélation divine préalable. Bien au contraire, la Présence divine était alors cachée, car nos Sages disent: "Où voit-on une allusion à Esther dans la Torah? Dans le verset «Je voilerai Ma face»(5)".

C'est alors que le don de la Torah fut plein et entier, alors que fut célébré le mariage de la fille unique du Roi, Roi des rois, le Saint béni soit-Il, alors que nous sommes devenus les gendres de D.ieu.

Puisse D.ieu faire que vous ayez beaucoup de satisfaction de vos enfants et de vos gendres. Chacun apportera toute son ardeur à grandir et embellir la Torah.

Alors, avec tout le peuple juif, en cette période de voile, nous mériterons, "ce jour-là", l'accomplissement de la prophétie de Ze'harya, "et ce sera, ce jour-là, il fera clair dans la soirée", "et D.ieu régnera sur la terre entière. Ce jour-là, D.ieu sera un et Son Nom sera un".

Avec ma bénédiction de joyeux Pourim, de Techouva immédiate et de délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif

Notes

(1) Le Rav David Halevi Shtockhamer.
(2) Le Rav Moché Pin'has Kats. Voir le début de la lettre précédente.
(3) Voir, à ce propos, la lettre n°145.
(4) 1926.
(5) Esther signifie également le voile.