Nous l’avons attendu, compté les jours et il est enfin là : le troisième mois. C’est, bien sûr, de celui, hébraïque, de Sivan qu’il s’agit et c’est le Don de la Torah – Chavouth – qu’il nous apporte. «Troisième mois où fut donnée une lumière triple – la Torah – à un peuple triple – le peuple juif» disent les Sages. C’est qu’ici D.ieu nous donne une Loi et c’est avec elle que nous nous éveillons vraiment au monde. Ensuite, rien ne sera plus jamais pareil. Nous passons d’un état incertain, aux contours indéfinis à la grandeur des univers en marche. Certes, le jour du Don de la Torah, Chavouot, a de quoi impressionner. La Loi crée véritablement un monde nouveau et le sort des hommes en est transformé. Elle enchaîne la violence et ouvre les chemins qu’on nommera plus tard ceux de la civilisation.
Si le mois où cet événement littéralement bouleversant intervint est le troisième, cela a évidemment un sens. Le premier mois, Nissan, celui de la sortie d’Egypte, a vu la sortie d’Egypte. Il a été le mois du surnaturel, celui où le Divin a fait irruption dans l’histoire des hommes. Le deuxième mois, celui de Iyar, a vu l’effort des Juifs qui, dans leur longue marche dans le désert, se sont peu à peu élevés aux hauteurs spirituelles nécessaires pour leur rendez-vous avec la Révélation au mont Sinaï. D’une certaine manière, le premier mois a été celui de l’appel d’En-Haut et le deuxième, celui de l’œuvre d’en-bas. Quant au troisième ? N’est-il pas celui où, justement, le Haut et le bas se rejoignent ? N’est-il pas celui où, sous nos yeux, cette fusion se produit ? L’homme est, à présent, détenteur de la Sagesse divine. Il sait qu’un trésor lui a été ainsi confié, qu’il va changer sa vie ainsi que sa relation au monde. Il sait qu’il est le porteur de merveilles inouïes et qu’il lui appartient d’en faire le meilleur usage, pour lui, pour les autres, pour le monde.
Notre vie toute entière ne tient-elle pas dans une problématique du même ordre ? Il arrive, au long des jours, que nous hésitions entre le Haut et le bas, entre l’esprit et la matière, entre le Royaume de D.ieu et celui des hommes. La fête de Chavouot, fondatrice par l’événement qu’elle commémore, nous le rappelle : l’homme est une entité à la fois du ciel et de la terre. Il est la créature qui a pour tâche de mener l’univers à son accomplissement en y faisant résider la Sagesse. Par tous les actes de sa vie, il établit le pont entre le spirituel et le matériel.
Cette année encore, les Dix Commandements retentissent à la synagogue pour la fête de Chavouot. Nous serons tous au rendez-vous. N’est-ce pas le sens des choses, du monde et nous-mêmes à la fois qu’ils nous racontent ?