Le verset Yethro 20, 2 dit : «Je (Ano'hi) suis l'Éternel ton Dieu(1)» et le Yalkout Chimeoni explique, au paragraphe 286: «Ano'hi est un terme égyptien(2)». Cette constatation semble très difficile à comprendre. Les dix Commandements sont le point culminant de la Torah. Comment ce «Je», un mot d'une telle sainteté(3), peut-il être emprunté à la langue d'un peuple aussi vil et corrompu que l'Egypte de l'époque ?

Ce qui vient d'être dit est donc particulièrement surprenant, quand on médite à la grandeur et à la sainteté de la Torah(4), au-delà de toute mesure, d'une part, à la bassesse et à la corruption de l'Egypte(5), d'autre part.

En fait, cette question porte en elle, d'ores et déjà, sa réponse. Car, la Torah, avec toute l'élévation qu'on lui connaît, n'est pas demeurée dans les sphères célestes(6). Bien au contraire, elle a été descendue ici-bas, dans ce monde matériel et donnée à des hommes de chair et de sang. La force véritable de la Torah se manifeste précisément quand elle descend dans les endroits les plus inférieurs. Sa finalité n'est pas de se maintenir dans la spiritualité la plus haute, mais, bien au contraire, de descendre jusqu'en Egypte, afin d'y transformer l'obscurité en lumière(7).
Par la force de la Torah, il est possible de transformer ce monde corrompu(8) et d'y accomplir la finalité de la création(9). Certains endroits sont comparables, par leur situation morale, à l'Egypte vile et basse qui asservit les enfants d'Israël. Ils peuvent, malgré cela, être transformés en des lieux en lesquels résident le Nom de D.ieu et Sa Sainteté(10).

C'est précisément pour cette raison que le début de la Torah(11), son passage le plus important, est introduit par un mot de la langue égyptienne. De cette façon, il est clairement établi et souligné que la partie essentielle et le fondement de la Torah sont l'élévation et la transformation(12), y compris celle de la langue égyptienne.

(Discours du Rabbi, Likouteï Sithot, tome 3, page 892)

Notes :
(1) C'est le premier des dix Commandements.
(2) En effet, «je», en Hébreu, se dit Ani. Néanmoins, ce mot Anoln n'en a pas moins une signification profonde, puisque nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, expliquent qu'il est constitué des initiales des mots constituant la phrase : «Moi, l'Essence de Moi-même, Je l'ai inscrite et donnée» aux hommes, sur le mont Sinaï.
(3) Bien plus, la Hassidout explique, à ce propos, que l'ensemble de la Torah est inclus dans les dix Commandements, que tous les dix Commandements sont inclus dans le premier et que ce premier Commandement est lui-même inclus dans son premier mot. Il en résulte que la totalité de la Torah est exprimée par un mot égyptien !
(4) Il est dit, à son propos, que : «sa mesure est plus longue que la terre et elle est plus large que la mer», car elle dépasse les limites du monde.
(5) Que nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, appellent : «l'abomination de la terre», quand les enfants d'Israël y étaient esclaves.
(6) Et, nos Sages affirment que : «la Torah n'est pas dans le ciel». Les décisions qu'elle rend sont tranchées précisément par les âmes vêtues d'un corps physique. Commentant le verset : «Des amis écoutent ta voix», les Sages disent que les anges viennent ici-bas écouter de quelle manière la Loi a été tranchée devant le Tribunal des hommes, car ils sont eux-mêmes incapables de prendre une décision, quand un point de la Torah n'est pas tranché dans la maison d'étude céleste.
(7) De la sorte, il est établi que la Volonté de D.ieu s'accomplit jusqu'en les points les plus inférieurs de la création.
(8) Y compris quand il atteint le degré de corruption de l'Égypte.
 (9) Qui est l'édification de la Résidence de D.ieu, précisément parmi les créatures inférieures. Celle-ci apparaîtra clairement, dans le monde futur.
(10) Bien plus, il est un principe établi selon lequel : «ce qui est le plus haut descend le plus bas». Il faut en conclure que ces endroits très inférieurs ont une source spirituelle d'une grande élévation.
(11) Le début des dix Commandements, qui comprennent en eux toute la Torah.
(12) De la matière du monde, y compris en son aspect le plus bas.