Yoav était de garde à Hévron cette nuit-là. Soudain ce jeune soldat israélien fut atteint par une balle tirée par un sniper palestinien qui disparut immédiatement dans l’obscurité. Il était quatre heures du matin et nul ne se trouvait près de lui, nul n’avait entendu le coup de feu et le soldat blessé gisait au sol, comme condamné à se vider de son sang avant que quiconque ne le retrouve. Sa jeune vie arrivait à un point critique et allait se terminer dans un silence et une souffrance tragiques.
Mais un autre soldat cependant avait entendu quelque chose. Il s’était réveillé en sursaut et ne parvenait pas à se rendormir : il devait aller voir, vérifier la situation. Il sortit rapidement et aperçut le corps de Yoav qui perdait son sang abondamment. Immédiatement, il vint à son aide, localisa la blessure, posa un garrot de fortune pour arrêter l’hémorragie et alerta les secours. En attendant, il comprima de toutes ses forces l’artère atteinte, encourageant Yoav à garder espoir : il tenait pour ainsi dire la vie de ce soldat entre ses mains.
Enfin une ambulance arriva et Yoav reçut les soins appropriés. Transporté à l’hôpital, il fut pris en charge par les chirurgiens qui parvinrent à le sauver. Grâce aux premiers secours apportés par l’autre soldat, Yoav avait pu survivre. C’était vraiment un miracle que son compagnon ait entendu le coup de feu et ait pu agir avec autant de sang-froid et de dévouement. Les parents de Yoav qui avaient été prévenus s’étaient précipités à l’hôpital à son chevet et cherchèrent à retrouver celui qui lui avait sauvé la vie. Mais son bienfaiteur avait déjà quitté discrètement les lieux sans faire part de son identité.
Quand Yoav put quitter l’hôpital et se retrouva en convalescence à la maison, ses parents téléphonèrent à l’armée pour obtenir le nom du soldat mais celui-ci n’avait pas été retranscrit dans le rapport de l’incident et il n’y avait donc aucun moyen de le retrouver pour le remercier de son geste extraordinaire.
Les parents de Yoav tenaient une pharmacie à Kiriat Mala’hi : ils décidèrent donc d’accrocher dans leur vitrine une affiche décrivant le miracle qui était arrivé à leur fils en demandant si quelqu’un pouvait les renseigner. Après tout, Israël est un petit pays et chacun connaît quelqu’un qui a entendu que quelqu’un…
Les mois passèrent.
Un an plus tard, une femme entra dans la pharmacie. Elle avait remarqué l’affiche : elle était convaincue que son fils Doron lui avait raconté avoir une fois sauvé un soldat à Hébron dans des circonstances similaires. Elle l’appela sur son téléphone portable : effectivement, il se souvenait très bien de l’incident. C’était bien lui qui avait sauvé la vie de Yoav !
Dès que Doron obtint une permission, il rendit visite avec sa mère à Yoav et sa famille. La réunion fut très joyeuse et remplie d’émotion. A un moment donné, la mère de Doron prit à part la mère de Yoav et lui confia : «Il y a une raison très précise pour laquelle je suis passée devant votre pharmacie. Vous ne vous souvenez probablement pas de moi mais, il y a vingt ans, j’étais venue acheter des médicaments bien spécifiques : je me sentais triste et angoissée. Vous avez remarqué que les médicaments que je venais acheter devaient favoriser un avortement : j’étais enceinte mais ressentais que je n’étais pas capable à ce moment-là d’assumer la naissance d’un enfant. Vous m’avez parlé si gentiment, vous m’avez encouragée, vous m’avez mise en contact avec des gens qui pouvaient m’aider financièrement et psychologiquement… Vous m’avez écoutée et grâce à vous, j’ai décidé de mener à bien ma grossesse, de garder ce bébé.
Je n’habite plus dans ce quartier, mais comme je passais par là, j’ai décidé d’aller vous revoir, de vous remercier vingt ans après de m’avoir donné la joie d’être la mère d’un soldat courageux dont je suis si fière.
C’est grâce à vous que j’ai remonté la pente et que j’ai donné naissance à Doron.
Et c’est mon cher Doron, la prunelle de mes yeux, qui ne serait pas né sans vos encouragements, qui a sauvé la vie de votre fils ! »

Rav Zvi Binn – Le’haïm
www.friendsofefrat.org
traduit par Feiga Lubecki