Lettre n° 9538

[19 Mena’hem Av 5728]


Question(1) :


La causerie se référait au commentaire de Rachi(2) selon lequel : “ tes fils : ce sont les élèves ” :


a) Commentant le verset : “Mon fils aîné”, Rachi dit que ce terme fait allusion à la grandeur. Il précise que tel est le sens simple du verset et qu’il n’est pas question ici d’aîné, au sens littéral[A].


b) Le traité[B] Chabbat 89b dit : “Lorsqu’ils proclamèrent devant Toi : ‘nous ferons et (ensuite) nous comprendrons’, Tu les as appelés : ‘Mon fils aîné’”. Rachi explique : “Il était bien clair devant Toi qu’ils allaient proclamer, devant le mont Sinaï : ‘nous ferons et (ensuite) nous comprendrons’ afin d’accepter Ton joug avec amour, comme des fils”.


c) Le Tanya[B], au chapitre 2, interprète ces deux versets comme faisant référence à l’âme[C].


Réponse(3) :


[A] 1) D’après cette explication également, il s’agit bien ici de la période précédant le don de la Torah.


2) Il a été maintes fois précisé que tout(4) ce qui figure dans le commentaire de Rachi sur la Torah doit correspondre, comme Rachi le précise lui-même(4), au sens simple(4) du verset. Si cela n’est pas possible, Rachi écrit : “Je ne sais pas”, y compris dans un cas où nos Sages donnent une interprétation(5), c’est bien évident. Pour autant, ce sens simple peut être à plusieurs paliers. C’est pour cela que Rachi poursuit, à la même référence(4), dans son commentaire du verset Chemot 4, 22 : “L’explication du Midrash(4) est la suivante” :
1. Une telle interprétation est également conforme au sens simple du verset, mais de façon moins évidente.
2. En outre, et ceci est essentiel, c’est la preuve que l’explication précédente n’était pas suffisante, c’est bien clair.


[B] La Guemara n’exprime pas le sens simple du verset.


[C] Le texte souligne qu’il y a là une qualité intrinsèque(4) de l’âme, non celle qu’elle a acquise grâce au don de la Torah. Telle n’est pas l’interprétation que donnent ici le Sifri et le commentaire de Rachi, selon lesquels la qualité de fils fut acquise lors du don de la Torah. On peut, néanmoins, l’admettre, au prix d’une difficulté.


Notes


(1) Cette lettre est adressée au Rav Morde’haï Mentlik, recteur de la Yechiva centrale Tom’heï Temimim Loubavitch, à Brooklyn. Elle est rédigée à même son courrier, qui interrogeait le Rabbi sur une causerie ayant été prononcée le Chabbat Parchat Vaét’hanan 5728. On verra, à propos du Rav Mentlik, la lettre n°9351.
(2) Sur le verset Vaét’hanan 6, 7.
(3) Voir le Likouteï Si’hot, tome 9, à la page 41.
(4) Le Rabbi souligne les mots : “tout”, “lui-même”, “sens simple”, “à la même référence”, “Midrash” et “intrinsèque”.
(5) Qui n’est cependant pas conforme au sens simple du verset.