Lettre n° 9524

Par la grâce de D.ieu,


19 Tamouz 5728,
Brooklyn, New York,


A l’attention du distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, élu du
peuple, qui le surpasse, recherche le bien de son peuple, a
des comportements généreux, est issu d’une illustre famille,
le Rav Chnéor Zalman(1) Chlita,


Je vous salue et vous bénis,


J’ai bien reçu votre lettre du jour propice du 13 Tamouz. Nos frères, les enfants d’Israël, ont coutume de rechercher des allusions et d’établir une relation entre différents sujets. En l’occurrence, il est un bon signe que votre lettre ait été reçue après la réunion ‘hassidique de ce jour.


Du reste, ceci peut sembler surprenant(2). Comment une réunion ‘hassidique trouve-t-elle sa place “ entre les oppressions ”(3) ? En fait, cette année a marqué le soixante quinzième anniversaire depuis la Bar Mitsva de mon beau-père, le Rabbi et, à cette occasion, ont été publiés les discours ‘hassidiques(4) que son père, le Rabbi(5) a prononcés, lors de la fête de cette Bar Mitsva, puis pendant la semaine qui l’a suivie, que mon beau-père, le Rabbi, a appelé : “ les sept jours de festin ”. Ceux-ci se sont achevés le dimanche 18 Tamouz, jour du jeûne repoussé(6). De ce fait, la réunion ‘hassidique et le repas du ce septième jour eurent lieu le lundi 19 Tamouz, comme l’explique la note qui est à la fin de ce fascicule(7).


C’est la justification de la réunion ‘hassidique de ce jour, même si, quantitativement, dans le temps, elle a été brève. Elle a, néanmoins, permis de réviser le contenu de la conclusion de ces discours de la Bar Mitsva(8), qui sont d’actualité.


A mon retour de cette réunion ‘hassidique, j’ai trouvé votre lettre, datée du 13 Tamouz, avec cette date, 13 Tamouz(9), qui était soulignée deux fois. C’est la raison pour laquelle je m’empresse de vous répondre et de vous joindre le discours ‘hassidique intitulé : “ Les Tefillin du Maître du monde 5653 ”, dans lequel figurent également des extraits de la note relative à la Bar Mitsva.


Simultanément, j’ai appris également aujourd’hui que le dernier tome du Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken a été conduit, en ce jour, chez le relieur. Quand il sera relié, deux exemplaires vous en seront adressés, conformément à votre demande. Puisse D.ieu faire que l’enseignement de notre maître, l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et Décisionnaire de la partie profonde de la Torah, auteur du Choul’han Arou’h et Décisionnaire de la partie révélée de la Torah, éclaire notre voie, de même que celle de chacun et de chacune, au sein de notre peuple, les enfants d’Israël, de quiconque porte le nom d’Israël(10), afin que l’on suive son chemin, dans la vie, en conformité avec le début du Choul’han Arou’h, la règle fondamentale pour pouvoir le mettre en pratique : “ arrogant comme une panthère, léger comme un aigle, rapide comme un cerf et vigoureux comme un lion afin d’accomplir la Volonté de ton Père Qui se trouve dans les cieux ”.


J’ai lu, avec un intérêt particulier, les lignes relatives à la bibliothèque ‘hassidique de Kfar ‘Habad. A n’en pas douter, il s’agit d’accorder son objet avec sa localisation, autrement dit que celle-ci soit une bibliothèque ‘hassidique et non uniquement une bibliothèque sur la ‘Hassidout, dès lors qu’elle est située à Kfar ‘Habad. Elle doit donc être en conformité avec la raison pour laquelle ce Kfar a été créé, un mode de vie ‘hassidique dans l’existence quotidienne.


Vous m’excuserez de vous écrire à ce propos, car, de fait, à quoi bon cette précision ? Néanmoins, les personnes qui ont une formation scientifique doivent consentir à un effort particulier pour renoncer à l’analyse et au questionnement scientifiques, au point de ne pas du tout faire mention de l’avis de ceux qui luttent contre cette conception et la conspuent, pas même pour écarter leur raisonnement et invalider leurs conclusions(11).


Certes, il est dit : “ Sache quoi répondre ”(12), mais cela ne peut pas être fait dans le cadre d’une bibliothèque ouverte à tous, car une telle mission n’incombe pas(9) à chacun, alors que le but de la bibliothèque ‘hassidique est d’ouvrir largement, à tous, les portes de la ‘Hassidout, propos du D.ieu de vie à tout le peuple d’Israël, qui est vivant et s’attache à l’Eternel, D.ieu de vie(13).


Certes, au final, il n’y a pas lieu de craindre les conséquences de la discussion et de sa conclusion, dès lors qu’il s’agit de la Torah de Vérité. De ce fait, la science véritable, l’analyse conforme à la réalité et toute controverse digne de ce nom, c’est-à-dire ayant pour but d’établir cette vérité, ne pourront pas remettre en cause le moindre élément de notre Torah, Torah de Vérité, ce qu’à D.ieu ne plaise. Néanmoins, parfois, en particulier à notre époque, de jeunes contradicteurs de l’éthique et de l’attribut de vérité apparaissent, se réclamant d’études prétendument scientifiques et ils se consacrent à l’analyse, à la recherche qui semble, extérieurement, avoir pour objet d’établir la vérité, alors que leur seul but est de conforter leurs idées préconçues. Leur raisonnement a donc d’emblée pour but de vérifier leurs conclusions et de conforter leurs positions. Et, si cette conception de l’analyse scientifique est adoptée pour une tribune ou une institution particulière, combien plus l’est-elle pour une bibliothèque et tout ce qui la concerne.


Bien entendu, le moment venu(14), vous seront adressés, sans en faire le vœu, à Kfar ‘Habad, tous les livres de ‘Hassidout publiés par les éditions Kehot. Je suis même surpris que vous me posiez cette question.


Vous m’écrivez également à propos de notre ami, le Rav H. L. Or, j’ai abordé avec lui, à différentes reprises, les points que vous citez et d’autres encore, sans que rien n’en résulte. Pour le dire d’une manière encore plus claire, il s’agit d’un refus.


L’affaire de la synagogue Tséma’h Tsédek, dans la vieille ville de Jérusalem(15), est bien entendu très douloureuse. Il y a plus d’en an, j’ai commencé à faire avancer les choses, par écrit et par l’intermédiaire de ceux qui partaient d’ici pour se rendre là-bas. Pour ma plus grande peine, l’avancement n’est absolument pas à la mesure de ce qu’il aurait dû être.


Vous me dites qu’il y a des divergences d’opinions entre telle et telle personnes. Au début, lorsque j’ai proposé de créer un comité de la synagogue, chargé de tout ce qui la concerne, j’ai fait bien attention de citer des institutions et non des personnes, tout d’abord parce qu’il doit en être ainsi, profondément, puisque je considère cette synagogue comme la propriété de tous les ‘Hassidim du Tséma’h Tsédek, de ses disciples et des disciples de ses disciples. C’est pour cela qu’elle appartient aux institutions qui conservent l’esprit du Tséma’h Tsédek et de ses élèves, en particulier celles de Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie.


[Et, j’ai demandé un seul représentant dans le comité, parce qu’il n’est pas possible de réunir toute l’association ‘Habad, tous les jeunes de l’association ‘Habad. Je n’ai donc pas trouvé d’autre solution que de désigner une personne. C’est bien évident.]


De même, je n’ai pas voulu préciser le nom des membres de ce comité car on ne peut pas décider, à distance, qui doit représenter telle institution et telle autre. Il appartient donc à ces institutions de les choisir et de les nommer. Par la suite, les membres du comité devront se répartir les rôles. Ces deux justifications(16) restent valables encore à l’heure actuelle.


A ce propos, vous me communiquez le nom d’un homme(17) et vous supposez nécessaire qu’il vienne ici pour que je fasse sa connaissance. De façon générale, j’ai entendu beaucoup de bien à son propos, en particulier pour ce qui est de la diffusion des sources(18), à diverses occasions et dans différents milieux, avec beaucoup de succès et en prononçant des paroles émanant du cœur. Ces jours-ci, j’ai écrit encore une fois au comité de la synagogue(19), afin de lui conseiller l’empressement. Grâce à tout cela, peut-être…


Je vous remercie pour la bonne nouvelle qu’a été la construction de maisons à Kfar ‘Habad(20). A n’en pas douter, ceci inclut également l’hôtel, même si je suis un peu surpris que vous ne le précisiez pas clairement.


Je vous remercie également pour votre proposition d’intervenir auprès de monsieur Yovlir(21). L’important, actuellement, est qu’il passe outre à sa position de principe. Je veux dire que l’Encyclopédie ‘hassidique(22) est déjà rédigée, à l’exception des huit dernières pages(23). Le projet a été retardé(24) car on attend la correction de ces pages, que je dois effectuer moi-même et qui demande que je me consacre uniquement à cette activité. C’est pour cela que le projet est retardé, d’une date à l’autre. L’important est donc d’obtenir de cette personne qu’il assouplisse sa position, bien que soient passées toutes les dates limites qui ont été fixées par son comité, pour la parution du tome 1 de cette Encyclopédie. Lui-même sait sûrement qu’elle est déjà imprimée, à l’exception de cet additif. En effet, un exemplaire imprimé, bien que non relié, a été adressé à son comité.


Il en est de même pour une série de livres(25) relatifs au sept générations(26), depuis l’Admour Hazaken, jusqu’à mon beau-père, le Rabbi(27). Là encore, une date de parution a été fixée pour le premier tome, puis celle-ci a été retardée par l’imprimeur, bien que l’impression ait déjà été réalisée et qu’il y ait même eu une première correction. Actuellement, la pagination doit encore être faite, ce qui dépend uniquement de l’imprimeur. De notre point de vue, ce livre est achevé et il faut uniquement en vérifier l’impression. Là encore, il devra revenir sur sa position, car la date qu’il a fixée est passée. On fixera donc les montants qui seront nécessaires pour les tomes suivants de l’Encyclopédie et pour la publication des séries de livres des sept générations, comme si les conditions de réalisation dans le temps avaient également été tenues. En effet, on peut expliquer, à ce propos, que le retard n’est pas imputable à une négligence, ce qu’à D.ieu ne plaise, mais bien à l’effort supplémentaire qui a été apporté, dans l’espoir que la réalisation soit plus belle, plus esthétique et irréprochable.


Comme vous le dites vous-même, à la conclusion de votre lettre, celle-ci est longue également et elle porte entièrement sur ce qui concerne l’action concrète. Pour autant, je ne trouve pas, dans votre lettre, de réponse, ni même de réaction, d’allusion à ce que je disais, à propos du général A. S.(28), dans ma précédente lettre(29). Mais, de fait, peut-être l’absence de réaction est-elle, en soi, une réponse. Vous dites, du reste, au début de votre lettre qu’il y a lieu de ne pas vous écrire à propos de certains points : “ afin de ne pas m’embrouiller ”. Toutefois, ceci a une incidence également sur l’avenir. Il serait donc bon qu’une clarification intervienne, en la matière et, de fait, ceci concerne aussi l’action concrète, dans de larges proportions ou encore, selon l’expression imagée, “ des dimensions planétaires ”. A mon sens, cela concerne le domaine de la sécurité physique et morale, c’est bien évident.


Pour conclure comme j’avais commencé, selon une formulation que j’ai entendue de mon beau-père, le Rabbi(30), on indiqua, lors de sa naissance(31), puis à sa Bar Mitsva, que l’on avait repoussé(32), dans les deux cas, le jeûne du quatrième mois et celui du cinquième mois, soit le 17 Tamouz et le 9 Av et l’on précisa, à ce propos : “ Puisqu’ils ont été repoussés, D.ieu fasse qu’ils le soient définitivement ! ”(33), par la délivrance véritable, qui les transformera en joie et en allégresse(34). Or, cette année est fixée de la même façon(35), de sorte que l’on a repoussé les jeûnes des quatrième et cinquième mois. Qu’ils soient donc transformés en joie et en allégresse, très prochainement. Avec ma considération, mes respects et ma bénédiction,


M. Schneerson,


Notes


(1) C. Z. Chazar, président d’Erets Israël. Voir, à son sujet, la lettre n°9400.
(2) Voir, à ce sujet, la seconde causerie de cette réunion ‘hassidique, dans les Si’hot Kodech 5728, tome 2, à la page 340.
(3) Entre les deux jeûnes commémorant la destruction du Temple, le 17 Tamouz et le 9 Av.
(4) Parus dans le fascicule intitulé : “Les Tefillin du Maître du monde 5653”, puis dans le Séfer Ha Maamarim 5652-5653, à partir de la page 233.
(5) Rachab, père du Rabbi Rayats.
(6) Celui du 17 Tamouz, cette date étant alors un Chabbat.
(7) A la page 32. Voir l’index des discours, au début du Séfer Ha Maamarim 5652-5653, à partir de la page VII et les additifs de ce même ouvrage, aux pages 325-326.
(8) Au cours de cette réunion ‘hassidique, le Rabbi prononça un discours intitulé : “Tu te renforceras et tu seras un homme”, dont le texte fut publié par la suite, dans le cadre du fascicule du 19 Tamouz 5749, puis dans le Séfer Ha Maamarim Meloukat, tome 3, à partir de la page 221. On verra aussi les notes qui figurent au début de ce discours.
(9) Le Rabbi souligne les mots : “13 Tamouz” et “pas”.
(10) Selon les termes du Rabbi Rayats, dans la lettre qu’il rédigea à l’occasion de la première célébration de sa libération, les 12 et 13 Tamouz 5629. Voir ses Iguerot Kodech, tome 2, à partir de la page 80.
(11) Celui qui est préoccupé par une idée ne peut donc pas s’empêcher de l’évoquer.
(12) “à l’hérétique”, dans le traité Avot, chapitre 4, à la Michna 14.
(13) Vaét’hanan 4, 4. Voir les Avot de Rabbi Nathan, à la fin du chapitre 34.
(14) C’est en 5745 (1985) que fut édifiée, à Kfar ‘Habad, la “maison de l’association des ‘Hassidim ‘Habad, Ohel Yossef Its’hak Loubavitch”. Le Rabbi demanda alors que lui soient adressés tous les livres de ‘Hassidout publiés par les éditions Kehot.
(15) Voir, à ce sujet, la lettre n°9428.
(16) L’impossibilité de confier la responsabilité à l’ensemble d’une institution et la nécessité, pour cette institution, de désigner son représentant.
(17) Il s’agit, vraisemblablement, du Rav Moché Tsvi Segal. Voir, à son sujet, la lettre n°9548.
(18) De la ‘Hassidout.
(19) Il s’agit de la lettre n°9521.
(20) Voir, à ce sujet, les lettres n°9136 et 9161.
(21) Il s’agit d’un membre du comité chargé de répartir les dommages et intérêts payés par les allemands, à la suite de la seconde guerre mondiale. Celui-ci avait apporté sa participation financière pour la publication d’écrits de nos maîtres. Voir, à ce sujet, la lettre n°8254.
(22) Il s’agit du tome 1 du Séfer Ha Ara’him ‘Habad.
(23) Ces pages correspondent vraisemblablement à la retranscription de la causerie ‘hassidique prononcée par le Rabbi le 19 Kislev 5726 (1965), à propos de “l’objet de la ‘Hassidout”. Le Rabbi en donna le texte afin qu’il soit publié sous forme d’additif, concluant le Séfer Ha Ara’him ‘Habad. Par la suite, il parut sous la forme d’un fascicule indépendant.
(24) Sa parution effective fut en 5731 (1971).
(25) La série intitulée Séfer Ha Maamarim.
(26) Des maîtres de la ‘Hassidout.
(27) Ce qui fait six générations, la septième étant celle du Rabbi lui-même.
(28) Ariel Sharon.
(29) Il s’agit de la lettre n°9513.
(30) Voir la causerie du 12 Tamouz 5700, dans le Séfer Ha Si’hot été 5700, à la page 157, qui est commentée dans le Likouteï Si’hot, tome 33, à partir de la page 156.
(31) Le 12 Tamouz.
(32) A cause du Chabbat.
(33) Selon l’expression du traité Meguila 5b.
(34) Voir, à ce sujet, le verset Ze’harya 8, 19 et le Rambam, à la fin de ses lois des jeûnes.
(35) Les 17 Tamouz et 9 Av sont également un Chabbat.