Lettre n° 9521

Par la grâce de D.ieu, fête de la


libération des 12 et 13 Tamouz 5728,
Brooklyn, New York,


Aux membres du comité(1) de la synagogue(2) Tséma’h
Tsédek, dans la vieille ville de la sainte cité de Jérusalem,
Puisse-t-elle être restaurée et rebâtie par notre juste
Machia’h, très bientôt et de nos jours,
que D.ieu vous accorde longue vie(3),


Je vous salue et vous bénis,


Un an et un mois se sont déjà écoulés depuis la libération de la vieille ville, dans laquelle se trouve cette synagogue qui a été fondée à la demande du Tséma’h Tsédek. D’après ce que l’on dit et selon les informations dont on dispose, elle est la seule qui ait subsisté dans un état permettant à la fois de prier et d’étudier la Torah, les “ mesures distinguées de la Hala’ha ”(4).


A la première occasion, j’ai écrit(5) qu’il était nécessaire de l’arranger et de l’embellir au plus vite, avec le plus grand empressement, afin d’y prier de la manière la plus régulière possible, selon la situation sécuritaire, jusqu’à ce qu’il soit possible d’y prier chaque jour, trois fois par jour.


Depuis lors, certaines sommes, issues de différentes sources, ont été collectées afin de permettre les arrangements et les embellissements nécessaires. Avec la collecte et l’envoi de ces montants, il a été demandé et l’on a exprimé le vif espoir que ceci activerait plus encore l’action de réhabilitation de cette synagogue et maison d’étude, que ceci multiplierait les études de la Torah, de sa partie révélée et de la ‘Hassidout, en particulier des commentaires du Tséma’h Tsédek, s’y déroulant.


Pour ma plus(6) grande peine et, non moins, pour ma plus(6) grande surprise, tout au long de cette période, les nouvelles qui me sont parvenues sur l’amélioration de cette synagogue et maison d’étude, sur l’avancement dans ce domaine ont été, comme on l’a dit, à la fois étonnantes et affligeantes. Point n’est besoin d’en dire plus, car cela est douloureux, d’autant que les membres du comité, à n’en pas douter, se rendent, de temps à autre, dans la synagogue Tséma’h Tsédek et qu’ils peuvent donc constater la situation sur place.


Il est bien évident que les justifications et les prétextes ne manquent pas et l’on avance même que l’on est dispensé d’agir, dans un cas de force majeure(7). Pour autant, il est tout aussi clair que ce n’est pas par des prétextes que nous serons sauvés et que la synagogue sera restaurée. En outre, celui qui se trouve véritablement dans un cas de force majeure, d’après la Torah, n’est pas considéré pour autant comme s’il avait agi concrètement(8). Vous devez comprendre ce que je veux dire.


J’ajouterai un autre point, à ce sujet, bien qu’il soit tout à fait accessoire par rapport à ce qui est rapporté ci-dessus. C’est le suivant. De nombreuses institutions gérées par les ‘Hassidim et par ‘Habad souffrent d’un déficit qui fait obstacle à leur développement. A l’opposé, il y a, dans la caisse de la synagogue, une somme relativement importante, qui y est déposée depuis de nombreux mois, “ comme une pierre que personne ne retourne ” et il y a une discussion pour savoir qui est responsable de cet état de fait. Or, comme on l’a dit, toutes les discussions du monde ne feront rien avancer, de manière concrète.


Il est encore un autre point, qui est peut-être aussi totalement accessoire, mais n’en est pas moins significatif de la tournure que prennent les choses. Je l’énoncerai maintenant. Il a été décidé que cette institution possèderait son propre compte bancaire, sur lequel on verserait tous ces montants. Ainsi, on pourra établir un compte spécifique des rentrées et des dépenses, en la matière. On devait choisir et nommer deux personnes habilitées à signer les chèques, conjointement et non uniquement l’un des deux. Or, pour l’heure, je n’ai rien(6) entendu concernant l’ouverture de ce compte bancaire, ni du choix et de la désignation des deux signataires. Pour ce qui est du compte, je n’en ai reçu qu’un, lui-même totalement officieux, absolument inhabituel, d’autant qu’il s’agit d’une institution publique. Les membres du comité auraient donc dû le signer ou, en tout état de cause, confirmer que telle personne est habilitée à adresser les comptes et que l’on peut s’en remettre à elle.


Il y a, en outre, un point d’ordre plus général, qui est le suivant. L’empressement est essentiel en tout ce qui concerne la Torah et ses Mitsvot, selon les termes de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et Décisionnaire de la partie cachée de la Torah, auteur du Choul’han Arou’h et Décisionnaire de la partie révélée de la Torah, dans le chapitre 21 d’Iguéret Ha Kodech : “ Tous savent la valeur de l’empressement pour toutes les Mitsvot. Ceci est dit et répété dans les propos de nos Sages et c’est l’empressement de notre père Avraham, puisse-t-il reposer en paix, qui protège nous-mêmes et nos enfants pour l’éternité. Un merveilleux empressement est le moyen de manifester sa joie et son désir de mettre en pratique la Volonté du Créateur, de susciter Son plaisir. Nos Sages en déduisent qu’il en est ainsi pour la pratique de toutes les Mitsvot ”.


Or, combien plus doit-il en être ainsi pour la restauration d’une synagogue portant le nom du Tséma’h Tsédek et se trouvant dans la vieille ville de Jérusalem, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. De nombreux yeux l’observent, considèrent l’avancement de ce projet, demandent, s’interrogent, établissent des règles générales s’appliquant, a fortiori, à de nombreux autres domaines.


A ceci s’ajoute ce que j’ai dit dans ma première lettre(9), le fait qu’à mon avis, cette synagogue est l’héritage de tous les ‘Hassidim, dans le monde entier, que l’avancement, dans ce domaine, concerne donc bien tous ces ‘Hassidim à la fois et “ d’une formulation positive, on déduit…(10) ”, c’est bien évident. Je résumerai donc ma proposition, en fonction de tout ce qui vient d’être dit :


A) Une réunion urgente(6) de tous les membres du comité sera convoquée, afin d’établir les causes de cette effroyable situation et, avant tout, de rechercher la suppression immédiate de ces causes. Puis, ce programme sera immédiatement mis en application avec, selon les termes d’Iguéret Ha Kodech : “ un merveilleux empressement (qui) est le moyen de manifester sa joie et son désir de mettre en pratique la Volonté du Créateur, de susciter Son plaisir ”. En effet, il est absolument certain que l’édification de la synagogue et maison d’étude du Tséma’h Tsédek, dans la vieille ville de Jérusalem, est la Volonté du Saint béni soit-Il.


B) Il faut choisir au plus vite et désigner les deux personnes qui signeront les chèques. Il serait bon, en outre, d’en nommer une troisième à titre de remplaçant, ce qui veut dire que tous les chèques seront signés par deux de ces trois personnes.


C) Bien entendu, chacune de ces deux ou trois personnes sera issue d’un bloc différent, parmi les cinq qui constituent le comité de direction.


D) Un compte bancaire sera ouvert au nom de ce comité de direction. Bien évidemment, il va sans dire, qu’il sera domicilié dans une banque que l’on ne peut pas suspecter d’usure(11), ce qui veut dire qu’elle possédera une autorisation de faire commerce claire et incontestable.


E) Sur la base de l’expérience du passé, je crains, maintenant encore, qu’un long délai s’écoule avant que tout ceci soit suivi d’effet. Or, de nombreuses caisses de ‘Habad, en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, ont besoin de moyens financiers. Aussi, sur l’ensemble de la somme qui restera disponible après les réparations de la synagogue qui ont d’ores et déjà été effectuées, on conservera deux mille livres, qui permettront d’ouvrir ce compte bancaire et le solde sera aussitôt(6) transféré aux institutions ‘Habad recevant une subvention d’ici, selon la liste qui vous est adressée indépendamment par le secrétariat. Les montants correspondant ont déjà été déduits de ce qui leur sera versé.


F) A l’avenir, on adoptera l’organisation suivante. Les subventions seront versées sur la caisse de la synagogue après que l’on ait reçu ici un compte-rendu précis du passé et que l’on ait fait clairement savoir pour quelle raison on a besoin de ces crédits et pour quel montant.


G) Il a été maintes fois souligné dans mes lettres, mais je le répète encore une fois pour être précis, que, désormais, la direction unique et exclusive de la synagogue Tséma’h Tsédek, dans la vieille ville, revient à son comité de direction.


H) Pour plus de clarté, je souligne encore un autre point, bien qu’il soit clair et évident. Chaque fois qu’il est question, ci-dessus, de la “ synagogue du Tséma’h Tsédek à Jérusalem, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie ”, il s’agit de la synagogue proprement dite, de sa cour, des édifices se trouvant dans sa cour. Néanmoins, la présentation en est faite en fonction de l’élément essentiel et c’est pour cela qu’il est uniquement question de la synagogue.


Vous voudrez bien accuser réception de la présente par retour du courrier et, si possible, en express, comme cette lettre a été envoyée d’ici, pour des raisons bien évidentes. Puisse D.ieu faire qu’en peu de temps, vous puissiez me donner de bonnes nouvelles de l’avancement de ce projet, jusqu’à ce qu’il soit conduit à son terme. Que le mérite du Tséma’h Tsédek protège chacun afin de connaître la réussite dans ses actions destinées à construire la synagogue et à la restaurer avec un empressement merveilleux, dans la joie et l’enthousiasme. Avec mes respects et ma bénédiction pour me donner de bonnes nouvelles de tout cela,


M. Schneerson,


N. B. : J’ai appris que quelqu’un souhaitait organiser une collecte, large ou non, auprès de tous ceux qui veulent(6) participer à la restauration de la synagogue. Comme je l’ai indiqué oralement à différentes occasions, toutes les dépenses de construction et de réfection de la synagogue doivent être prises en charges uniquement par ceux qui étudient l’enseignement du Tséma’h Tsédek et suivent ses voies, au moins jusqu’à un certain point ou bien par des institutions et des caisses communautaires, mais non pas par des particuliers qui, pour l’heure, ne sont pas encore des ‘Hassidim, ne sont que des sympathisants et des proches. Par la suite, lorsque la synagogue sera édifiée et restaurée, cela sera sûrement modifié, mais nous en reparlerons.


Notes


(1) Voir, à propos de ce comité, la lettre n°9478.
(2) Voir, à son propos, la lettre n°9428.
(3) Voir le Hé’hal Mena’hem, tome 3, à la page 118.
(4) Selon l’expression du traité Bera’hot 8a et le Tour, Ora’h ‘Haïm, au chapitre 98.
(5) Il s’agit de la lettre n°9344.
(6) Le Rabbi souligne les mots : “plus”, “plus”, “rien”, “urgente”, “aussitôt” et “tous ceux qui veulent”.
(7) Selon le traité Nedarim 27a.
(8) Yerouchalmi, traité Kiddouchin, chapitre 3, au paragraphe 2.
(9) Il s’agit de la lettre n°9478.
(10) “une formulation négative”, en l’occurrence le fait que le retard, en la matière, affecte tous les ‘Hassidim du monde. Voir, notamment, le commentaire de Rachi sur le verset Choftim 17, 20.
(11) Voir, à ce propos, les Rechimot, tome 161, à partir de la page 7 et la lettre n°5045.