Lettre n° 9445

Par la grâce de D.ieu,


5 Chevat 5728,
Brooklyn, New York,


Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, se consacre
aux besoins communautaires, aux multiples
accomplissements et aux comportements vertueux,
le Rav Chear Yachouv Cohen(1),


Je vous salue et vous bénis,


Je viens de recevoir votre lettre de Roch ‘Hodech Tévet, qui m’est parvenue par courrier ordinaire. Je vous remercie d’avoir éclairci la question relative à la vieille ville de Jérusalem, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie et de m’en avoir fait part. Ce qui éveille mes craintes et, pour ma douleur, il s’agit de bien plus qu’une simple crainte, ne provient pas des milieux que vous avez interrogés et dont vous me transmettez la réponse, mais bien de ceux qui, lors de la conquête de la vieille ville, sont intervenus, ont exercé des pressions et ont satisfait leur exigence sur la manière de la conquérir(2), même s’il était d’emblée bien évident que cette méthode surprenante coûterait des vies. Leur argument était que l’on doit procéder de la sorte à cause de la réaction des non-Juifs, comme si l’on ne savait pas que leur attitude est basée sur le principe selon lequel : “ c’est une Hala’ha, on sait que Essav éprouve de la haine pour Yaakov ”(3). Et, en fonction de la situation, on adapte le prétexte, Amatla, dont on sait qu’on peut aussi le lire Emet Lo, ce qui n’est pas la vérité. Vous devez bien comprendre ce que je veux dire. Il est difficile d’en dire plus, car cela est particulièrement douloureux, du fait du sang qui a été versé. Et, il semble que l’on maintienne la ligne selon laquelle l’avis des non-Juifs est prépondérant en la matière, ce qu’à D.ieu ne plaise.


Bien entendu, ce qui vient d’être dit n’a pas pour but d’accuser le moindre Juif, ce qui n’est ni mon habitude, ni ma manière d’agir. Bien plus, la Michna(4) dit : “ Ne juge pas ton prochain avant de te trouver à sa place ”. Je veux simplement expliquer ma conception et ma position sur la situation, de même que la relation que l’on doit avoir avec la vieille ville, en fonction de ce dont nous avons parlé ici. J’ai reçu ces informations, concernant ces milieux, d’une manière confidentielle. C’est pour cela que je n’en ai pas fait état lors de notre discussion, ici. En outre, je pensais que vous en aviez vous-même connaissance. Toutefois, votre lettre indique qu’au moins quelques points ne vous en sont pas connus. Or, ceci a une incidence sur l’action concrète. De plus, il est une Injonction de s’acquitter de son devoir devant D.ieu et devant Israël(5). De ce fait, je me dois de vous écrire tout cela. Je suis certain que ceci restera entre nous et que ma lettre conservera un caractère confidentiel.


J’ai été particulièrement satisfait de la réunion qui a eu lieu dans la synagogue ‘Habad de la vieille ville de Jérusalem, “ ville d’une grande unité ”(6), comme vous le rapportez à la fin de votre lettre. Puisse D.ieu faire que s’accomplisse enfin, encore pendant le temps de l’exil, la promesse selon laquelle : “ c’est de Sion qu’émanera la Torah et la Parole de D.ieu, de Jérusalem ”(7), à la fois de sa vieille ville et de la nouvelle. De la sorte, conformément à la promesse de nos Sages(8), l’Eternel hâtera le terme de notre exil et nous mériterons la venue du libérateur, de notre juste Machia’h, lors de la délivrance véritable et complète. Avec mes respects et ma bénédiction,


Notes


(1) Voir, à son sujet, la lettre n°8447. Sur le contenu de cette lettre, la situation en Terre Sainte, on verra les lettres n°9513, 9514 et 9549.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°9549.
(3) Selon le commentaire de Rachi sur le verset Vaychla’h 33, 4.
(4) Dans le traité Avot, chapitre 2, à la Michna 4.
(5) Matot 32, 22.
(6) Tehilim 122, 3. Voir le Yerouchalmi, traité ‘Haguiga, chapitre 3, au paragraphe 6.
(7) Ichaya 2, 3.
(8) Voir le traité Chabbat 138b, qui dit : “la Parole de D.ieu, c’est le terme de l’exil”.