Lettre n° 9394

Par la grâce de D.ieu,


12 Mar ‘Hechvan 5728,
Brooklyn, New York,


Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, le Rav Its’hak(1),


Je vous salue et vous bénis,


Je fais réponse à votre remarque, qui concerne, de fait, l’étude du ‘Houmach, de ce jour(2), le verset 20, 12. Le Biyoureï Ha Zohar, Parchat Emor, dans le discours ‘hassidique intitulé : “ Et, Yom Kippour ”, à la page 82, dit : “ Ceci semble indiquer qu’une union entre les phases célestes, à Chemini Atséret, permette la naissance des âmes. Selon ce qu’il paraît, cette idée est difficile à admettre car, après tout, Chemini Atséret est également une fête. Or, il est dit, à propos de toutes les fêtes, que les unions qui s’y effectuent n’ont d’autre but que de renforcer celles qui existaient déjà au préalable, mais non de donner naissance aux nouvelles ”.


Or, une telle union se passe effectivement à Chemini Atséret. Bien plus, cette fête est(3) le temps normal, dans l’ordre de l’année(3), pour la naissance des âmes. Telle est l’interprétation(3) qu’il faut adopter, dans plusieurs écrits du Ari Zal, commentant la signification de Chemini Atséret, notamment le Chaar Ha Kavanot(4), le Péri Ets ‘Haïm(5), le Michnat ‘Hassidim(6) et le Sidour(7). On verra aussi le Zohar, tome 3, à la page 214b.


On consultera aussi ces écrits du Ari Zal, précisant que, la première fois, Adam, le premier homme, bien que ce fut à Roch Hachana(8), n’attendit pas la soirée du Chabbat. Il n’y eut donc pas d’union entre l’élément masculin et l’élément féminin pendant le premier Chabbat, de sorte que leur relation fut retardée jusqu’à Chemini Atséret(3).


Pour ce qui est de la question précédemment posée, l’union de Chemini Atséret ne se produit pas parce qu’il s’agit d’une fête, mais à cause de sa particularité, son caractère de Sim’hat Torah(9). Et, vous consulterez, à ce sujet, le Likouteï Torah, Parchat Bera’ha, à partir de la page 94d et les références qui y sont indiquées. Selon les termes du Zohar, tome 3, cité à cette référence du Likouteï Torah : “ Le huitième jour marque la joie de la Torah. En effet, l’union, en toute chose, est comparable(3) à l’union physique ”, ce qui fait allusion à la force intellectuelle de la découverte, ‘Ho’hma(10).


Certes, il(11) ne détaille(3) pas tout cela, dans le Biyoureï Zohar. Néanmoins, il ne précise pas non plus la différence entre Yom Kippour, jour en lequel une relation physique est interdite(3) et les jours de semaine. Tout cela est présenté dans une même catégorie.


Le Tanya, dans Iguéret Ha Kodech, à la page 130b, écrit : “ La création des âmes, par l’Attribut de Royauté, Mal’hout, du monde d’Atsilout(3), se révèle dans celui de Brya ”. Ceci nous permet de comprendre ce qui est expliqué(12) à différentes références(3), le fait que la gestation et la naissance des âmes se produisent à Chemini Atséret et à Chevii Chel Pessa’h. Il est précisé, par ailleurs(13), que les érudits de la Torah ont une relation conjugale tous les vendredis soirs afin de révéler des âmes nouvelles. En fait, le “ réservoir ”, duquel émanent ces âmes, selon le traité Avoda Zara 5a, se trouve à un stade plus bas, ce qui justifie la question qui est posée par les Tossafot(14). On verra aussi le Ets ‘Haïm, “ porte des eaux féminines et des eaux masculines ”, au chapitre 1. Rachi souligne(15) : “ d’emblée ”, ce qui exclut le Chemini Atséret de chaque année, mais l’on peut l’interpréter de différentes façons, en particulier d’après l’affirmation de nos Sages, dans le Midrash Chemot Rabba, chapitre 40, au paragraphe 2, selon laquelle toutes les âmes étaient incluses en Adam, le premier homme, mais ce point ne sera pas développé ici. Avec mes respects et ma bénédiction,


Notes


(1) Le Rav I. Hutner. Voir, à son sujet, la lettre n°6932.
(2) Le passage du Biyoureï Ha Zohar, de l’Admour Haémtsahi sur lequel porte cette lettre est un commentaire du Zohar, tome 3, à la page 100b, qui dit : “Rabbi Abba envoya dire… ‘et, de fait, elle est bien ma sœur, par mon père’”, verset qui figure effectivement dans l’étude du ‘Houmach de ce jour.
(3) Le Rabbi souligne les mots : “est”, “année”, “interprétation”, “Chemini Atséret”, “comparable”, “détaille”, “interdite”, “Atsilout” et “différentes références”.
(4) Partie sur Soukkot, au neuvième commentaire.
(5) Porte du Loulav, au chapitre 8.
(6) Traité “ jours de Mitsva et Soukka ”, au chapitre 12.
(7) Sidour du Ari Zal, journée de Chemini Atséret.
(8) Il fut créé à Roch Hachana et non à Chemini Atséret.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “Et l’on peut dire que la particularité de Chemini Atséret, l’intériorisation de la Torah, apparaît en allusion aussi dans le traité Soukka 48a, qui cite un moyen mnémotechnique, Pazer Kachev, pour établir que Chemini Atséret est une fête indépendante et l’Admour Hazaken explique, dans le Likouteï Torah, Chemini Atséret, à la page 91b : ‘Ecoute (Kachev) les paroles de la Torah après qu’il y ait eu dispersion (Pazer)’. Ceci justifie que l’on emploie précisément le mot Kachev, comme l’expliquent nos Sages, dans le traité Bera’hot 6a”. Le Rabbi souligne, dans cette note, les mots : “particularité”, “intériorisation” et “indépendante”.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “Pour autant, il ne s’agit pas d’un Chabbat et l’on peut donc y effectuer tous les travaux à vocation alimentaire. De fait, on trouve une preuve encore plus forte, en ce sens, à l’origine de celle qui est donnée ici, dans le fait qu’il est permis d’effectuer tous les travaux à Pourim. On consultera aussi le Torah Or, à la page 99d. Cette analyse devrait être approfondie, mais on ne le fera pas ici. Et, l’on verra, en outre, le Or Ha Torah, Chemini Atséret, à la page 1817”.
(11) L’Admour Haémtsahi.
(12) Dans les écrits du Ari Zal mentionnés ci-dessus.
(13) Voir le Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Haïm, chapitre 240, au paragraphe 1, Even Ha Ezer, chapitre 76, au paragraphe 2. On verra aussi les Biyoureï Ha Zohar, de l’Admour Haémtsahi, à la même référence.
(14) A cette référence du traité Avoda Zara, ils expliquent : “Peux-tu imaginer que ce réservoir se vide parce que les âmes le quitteraient lorsque des non-Juifs donnent naissance ?”.
(15) A la même référence, il dit : “Il existe un réservoir, qui s’appelle le Gouf. Toutes les âmes devant prendre corps ont été créées d’emblée et y ont été placées”.