Lettre n° 9383

Par la grâce de D.ieu,


‘Hol Ha Moéd Soukkot 5728,
Brooklyn, New York,


Je vous salue et vous bénis,


J’ai bien reçu votre lettre du 15 octobre et j’y ai lu avec plaisir que vous tenez en haute estime l’abnégation pour le Judaïsme, au point de considérer comme une évidence qu’il faille ordonner aux Juifs de faire don de leur vie, de se mettre en danger, avec leur épouse et leur enfants, puis de continuer encore à le faire, après avoir adopté cette attitude pendant des dizaines d’années, en affrontant toutes les difficultés. Ceci me donne l’espoir, un bon espoir, que vous-même, qui vous trouvez dans un endroit où l’on peut diffuser le Judaïsme sans courir le moindre danger, sans faire don de sa propre personne, bien plus en en tirant de l’honneur, en étant cité dans les journaux, vous ne vous reposez pas et, à n’en pas douter, vous agissez le plus largement possible pour la cause juive, que vous ne laissez pas non plus vos proches, vos bons amis, toutes vos connaissances se reposer, afin de ne pas laisser échapper la moindre opportunité de diffuser le Judaïsme dans le cercle familial comme au-delà de ce cercle. De la sorte, vous pourrez expliquer que vous-même, qui demandez sans cesse aux hommes, aux femmes et aux enfants de ne pas quitter ce pays(1), quitte à courir le risque d’être envoyé, pendant des années, dans des contrées glaciales(2), comme cela a très souvent été le cas au cours des cinquante dernières années, car vous pensez qu’une telle attitude est nécessaire pour maintenir le Judaïsme là-bas, vous ne pouvez bien évidemment pas vous reposer et confier à d’autres personnes la mission de répandre le Judaïsme ici, dans les conditions précédemment définies(3).


J’espère que vous n’interpréterez pas ce qui est dit ci-dessus comme l’expression d’une colère ou d’un sentiment similaire, ce qu’à D.ieu ne plaise. En fait, mon intention est surtout de faire enfin comprendre aux Juifs d’Amérique ce que l’on attend d’eux, c’est-à-dire des actions concrètes, en commençant par leur propre personne, leur épouse, leurs enfants, leurs petits-enfants, leurs proches, leurs bons amis, leurs connaissances. Et, ces actions sont précisément celles que vous attendez de ces Juifs, dans ce pays, c’est-à-dire mettre les Tefillin, respecter la Cacherout, le Chabbat et les fêtes, observer la pureté familiale, éduquer les enfants afin qu’ils soient prêts à faire don de leur propre personne, d’une manière positive, sans être soumis à la moindre épreuve, qu’ils basent leur existence sur cette démarche.


Et, lorsque les enfants ne peuvent pas supporter qu’on leur “ dicte ” le comportement qu’ils doivent avoir, quand ils n’en tiennent pas fortement compte, il appartient aux parents de faire preuve d’abnégation, d’intensifier leur effort et l’influence qu’ils exercent. De fait, un tel(4) don de soi n’est nullement comparable à celui de ces Juifs, dans ce pays. Je serais heureux d’avoir de vos nouvelles, d’apprendre que vous mettez tout cela en pratique de la manière la plus large(4) et avec toute la passion(4) qui convient. Avec ma bénédiction pour une joyeuse fête,


(du fait de la sainteté de la fête,
le Rabbi Chlita n’a pas signé
la présente)


Notes


(1) La Russie soviétique.
(2) En Sibérie.
(3) Alors qu’il est aisé de le faire.
(4) Le Rabbi souligne les mots : “tel”, “large” et “passion”.