Lettre n° 9378

[Eté 5727]


Questions(1) : Il a été expliqué que cette guerre était une Mitsva(2). A ceci s’applique ce que dit le Rambam, à la fin du chapitre 7 de ses lois des rois : “ On saura que l’on mène le combat pour l’unité de D.ieu. C’est alors que l’on reçoit une assurance de Sa part ”. Or, on peut formuler, à ce sujet, les questions suivantes :


1. Une guerre de Mitsva est concevable uniquement quand Israël a un roi[A], comme l’explique le Rambam, dans ses lois des rois, à partir du chapitre 5.


2. On peut aussi expliquer cette situation en fonction de ce qu’explique le Rambam, dans ses lois du Chabbat, chapitre 2, au paragraphe 23[B] : “ lorsque des non-Juifs attaquent des villes juives, on prend les armes contre eux[C) et l’on est autorisé à transgresser le Chabbat pour le faire ”.


3. Le Rambam, dans ses lois des rois, chapitre 7, au paragraphe 15, précise : “ leur intention sera uniquement de sanctifier le Nom de D.ieu ”. Or, en l’occurrence, ils étaient, pour la plupart[D], très éloignés de cette intention. Nombreux sont ceux qui, avant cela[E] n’étaient pas pratiquants et ne le devinrent pas par la suite. Dès lors, comment dire : “ Ils bâtiront une demeure fidèle en Israël et mériteront le monde futur ” ? Bien plus, le Rambam, à la fin de ce paragraphe, précise que ces bénédictions sont accordées à ceux qui ne transgressent pas les Interdits[F].


4. Y a-t-il eu là un miracle de D.ieu[G] ? Est-il concevable que D.ieu l’ait réalisé par l’intermédiaire de ceux qui sont opposés à Lui[H] ?


Réponses :


[A] On peut réellement s’interroger, à ce sujet, comme on en parlait avec le Rav Y.(3), avant la réunion ‘hassidique(4). En effet, s’il en était ainsi,
1. les combats qui eurent lieu pendant l’intervalle entre Yochoua et Chaoul ne seraient donc pas des guerres de Mitsva(5) et peut-être est-ce pour cela que Rachi, commentant le traité Sotta 44b, dit : “ à l’époque de Yochoua ”(6),
2. cela voudrait dire que le Talmud n’explique pas du tout(7) les guerres qui eurent lieu à la fin de la période du second Temple, à l’époque de la Michna, auxquelles plusieurs Sages participèrent,
3. il ne s’agit pas du tout de guerre de Mitsva et plus encore(7). Il faut consulter, à ce propos, les éléments des premières époques figurant dans le livre de Yossiphon(8), à propos de Yossef Ben Gouryon, qui dit que l’on nomma alors un Cohen qui reçut l’onction pour la guerre. On verra aussi le Séder Ha Dorot, à propos de l’année 3825. En tout état de cause, ce n’est pas ce que je voulais dire(9), comme je le montrerai plus loin(7) et comme le rapporte aussi le Morgen Journal(10). Il faut, en outre, consulter le commentaire du Ramban sur le verset Vaye’hi 49, 10, relatif à la guerre de ‘Hanouka.


[B] J’ai clairement(7) cité : “ pour du foin ou de la paille, ou bien pour ôter la vie ”, conformément à la formulation du Rambam, à cette référence. La Guemara(11) et les Décisionnaires précisent(7) que ceci s’applique à notre époque et à l’extérieur d’Erets Israël. Et, le Rambam emploie le terme(12) de Mitsva(7), bien qu’il ne soit pas évident qu’il s’agisse, jusque dans le moindre(7) détail, de la guerre(7) de Mitsva qui est définie par le traité Sotta.


[C] Cette guerre était une Mitsva(7) d’après la Torah, comme le précise le Rambam, à cette référence. On peut donc lui appliquer l’affirmation du Rambam, à la fin du chapitre 7 de ses lois des rois, selon laquelle : “ il doit savoir qu’il combat pour l’Unité du Nom de D.ieu ”, ce qui se rapporte à “ l’aide d’Israël contre un ennemi(7) qui attaque ”, selon le début du chapitre 5(13). On verra aussi, notamment, le verset Ze’harya 2, 12(14). Et, il n’y a aucune raison(7) d’établir une distinction dans la relation entre l’Unité de D.ieu et la protection contre l’ennemi, selon qu’Israël a un roi ou non.


[D] C’est vrai pour la plupart(7), mais non pour la totalité.


[E] Avant(7) de partir pour cette guerre de défense et peut-être même après cela, ils ne sont pas pratiquants. Pour autant, quelques-uns d’entre eux évoluent et ils se motivent lors du danger évident(7), comme ce fut effectivement le cas, en l’occurrence. La promesse(15) s’applique donc car ils se battent(7) effectivement pour les guerres de D.ieu. Ceci(16) est mentionné également à propos d’un autre point important, par exemple la priorité(7) de Zevouloun par rapport à Issa’har. Celui qui combat peut effectivement obtenir toutes ces bénédictions, qui ne sont pas mentionnées, en revanche, pour ce qui les protège et protège tous les enfants d’Israël(17), c’est-à-dire l’étude de la Torah(7) en pensant à l’unité de D.ieu.


[F] Bien au contraire, le Rambam dit(18) : “ comme son nom l’indique ” et il ne cite pas l’avis de Rabbi Yossi Ha Guelili.


[G] Bien évidemment, le sauvetage de deux millions et demi de Juifs, en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, de même que celui des Yechivot, est un miracle du ciel, appartenant au domaine de la sainteté. Si ce n’était pas le cas,
1. pourquoi et pour quelle raison aurait-on demandé qu’on lise des Tehilim(19) à Williamsburg(7) ?
2. quel résultat(7) attendrait-on d’une telle lecture ?


[H] On sait qui était le docteur Kastner et, malgré cela, le salut vint par son intermédiaire. En effet, “ le juge statue uniquement en fonction de ce qu’il observe de ses propres yeux ”(20). Que l’on interroge donc les juges de Jérusalem et qu’on leur demande si des miracles se sont produits. Que l’on interroge, en particulier, le rabbin et président du tribunal rabbinique de la communauté orthodoxe(21), le Rav Pin’has Epstein. Vous devez comprendre ce que je veux dire.


Notes


(1) Voir le Hé’hal Mena’hem, tome 1, à la page 160.
(2) Ceci est la réponse du Rabbi à l’un des Rabbanim, qui l’interrogeait sur les propos qu’il avait tenus lors de la réunion ‘hassidique du 12 Tamouz 5727, puis du Chabbat suivant, à propos des miracles survenus pendant la guerre des six jours.
(3) Peut-être le Rav Ephraïm Eliézer Yalles, de Philadelphie.
(4) Voir aussi la causerie du Chabbat Parchat Masseï 5727, qui revient sur certains points mentionnés ici.
(5) En effet, Chaoul était roi et Yochoua était également considéré comme tel, comme le dit le Rambam, dans ses lois du Sanhédrin, à la fin du chapitre 18 et dans ses lois des rois, chapitre 1, au paragraphe 3. Dans l’intervalle, en revanche, il n’y eut pas de roi.
(6) Rachi indique : “Les guerres de Mitsva sont, par exemple, celles de la conquête d’Erets Israël, à l’époque de Yochoua”.
(7) Le Rabbi souligne les mots : “pas du tout”, “plus encore”, “plus loin”, “clairement”, “précisent”, “Mitsva”, “dans le moindre”, “guerre”, “Mitsva”, “ennemi”, “aucune raison ”, “la plupart”, “avant”, “lors du danger évident”, “se battent”, “priorité”, “étude de la Torah”, “Williamsburg”, “résultat” et “que l’on interroge, en particulier, le rabbin et président du tribunal rabbinique de la communauté orthodoxe, le Rav Pin’has Epstein”.
(8) Flavius Joseph.
(9) Il ne s’agit pas ici de la guerre de Mitsva qui permit la conquête des sept peuples, comme l’indique le traité Sotta, mais bien de celle qui est une Mitsva de la Torah car elle permet de sauver des Juifs du danger auquel ils sont exposés, du fait de leurs ennemis.
(10) Ce périodique rapportait sûrement un extrait de la causerie du Chabbat Parchat Pin’has, 14 Tamouz 5727.
(11) Voir le traité Erouvin 45a.
(12) Le Rambam dit : “ Il est une Mitsva, pour tout Israël, dans la mesure du possible, de venir et d’aller aider les frères qui sont assiégés, afin de les sauver ”.
(13) Dans lequel le Rambam dit : “Quelle est la guerre de Mitsva ? Lorsque Israël apporte son aide contre un ennemi qui attaque”.
(14) Qui dit : “Celui qui vous touche s’en prend à la prunelle de Son œil”. La guerre qui sauve Israël de ses ennemis est donc bien pour l’Unité de D.ieu.
(15) Selon laquelle : “ils ne seront pas touchés et ne connaîtront pas le mal, ils bâtiront une demeure fidèle en Israël et mériteront le monde futur”.
(16) Les bénédictions accordées à ceux qui se rendent à la guerre.
(17) Voir le traité Sanhédrin 49b (et son commentaire de Rachi) : “S’il n’y avait pas David (qui se consacrait à l’étude de la Torah), Yoav n’aurait pas pu faire la guerre (car il était protégé par le mérite de David)”. Malgré cela, il n’est pas dit qu’à celui qui étudie la Torah en pensant à l’unité de D.ieu soient accordées toutes ces bénédictions. On verra, à ce propos, la longue explication de la causerie du Chabbat Parchat Pin’has 5727.
(18) Le Rambam dit : “celui qui a peur et qui a le cœur faible, comme son nom l’indique, est celui qui n’a pas le courage de se tenir à la guerre”. Tel n’est pas l’avis de Rabbi Yossi Ha Guelili, dans le traité Sotta 45a, qui le définit comme : “celui qui a peur, du fait des fautes qu’il a commises”.
(19) Dans les communautés opposées à l’idéologie sioniste.
(20) Selon le traité Baba Kama 131a.
(21) Elle-même affiliée à cette idéologie antisioniste.