Lettre n° 9370

Par la grâce de D.ieu,


jours de Seli’hot 5727,
Brooklyn, New York,


Aux fils et filles d’Israël,
partout où ils se trouvent,
que D.ieu vous accorde longue vie,


Je vous salue et vous bénis,


Nous sommes(1) à la conclusion de 5727, une année de Hakhel(2), la Mitsva particulière que l’on accomplissait une fois tous les sept ans(3), durant l’année suivant la Chemitta, en réunissant(2) le peuple, hommes, femmes et enfants, dans le Temple, avec pour objectif de les encourager et de les renforcer dans la Torah et les Mitsvot pratiquées avec crainte de D.ieu(4).


Comme tout ce qui appartient à la Torah, Torah de vie(2), enseignement pour la vie, la Mitsva du Hakhel se reflète également en différents aspects de l’existence quotidienne. Nous nous pencherons ici sur l’un de ces aspects, au cours de ces jours de bilan moral devant apporter les conclusions et les résolutions qui s’imposent, afin de se préparer à une nouvelle année qui sera meilleure, en tout point. Mais, nous introduirons, tout d’abord, une notion préalable.


* * *


La vie d’un homme reçoit, de façon générale, trois formes d’expression(5), la pensée, la parole et l’action(2). Selon un principe établi, rien ne se perd totalement et il en est bien ainsi pour les pensées, les paroles et les actions(2) de chaque homme(6). De fait, celles d’hier, d’avant-hier ou d’encore avant cela n’ont pas disparu. Elles exercent une influence aujourd’hui et elles le feront encore demain. On peut, du reste, en observer concrètement les résultats effectifs, pour soi-même et pour tout son entourage.


On ajoutera, en outre, un second point. Il peut sembler qu’une action, dès lors qu’elle est accomplie, échappe au contrôle de l’homme, car on ne revient pas sur le passé et nul ne peut le faire revivre. Mais, en réalité, une telle conception n’est pas exacte. En effet, D.ieu a accordé à l’homme un pouvoir divin, celui de la Techouva(2), qui peut modifier également le passé. Car, la Techouva ne transforme pas uniquement l’approche que l’on adoptera à l’avenir. Elle peut aussi agir, de manière directe(2), sur le passé, le modifier et même le changer totalement. Grâce à elles, les actions peu recommandables perdent leur aspect condamnable, “ les fautes intentionnellement commises deviennent comme si elles avaient été faites par inadvertance ”(2). Bien plus, il est même possible d’en faire des accomplissements positifs et, dès lors(7), “ les fautes intentionnellement commises se transforment en bienfaits ”(2).


Il est également un autre point. Certaines pratiques se révèlent, à des moments biens précis, avec plus d’enthousiasme et d’attention qu’en d’autres périodes. Tout ceci nous conduit à définir la particularité du Hakhel(2), à l’heure actuelle.


* * *


Chaque année, quand revient cette période, un homme doit établir un bilan moral de ses pensées, de ses paroles et de ses actions(2) au cours de l’année qui vient de s’écouler. Ceci le prépare à Roch Hachana car, en ce jour, il acceptera la souveraineté absolue du “ Créateur du monde ”(2) et du “ Roi du monde ”(2). Or, il doit en être de même, avec encore beaucoup plus de soumission et de motivation, à l’issue d’une année de Hakhel(2). En effet, en sa portée morale, le Hakhel(2) rappelle et demande que l’on réunisse ses pensées, ses paroles et ses actions(8), afin de les placer en son Temple intérieur(9), en se soumettant totalement au Roi, à D.ieu(10).


A la conclusion de cette année, celle du Hakhel(2), un Juif doit donc établir un bilan moral spécifique, dans l’esprit de cette Mitsva. Il lui faut prendre la ferme résolution de transformer ses pensées, ses paroles et ses actions, en son existence quotidienne, chaque fois que cela est nécessaire. Il doit corriger et améliorer celles qui nécessitent une plus grande plénitude. Il doit introduire plus d’enthousiasme et d’entrain en celles qui ont été irréprochables uniquement par rapport à la situation morale des mois ordinaires, afin de les vivifier par l’esprit de la période actuelle, à la veille(11) du couronnement du Roi(2). En pareil cas, les pensées, les paroles et les actions doivent être totalement différentes, bien plus élevées.


On obtiendra ainsi une pleine révélation de la Divinité en son existence personnelle, dans son entourage et dans le monde entier(12), conformément aux termes de la prière : “ Règne sur le monde entier(2)… et l’on saura(2)… et l’on comprendra(2)… et tous les êtres qui respirent proclameront : L’Eternel D.ieu d’Israël est Roi. Sa royauté s’étend à tous(2) ”.


Si l’on se dit que rien n’est perdu, on comprendra qu’il n’y a pas lieu d’être triste et morose, non seulement pour l’avenir, mais aussi pour le passé. Bien au contraire(13), on a la certitude absolue que D.ieu révèle Sa Providence à chacun et à chacune, qu’Il accorde Son aide pour chaque mouvement positif(14), pour chaque accomplissement. On peut ainsi envisager les préparatifs de la nouvelle année dans la plus grande joie(15). Et, même s’il y a effectivement lieu de s’affecter, en ce qui concerne certaines actions réalisées au cours de cette année, on aura l’immense joie de pouvoir se dire que D.ieu a accordé les moyens de transformer même les fautes intentionnellement commises, ce qu’à D.ieu ne plaise, en bienfaits. Et, bien entendu, ce qui est accompli avec joie et conviction, s’avère être beaucoup plus fructueux. D.ieu fasse que chacun et chacune, au sein de tout Israël, saisissent pleinement toutes ces opportunités, dans la joie et dans l’enthousiasme. Avec ma bénédiction afin que vous soyez inscrits et scellés pour une bonne année,


Mena’hem Schneerson,


Notes


(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 9, à la page 447.
(2) Le Rabbi souligne les mots : “Hakhel”, “réunissant”, “Torah de vie”, “la pensée, la parole et l’action”, “les pensées, les paroles et les actions”, “Techouva”, “directe”, “les fautes intentionnellement commises deviennent comme si elles avaient été faites par inadvertance”, “les fautes intentionnellement commises se transforment en bienfaits”, “Hakhel”, “de ses pensées, de ses paroles et de ses actions”, “Créateur du monde”, “Roi du monde”, “une année de Hakhel”, “Hakhel”, “celle du Hakhel”, “couronnement du Roi”, “règne sur le monde entier”, “saura”, “comprendra” et “et tous les êtres qui respirent proclameront : L’Eternel D.ieu d’Israël est Roi. Sa royauté s’étend à tous”.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°9217.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le verset Vayéle’h 31, 12 : ‘Rassemble… afin qu’ils apprennent à craindre l’Eternel votre D.ieu et s’empressent de faire…’. Le Rambam, au début du chapitre 3 de ses lois de ‘Haguiga, dit : ‘Il est une Injonction de les réunir et de lire les passages qui les encouragent à la pratique des Mitsvot, les renforcent dans la foi véritable’”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir, à ce propos, le Tanya, au début du chapitre 4 et au début du chapitre 6”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le Tanya, au chapitre 29, à la page 36b et Iguéret Ha Techouva, au chapitre 6. Le Zohar, tome 3, page 121b, mentionne uniquement l’action et la parole. On peut le justifier d’après le début du Kountrass A’haron du Tanya, commentant le Zohar, tome 3, à la page 105a, mais cette analyse pourrait encore être approfondie”.
(1) Le Rabbi note, en bas de page : “Traité Yoma 86b et commentaire de Rachi, qui dit : ‘la faute est totalement déracinée’. Et, la Hala’ha, au traité Ketouvot 74b, en retient le principe pour une femme qui se marie à la condition de ne pas avoir fait de vœu et se rend ensuite chez un Rav après son mariage, afin de se délier de son vœu. Quand il a fait ce qu’elle demande, son mariage acquiert une validité rétroactive”. Le Rabbi souligne, dans cette note : “après son mariage” et : “validité rétroactive”.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le Likouteï Torah, à la Parchat Tetsé, pages 36a et 37a”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “Ainsi qu’il est dit (Terouma 25, 8) : ‘Ils Me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux’, comme l’explique le Chneï Lou’hot Ha Berit, porte des lettres, à la lettre Lamed. Voir le verset Yermyahou 7, 4 et le Likouteï Torah, au début de la Parchat Pekoudeï”. Le Rabbi souligne, dans cette note : “parmi eux”.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “De fait, la Mitsva du Hakhel consiste à ‘écouter la lecture du roi et considérer qu’on l’a entendue directement de D.ieu, car le roi est Son émissaire, chargé de transmettre Ses Paroles’, selon les termes du Rambam, à la fin des lois de ‘Haguiga”.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “Qui a lieu à Roch Hachana, selon le traité Roch Hachana 16a. Ce fut effectivement le cas, lors du premier Roch Hachana, comme le rapporte le traité Roch Hachana 31a et les Pirkeï de Rabbi Eléazar, au chapitre 11”.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “Dans tous les mondes, Assya, Yetsira, Brya et Atsilout, de même que dans les forces du mal, afin de les réduire, selon le Michnat ‘Hassidim, au traité ‘Veille de Roch Hachana’, chapitre 8, Michna 2”.
(13) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le Tanya, à partir du chapitre 26”.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “Le traité Yoma 38b dit : ‘On vient en aide à celui qui veut se purifier’”. Le Rabbi souligne, dans cette note : “celui qui veut”.
(15) Le Rabbi note, en bas de page : “De fait, la Mitsva du Hakhel est pratiquée pendant ‘le temps de notre joie’. Selon les termes du ‘Hinou’h, à la Mitsva n°612 : ‘L’une des sources de cette Mitsva consiste à se réunir et à accumuler un mérite positif, afin que l’Eternel Se réjouisse de Ses créatures”.