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Semaine 10

  • Pekoudeï
Editorial
Quand les tyrans vacillent

Il y a toujours quelque chose de profondément réjouissant lorsque les tyrans, souvent sanguinaires, vacillent. Il est toujours réconfortant de pouvoir se dire que, au-delà des incantations rituelles, les peuples sont vraiment souverains et que, pour peu qu’ils élèvent la voix, tout cède devant leur volonté. Certes, nul ne sait sur quoi déboucheront les mouvements de colère qui agitent une large partie du monde. Nul ne sait si l’issue finale sera celle d’une paix et d’une liberté nouvelles ou si les lendemains rêvés seront vite confisqués par tous ceux que les beaux rêves effraient et qui, de-ci de-là, laissent déjà poindre leurs hideux visages. Mais il faut sans doute savoir donner sa chance au bonheur. Les peuples se soulèvent et leur expression massive constitue témoignage.
Le peuple juif, tout au long de sa longue histoire, a vu grandir et aussi tomber les monarques orgueilleux et les despotes sûrs de leur destin exceptionnel, de toutes sortes et de tous horizons. Il a comme une certaine expérience de ces choses ainsi que la compréhension de la vindicte des peuples outragés. Les regarder, c’est aussi vivre en soi un mouvement du même type. Car l’homme même n’est-il pas, pour reprendre l’expression des Sages, un « petit monde » ? Comme si les événements autour de nous ne pouvaient que soulever de bien forts échos dans la conscience de chacun ? Comme si la liberté de tous ne pouvait être que la résultante de celle conquise par chacun ? Et si tout justement commençait par là...
Si tout commençait, dans notre esprit et dans notre âme, par une grande voix qui monte, par l’expression de notre volonté souveraine et absolue, pure expression de ce que nous sommes ? C’est qu’un tyran spirituel est depuis toujours à l’œuvre pour nous enchaîner. Sans cesse, il entrave les mouvements naturels du cœur et la pensée pour mieux décourager l’action. Historiquement, il s’est appelé Amalek, Haman etc. En nous, il est ce qui détourne de la voie droite, la « route royale », tracée par D.ieu, qui mène de la création du monde à son aboutissement ultime. Mais rien ne résiste à la volonté. Il est enfin temps que le tyran cède la place. Voici venir le moment vrai de la Liberté.
Etincelles de Machiah
Tout est entre nos mains

Le Tanya (chap. 37) enseigne : “Cet accomplissement ultime du temps de Machia’h et de la résurrection des morts, qui est la révélation de la Lumière Divine infinie dans ce monde, dépend de nos actions et de notre travail pendant tout le temps de l’exil”.
La période actuelle est celle des “talons de Machia’h”, au sens où elle précède immédiatement sa venue. Ainsi chacun doit ressentir cette idée constamment, dans son service de D.ieu quotidien. Lorsqu’on ressent profondément et sincèrement que l’effort que l’on fait, la Torah que l’on étudie hâtent la venue de la Délivrance et entraînent le monde à son parachèvement en faisant la “résidence de D.ieu ici-bas”, alors il est bien clair que l’on ne peut que redoubler d’enthousiasme afin de mener le processus à son terme aussi vite que possible

(d’après Likouteï Si’hot, vol. XXI, p.18) H.N.
Vivre avec la Paracha
Pekoudeï : Parachat Chekalim

Nous avons tourné quelques pages de notre calendrier et voilà qu’une nouvelle saison de fête s’annonce bientôt: Pourim puis Pessa’h approchent à grands pas. Ces jours requièrent une préparation. C’est dans ce but que nous entamons, cette semaine, une ascension en quatre étapes afin de nous améliorer. Durant quatre Chabbat, nous lisons une section spécifique de la Torah, en anticipation de la rédemption spirituelle que nous espérons atteindre ce Pourim et ce Pessa’h.

En bref, voici ce que sont ces quatre étapes:
Parachat Chekalim: le commandement de verser une fois par an un demi chekel destiné à la trésorerie du Temple.
Parachat Za’hor: l’obligation d’annihiler la nation impie d’Amalek.
Parachat Para : la purification rituelle obtenue par l’intermédiaire de la dispersion des cendres de la Vache Rousse.
Parachat Ha’hodech : la Mitsva de sanctifier la nouvelle lune et l’obligation de consommer de la Matsa et des herbes amères au Séder de Pessa’h.

Cette semaine, donc, nous lisons la Parachat Chekalim qui se concentre sur le premier pas qui nous conduira vers la rédemption personnelle: la charité.
Ce processus commence-t-il par l’aide apportée à autrui? Cela paraît étonnant…
Il ne fait aucun doute que la bonté, la charité et la générosité constituent des ingrédients vitaux pour la quête personnelle de spiritualité. Mais ces qualités en sont-elles le point de départ? Et qu’en est-il du combat contre notre penchant négatif (deuxième étape), de la purification de notre être en acceptant le joug divin (troisième étape) ou de l’humilité et d’un renouveau (quatrième étape)? Ne semble-t-il pas plus important de purifier notre propre intériorité avant de nous occuper d’autrui?
L’homme va travailler tous les jours pour obtenir des revenus convenables. Bien souvent, il s’immerge totalement dans cette poursuite de la richesse. C’est la raison pour laquelle les revenus sont si précieux. Après tout, le sang même de notre vie s’écoule dans chaque centime que nous gagnons. Quand nous en prenons une part et la donnons à la Tsédaka (la charité), nous donnons un sens et une signification à tout notre travail hebdomadaire. Nous prouvons que nous sommes désireux de donner à D.ieu notre essence même.
Nos Sages insistent énormément sur les qualités de la Tsédaka allant jusqu’à dire qu’elle est équivalente à toutes les autres Mitsvot combinées! Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi (le fondateur de la ‘Hassidout ‘Habad (1745-1812), explique que là où chaque Mitsva a pour but d’introduire la sainteté dans une partie spécifique de notre être, le membre particulier qui accomplit la Mitsva, la Tsédaka fait exception à cette règle. Les quelques pièces que nous réservons à la boîte de Tsédaka ou le chèque que nous adressons à une œuvre de bienfaisance ont la capacité de sanctifier notre être tout entier.
Pour pouvoir commencer un processus de rédemption, il est donc tout d’abord nécessaire d’imprégner la journée entière d’une aura de sainteté. Ce n’est qu’alors que l’on peut affronter avec succès tous les combats que nous ne manquerons pas de rencontrer dans ce voyage plein de défis mais aussi de satisfactions. La charité a l’aptitude d’imprégner l’activité professionnelle la plus concrète d’un but saint. Et gardons en tête que l’on ne perd jamais rien en donnant de la Tsédaka.

Les fondations en argent
La Paracha Pekoudeï s’ouvre sur l’énumération des différents matériaux offerts par le peuple d’Israël pour l’édification du Michkan, le Sanctuaire portatif qui abritait la Présence Divine dans le camp des Juifs, durant leur voyage dans le désert.
Ces dons incluaient de l’or pour les ustensiles du Michkan (la Ménorah, l’Arche etc.) et le placage de ses murs, de l’argent utilisé pour les socles de fondation dans lesquels les panneaux des murs étaient insérés, du cuivre utilisé pour la fabrication de l’Autel et du Bassin d’Ablutions etc., quinze matériaux en tout.
Pour quatorze de ces quinze matériaux, chaque Juif donnait ce qu’il choisissait et combien il désirait. Le type et les montants donnés ne dépendaient que des ressources et de la générosité des individus qui faisaient ces dons. L’unique exception était l’argent utilisé pour les fondations du Michkan. Ici, D.ieu avait commandé que chacun donne exactement la moitié d’un chékel d’argent: «le riche ne donnera pas plus et le pauvre ne donnera pas moins» (Chemot 30:15).
Chaque personne est différente de l’autre: nous différons par notre intellect, notre caractère, nos talents et notre sensibilité. Mais nous sommes tous égaux à la base de notre relation avec D.ieu, notre engagement profond pour Lui. Ainsi, alors que nous contribuons chacun à la fabrication des différents composants du Sanctuaire selon nos aptitudes individuelles, nous donnons tous la même quantité d’argent qui permettra de construire les fondations. En ce qui concerne les fondations de la relation entre nous et D.ieu, le riche ne peut donner plus et le pauvre ne peut donner moins puisque nous possédons tous de manière égale cet engagement intrinsèque.
C est sur ces fondations que nous construisons chacun notre édifice individuel, une résidence pour D.ieu faite de nos talents, nos aptitudes et nos ressources spécifiques. Les fondations constituent la partie la plus basse, la moins visible de l’édifice. Parfois elles sont enfouies, invisibles, dans le sol. Mais ce sont les fondations d’argent d’un engagement absolu et immuable qui sont la base et le support de tout le reste.
Le Coin de la Halacha
Qu’est-ce que les « quatre Parachiot » ?

Nos Sages ont institué de lire, en plus de la Sidra hebdomadaire, une «Paracha» supplémentaire durant les semaines qui précèdent Pourim et Pessa’h.
• La première s’appelle «Chekalim». Elle rappelle la nécessité pour chacun de donner chaque année un demi-chékel pour l’entretien du Temple et l’achat des sacrifices communautaires. Cette Paracha (Exode 30 – 11 à 16) est lue le Chabbat qui précède Roch ‘Hodech Adar (cette année le Chabbat 5 mars 2011). On sortira donc deux rouleaux de la Torah :
- un pour la Sidra de la Semaine : Pekoudé (sept montées)
- un pour la Paracha Chekalim (un appelé qui lira aussi la Haftara tirée du livre des Rois (11. 17 pour les Séfaradim ou 12. 1 à 17 pour les Achkenazim).
• La seconde s’appelle Za’hor et rappelle la nécessité de se souvenir d’Amalek. Elle est lue le Chabbat précédant Pourim, cette année Chabbat Tsav, 19 mars 2011.
• La troisième s’appelle Para et rappelle la nécessité de se purifier avant la fête de Pessa’h. Elle est lue Chabbat Chemini, 26 mars 2011.
• La quatrième s’appelle Ha’hodech et rappelle l’importance du mois de Nissan et le sacrifice pascal. Elle est lue le Chabbat Tazria, le 2 avril 2011.

F. L.
De Recit de la Semaine
Loubavitch et cow-boy…

Lassé des colonies de vacances ? Essayez donc les excursions avec Rav Michael Harari qui emmène des étudiants de Yechiva dans de réelles aventures, dans des paysages quasi-désertiques des Etats-Unis. Là, les garçons apprennent les techniques de survie et gagnent même des diplômes internationaux. Ainsi formés, les étudiants retournent à la Yechiva, renforcés dans leur détermination d’aller jusqu’au bout et dans leur sens des responsabilités.
L’été dernier, ils s’arrêtèrent dans un ranch tenu par des Mormons, en Idaho. Les propriétaires n’avaient jamais vu de Juifs auparavant et leur offrirent même une nuit gratuite. Mais les étudiants n’étaient pas là que pour profiter du grand air : ils avaient la lourde tâche d’escorter des troupeaux de vaches dans l’arrière-pays.
Bien que les agriculteurs se lèvent tôt, ils furent très impressionnés de constater que les étudiants s’étaient levés encore avant eux (à 4 heures du matin !) pour étudier la Torah ! Après avoir achevé leur prière, les garçons se mirent au travail avec une énergie qui força l’admiration des autochtones. A cheval, ils accompagnèrent les troupeaux, veillèrent au bien-être des animaux, s’occupant de leurs besoins avant même de planter leur propre tente pour s’abriter de la chaleur et préparer leurs propres repas, comme le recommande la Torah.
Leur façon déterminée d’observer toutes les lois de la Torah attira l’attention des fermiers alentour : en effet, les étudiants de Yechiva tenaient à se tremper chaque matin dans un Mikvé ou dans l’eau pure des rivières ; bien sûr, ils mangeaient cachère et respectaient toutes les coutumes ‘hassidiques, comme les réunions entrecoupées de chants sous les étoiles. Un des propriétaires du ranch remarqua : «Depuis le moment où vous vous réveillez, toute votre journée est imprégnée de la Présence de D.ieu!»
Avant le début du camp, Rav Harari avait conduit leur grand car jaune depuis Seattle jusqu’à Jackson Hole, dans le Wyoming. Quand ils s’arrêtèrent en Oregon pour faire le plein, Taylor les accueillit : la soixantaine, une longue queue de cheval grise, Taylor raconta qu’après la mort de son père, sa mère lui avait révélé qu’elle était juive et donc lui aussi. Pour sa Bar Mitsva, elle l’avait emmené dans une synagogue où on leur avait expliqué que les Juifs ne mettaient plus les Téfiline de nos jours. Rav Harari le rassura : oui, les Juifs mettaient encore les Téfiline et d’ailleurs Taylor fut invité à les mettre immédiatement : «Son visage s’éclaira et il faillit sauter en l’air ! Il récita la bénédiction et le Chema avec une concentration extraordinaire !» raconte encore Rav Harari.
- Ma grand-mère doit être si heureuse pour moi maintenant ! s’exclama Taylor en pointant le ciel. Je vais téléphoner à ma mère tout de suite pour lui raconter que je viens de célébrer ma Bar Mitsva. Ne devons-nous pas chanter, maintenant ?
Tous les étudiants et leurs accompagnateurs se mirent à chanter «Simane Tov Oumazal Tov» tout en dansant autour de Taylor.
Rav Harari promit de revenir la semaine suivante avec un gâteau d’anniversaire. Mais quand ils arrivèrent, ils découvrirent que Taylor était en vacances pour trois jours. Déçu, Rav Harari s’apprêtait à repartir quand un motard s’arrêta pile à côté de lui : James était Juif et avait mis les Téfiline 23 ans plus tôt avec un étudiant de Yechiva. Il accepta avec joie d’enlever son casque, de mettre une Kippa et de mettre les Téfiline sous le soleil éclatant d’Oregon.
«D.ieu nous envoie quand et où nous sommes nécessaires !» résume, philosophe, Rav Harari.
Et apparemment ils étaient nécessaires sur le mont Rainier. Les garçons en avaient prévu l’ascension pendant trois jours qui incluaient les deux jours de Roch ‘Hodech Elloul. Bien entendu, ils emportèrent un Séfer Torah puisque le rouleau de la Torah doit être lu lundi, jeudi, Chabbat et Roch Hodech.
Quatre étudiants portèrent le Séfer Torah, solidement enveloppé dans un container à l’abri de l’air, de l’eau et de la chaleur. «Où que se rende le peuple juif, nous prenons la Torah avec nous, elle ne nous quitte jamais ! Cette ascension fut pénible et exigea d’énormes efforts physiques et une logistique à toute épreuve. Mais prendre un Séfer Torah nous a rapprochés encore davantage du ciel!»
Tout en grimpant, les étudiants rencontrèrent un autre alpiniste, David, qui venait d’Israël. Quand ils lui proposèrent de mettre les Téfiline, il refusa comme seuls les Israéliens savent le faire.
Mais quand il aperçut le Séfer Torah, il releva immédiatement sa manche gauche et demanda à mettre les Téfiline ! «Comment puis-je me trouver au sommet d’une montagne devant un Séfer Torah et ne pas mettre les Téfiline?» commenta-t-il avec un grand sourire.

L’Chaim n°1158
N’Shei Chabad Newsletter
Traduit par Feiga Lubecki