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Semaine 25

  • Chel’ah
Editorial

Le jour qui vient

Il existe différents types de date. Certaines se bornent à scander le passage des jours. D’autres rappellent des événements historiques qui ont marqué leur temps et qui n’ont plus d’autre utilité que celle du souvenir ; elles donnent parfois lieu à des commémorations officielles, anciennes cérémonies dont bien souvent la portée se limite à elles-mêmes. Il en est enfin qui sont porteuses d’un autre souffle. Ces dates, pourtant par nature également nées dans le passé, parlent au présent et enseignent pour l’avenir, donnant une force renouvelée à tous et approfondissant le sens et la puissance qu’elles détiennent d’année en année. Le 3 Tamouz est de celles-là.

Le 3 Tamouz : jour où, il y a quinze ans, le Rabbi quittait matériellement ce monde. C’est aussi le jour où son élévation spirituelle se fait grandissante et, par conséquent, sa présence au monde car, selon les termes du Zohar, « après son départ, il s’y trouve plus que de son vivant ». L’idée ne se résume pas à une consolation mystique. Elle acquiert une réalité concrète quand on se souvient que l’élévation du Rabbi en ce jour peut être aussi celle de tous les hommes et les femmes qui veulent s’y associer. Car le 3 Tamouz est un jour à vivre et pas seulement à marquer ; il est un jour qui confère à chacun le pouvoir de gravir, avec le Rabbi, les échelons d’une ascension infinie que les mots, toujours limités, ne peuvent décrire.

Les choses vraiment importantes sont toujours largement accessibles, comme l’air que l’on respire. Pourtant, quand il s’agit d’éléments qui évoquent la personnalité profonde de chacun, sa substance spirituelle, son essence de créature divine, il y faut une préparation particulière. Certes, le 3 Tamouz éclaire par lui-même mais, pour recevoir pleinement sa lumière, encore faut-il en connaître et comprendre la nature. Encore faut-il ouvrir les yeux. C’est pourquoi, alors que ce jour intervient dans un peu plus d’une semaine, il est nécessaire, pour chacun, de s’en pénétrer dès aujourd’hui. Les chemins de cette connaissance – ou, mieux, de cette conscience – sont clairs. Ce sont ceux que nos ancêtres, dans tous les temps de sagesse, ont su emprunter avec assurance. Ils se nomment « étude de la Torah », « prière » et « Tsedaka - charité ». Ce sont des actes qui transforment ceux qui les mettent en pratique. Ils les spiritualisent, les raffinent de telle sorte que les voies de l’élévation peuvent s’ouvrir. Parce que le 3 Tamouz à venir est un rendez-vous pour chacun.

Etincelles de Machiah

La division du fleuve

Isaïe (11 :15) prophétise que, lors de la venue de Machia'h, D.ieu "avec Son puissant vent, agitera Sa main sur le fleuve et le frappera en sept ruisseaux". Il est clair que cet épisode, qui rappelle l'ouverture de la mer rouge lors de la sortie d'Egypte, répond à une nécessité particulière, faute de quoi le prophète ne l'aura pas ainsi souligné.
En fait l'ouverture de la mer rouge correspondait spirituellement à la révélation surnaturelle de degrés de la Divinité habituellement masqués, qui intervint à ce moment. En ce sens, cet événement fut une préparation au Don de la Torah sur le mont Sinaï. De même, la division du fleuve préparera à la révélation des dimensions mystiques les plus profondes de la Torah qui interviendra aux temps messianiques.
(d'après Likouteï Torah, Tsav, p. 16d)

Vivre avec la Paracha

Chela’h : Mission possible

Le Rabbin Hirsh Altein souffrait d’effroyables douleurs du dos et après avoir tenté, en vain, de nombreux remèdes, tous les spécialistes qu’il consulta lui conseillèrent une opération chirurgicale comme seul moyen de guérir. Quand le Rabbi fut consulté pour ce problème, il suggéra que l’opération n’était pas nécessaire ; il devait y avoir une pommade sur le marché qui résoudrait le problème ! Mais les médecins persévéraient dans leur diagnostic, il n’y avait pour seule alternative que l’opération chirurgicale.
En dernier recours, le Rabbin Altein consulta le docteur Avraham Selligson (médecin personnel du Rabbi et fervent ‘hassid). Le docteur Selligson qui n’était pas un spécialiste du dos, examina le Rabbin Altein et lui prescrivit un onguent. Jusqu’à sa disparition, quelques vingt années plus tard, le Rabbin Altein ne connut plus de récidive de ses douleurs lombaires.
Quand on demanda au docteur Selligson comment il avait su quel remède prescrire, alors que tous les spécialistes affirmaient que la seule option était l’opération, il répondit : «Les résultats de l’examen indiquaient qu’une opération chirurgicale était réellement nécessaire, mais le Rabbi avait estimé que ce n’était pas le cas. J’ai pris conscience que le Rabbi voulait tout simplement «un réceptacle» à travers lequel se manifesterait un miracle. J’ai donc prescrit la pommade la moins chère et la plus simple, disponible sur le marché ! »

La mission de reconnaissance des explorateurs, qu’on lit dans la Paracha de cette semaine, avait pour but de réunir des informations tactiques sur l’ennemi. Ils furent enjoints d’explorer le pays ainsi que ses fortifications naturelles et celles érigées par les hommes. Ils devaient faire un rapport sur les forces et les faiblesses de l’ennemi et sur les ressources naturelles sur lesquelles ils pourraient compter au cours des batailles. Ces informations seraient utilisées par les conseillers militaires pour formuler une stratégie adéquate au combat imminent pour conquérir la Terre Sainte.
Les explorateurs, tous réputés pour être des hommes à l’intégrité incontestable, remplirent fidèlement leur tâche, mais ce qu’ils virent les fit frémir : les Cananéens étaient une nation puissante, un peuple gigantesque possédant une force terrifiante. Pas moins de trente et un rois possédaient des palais royaux, véritables forteresses armées. Il n’y avait aucun moyen, conclurent les explorateurs, pour que les Hébreux parviennent à une victoire naturelle contre le formidable ennemi cananéen. «Nous sommes incapables de vaincre ce peuple car il est plus fort que nous», déclarèrent-ils ! Et pourtant, cette honnête conclusion eut des résultats désastreux. D.ieu fut extrêmement mécontent de ce rapport et de la réaction qu’il engendra. Cela fut la cause de la disparition prématurée de toute la génération qui avait fui l’Egypte.
En quoi les explorateurs commirent-ils une erreur ? Comment demander à quelqu’un de revenir avec un rapport et le punir parce que ce rapport ne vous convient pas ? Cela ne ressemble-t-il pas à tenir le rapporteur pour responsable d’une expertise qui ne vous plait pas ?
Le Rabbi explique que les explorateurs se trompèrent en estimant qu’ils devaient parvenir à formuler une conclusion. On leur avait ordonné d’aller à Canaan et de rapporté de simples faits : la nature de la terre et de sa population, etc. On ne leur avait pas demandé de rendre une décision concernant la possibilité de conquérir le pays. D.ieu avait promis aux Juifs une victoire militaire contre les Cananéens, ce n’était donc pas une question à débattre. Le problème n’était pas de savoir s’ils pouvaient le faire, mais comment le faire.
Il en va de même dans notre vie personnelle. Nous sommes tous «envoyés en mission» dans ce monde, pour illuminer notre environnement de la lumière de la Torah et des Mitsvot. Souvent l’opposition paraît insurmontable. Quand ces pensées pénètrent notre esprit, nous devons nous rappeler que si D.ieu nous a investis d’une mission, il est sûr que nous pouvons l’accomplir. Notre seul travail consiste à réfléchir à comment la réussir.

Trois défis
Revenons aux objections émises par dix des explorateurs, Yehochoua et Kalev ayant, quant à eux, compris le but de leur mission. Ils émirent trois objections essentielles.
La première était d’ordre général : la force incommensurable des Cananéens. Bien que D.ieu leur eût montré des miracles, par le passé, l’aide divine serait-elle assez puissante pour surmonter ces nations ? En second lieu, Israël méritait-il des miracles ? Les explorateurs soulignèrent l’effet de la présence des Amalécites qui avaient précédemment attaqué Israël quand les Juifs avaient fait montre d’un manque de foi. Enfin, bien qu’il fût possible que D.ieu montre des miracles lors de la conquête de la terre elle-même, le ferait-Il dans les étapes préliminaires, à l’approche de la Terre Sainte, où attendaient les Hittites et les Jébuséens ?
En entendant les observations des dix explorateurs, les Juifs commencèrent à se révolter. Kalev leur rappela alors que D.ieu avait 1) partagé la Mer Rouge, 2) fait descendre des cailles pour les nourrir et 3) donné la Manne.
Par ces simples paroles, il offrait une réponse aux trois arguments décourageants.
La Mer Rouge : Devant la Mer Rouge, la position des Hébreux était apparue désespérée devant les forces égyptiennes supérieures. Mais, leur rappela Kalev, «Moché ouvrit pour nous la mer» et aucune bataille ne s’en était suivie. D.ieu Lui-même avait combattu pour eux. Il en ferait de même face aux puissants habitants de Canaan.
Les cailles : En ce qui concernait «l’excuse d’Amalek», Kalev leur rappela que même lorsque, mus par un caprice, ils avaient réclamé à Moché de la viande et qu’alors ils ne faisaient que «chercher des ennuis», D.ieu les avait malgré tout gratifiés miraculeusement de cailles. Maintenant encore, bien qu’ils ne le méritent pas, D.ieu leur montrerait des miracles.
La Manne : Le voyage du Peuple Juif dans le désert n’était qu’une préparation sans relation directe avec leur entrée en Terre Sainte. Et pourtant le Tout Puissant accomplissait pour eux le miracle quotidien de la Manne, réfutant par là-même l’objection des explorateurs selon laquelle D.ieu pourrait ne pas montrer de miracles à l’approche de Canaan.
Nous l’avons dit, chacun d’entre nous est un émissaire de D.ieu pour faire de notre environnement la «Terre Sainte». Nous aussi faisons face aux rapports décourageants de notre propre inclination au mal. Chez certains, elle suscite la peur que l’environnement soit particulièrement matérialiste, plus que partout ailleurs. C’est pourquoi il est un ennemi puissant qui empêche la dissémination de la Torah, («les habitants de la Terre sont puissants»).
Chez d’autres, cette inclination évoque le sentiment de ne pas être digne de poursuivre une mission sacrée (la mention d’Amalek).
Enfin une troisième inclination fait apparaître qu’il y a des obstacles même à l’approche de l’objet de notre mission dans la vie.
Notre réponse au penchant vers le mal est clairement énoncée dans la réponse de Kalev. Bien que notre environnement soit puissamment matérialiste, bien que nous ne soyons pas parfaits et que nous pêchions, bien qu’il y ait des obstacles et des distractions étrangères, D.ieu nous donne, individuellement et collectivement, la force de briser toutes les barrières, de surmonter tous les obstacles et d’accomplir notre mission dans la vie.

Le Coin de la Halacha

Coutumes liées au jour de la Hilloula du Rabbi 3 Tamouz (cette année jeudi 25 juin 2009) ?

Le Rabbi avait fixé un certain nombre de coutumes à respecter à l’occasion de la Hilloula du Rabbi précédent. Ce sont ces mêmes coutumes qui ont été reprises pour le 3 Tamouz. En voici quelques-unes :
• On allumera une bougie de vingt-quatre heures depuis mercredi soir 24 juin.
• Pendant chacune des trois prières du jour, on allumera cinq bougies devant l’officiant.
• Le matin, on donnera de la Tsedaka (charité), au nom de chacun des membres de sa famille, pour une institution du Rabbi.
• On consacrera un moment dans la journée pour parler du Rabbi et de sa grande Ahavat Israël (amour du prochain) à sa famille et son entourage.
• On étudiera les chapitres de Michnayot correspondant aux lettres qui constituent le nom du Rabbi.
• On étudiera les enseignements du Rabbi.
• On rédigera un «Pane», «Pidyone Néfech», une lettre de demande de bénédictions, en y précisant son prénom et le prénom de sa mère, qui sera lue sur le Ohel du Rabbi.
N° de fax du Ohel : (00 1718) 723 44 44
N° de fax du Beth Loubavitch : 01 45 26 24 37
Adresse du Ohel : 226-20 Francis Lewis Blvd – Cambria Heights, New York 11411
E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

De Recit de la Semaine

Le remboursement

Récemment, un père et son fils sont venus chez nous à la maison. Le père me demanda : «Vous souvenez-vous que vous m’aviez demandé la facture ? Et bien voici le remboursement !»
Revenons en arrière : quand le Rabbi fut victime d’une attaque cérébrale en 1992, les médecins qui surveillaient son état de santé dans son bureau situé au 770 Eastern Parkway avaient régulièrement besoin de surveiller ses analyses de sang. La plupart des laboratoires exigeaient deux ou trois jours de délai pour fournir les résultats. Or, les médecins désiraient obtenir les résultats le plus rapidement possible ! Nous avons alors trouvé à Brooklyn un laboratoire tenu par deux frères qui promirent de nous fournir les résultats pour le Rabbi en 4 ou 5 heures maximum.
Un mois après que nous ayons fait régulièrement appel aux services de ce laboratoire, je téléphonai aux propriétaires en leur demandant la facture de toutes les analyses déjà effectuées (en effet, le Rabbi n’acceptait jamais rien de gratuit). Je ne reçus aucune facture. Des années plus tard, une semaine après «Guimel Tamouz» (le jour où le Rabbi quitta ce monde), un des propriétaires m’appela à mon bureau et déclara : «Vous nous aviez demandé une facture pour les analyses que nous avions effectuées pour le Rabbi. Je suis marié depuis neuf ans et nous n’avons pas d’enfant. Je voudrais que le paiement de la facture consiste en une bénédiction du Rabbi afin que nous mettions au monde un enfant !»
Il y a longtemps que plus rien de ce genre ne m’étonne…
Je lui demandais donc son prénom hébraïque et celui de sa mère, ainsi que ceux de son épouse. Ce jour-là, je me rendis au Ohel, là où le Rabbi est enterré, au cimetière Montefiore à Queens. Debout près du Ohel, je répétais toute l’histoire avec les noms de ce couple qui demandait un enfant comme «paiement de la facture». Dix-huit mois plus tard, le propriétaire du laboratoire me téléphona et m’annonça que sa femme venait de mettre au monde un garçon. Et donc récemment ce garçon âgé de douze ans est venu me rendre visite avec son père qui déclara : «Vous souvenez-vous que vous aviez demandé la facture ? Voici le paiement !»

Rav Leibl Groner, secrétaire du Rabbi
L’Chaim n°1056
traduit par Feiga Lubecki