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Semaine 29

  • Balak
Editorial
Pour qui brille le soleil?
Alors que nous venons à peine du 3 Tamouz et que
la grandeur du jour imprègne toute la semaine
que nous vivons, le mois déploie sa puissance.
Celle-ci a été abondamment décrite: éclat du soleil évocateur
de la Révélation Divine, lumière omniprésente
comme un rejet de l’obscurité – spirituelle – du monde.
C’est dire que le lien avec D.ieu doit être, comme par
nature, plus fort et plus stable que jamais. C’est dire
aussi que cette force nouvelle doit se révéler dans les
actes de chacun sans difficulté majeure et que c’est
dans un océan de spiritualité que nous devons avoir le
sentiment réel de nous immerger.
Pourtant, force est de constater que cela n’est pas toujours
le cas. Les rythmes sociaux sont tels que ce
temps-ci semble bien davantage privilégier le corps que
l’âme ou l’esprit. A telle enseigne que le temps libéré
n’aide pas toujours à assumer cette liberté-là qui élève
l’homme au-dessus de lui-même et donne sa grandeur
à la vie. Le Talmud, en une phrase fameuse, décrit cette
réalité: “L’âne, au mois de Tamouz (et malgré sa chaleur)
a froid”. En araméen comme en hébreu, le mot
“âne” renvoit étymologiquement à la racine “matérialité”.
La phrase citée prend alors une signification nouvelle:
“C’est la matérialité qui donne froid même pendant
le mois de Tamouz”.
Il est vrai que le monde pourrait, par sa pesanteur, faire
oublier l’essentiel. Il est vrai qu’alors toutes les illusions
sont possi bles, même cel les qui condu i sent à
confondre le chaud et le froid. Mais nous connaissons
la réponse à cela: il suffit de lever les yeux. Le soleil
brille et cela suffit à nous rappeler une autre Puissance.
A nous d’agir: que la Lumière soit!
Etincelles de Machiah
une œuvre parfaite

Pendant le temps de l’exil, l’offrande de sacrifices est impossible du fait de l’absence de
Beth Hamikdach.Certes, les Sages ont instauré les prières en remplacement de ces cérémonies.
Cependant, un tel remplacement est, semble-t-il, imparfait comme l’exprime la
liturgie:“Et là, (dans le Beth Hamikdach, après la venue de Machia’h) nous ferons devant Toi…
Selon l’ordre de Ta volonté”.
C’est précisément cette idée qui pose question. L’oeuvre spirituelle accomplie par la prière est
supérieure à celle des sacrifices, la première s’attachant à l’âme de l’homme tandis que la
seconde porte sur son aspect animal. Pourquoi, dès lors, souligner l’importance primordiale
des sacrifices?
En fait, l’impossibilité d’offrir un sacrifice en temps d’exil a également un sens spirituel: comme
l’homme est attaché “en bas”, il n’a pas la force d’élever “l’animal” et doit se contenter d’agir sur
l’âme par la prière.En revanche, lorsque le Machia’h viendra, l’homme parviendra à la plénitude
et son oeuvre pourra englober tous les aspects.
(d’après Torah Or,Vaye’hi 46b) H.N.
Vivre avec la Paracha
Se tenant sur la montagne et
dominant le peuple juif, Balak, le
prophète mal intentionné, l’homme
cruel, observait ceux qu i
étaient l’objet de sa haine amère.
Ses malédictions étaient connues
pour leur eff icacité, pour avoi r
rédu it à néant de pu i ss a ntes
armées.
Et maintenant il voulait maudire
les Juifs et déclencher contre eux
la colère de D.ieu.
Mais son projet ne se réalisa
jamais.
Chaque fois qu’il essaya de maudire
les Juifs, D.ieu fit en sorte
qu’il prononce des bénédictions,
leur faisant de généreuses promesses
et du bien abondant.
Et il prédit le bien ultime, la venue
de Machia’h et l’ère où Israël ne
cra i nd ra pl us les défis de ses
ennemis.
Ce récit doit servir de leçon pour
tous les temps.
Nous devons prendre conscience
que D.ieu ne “consentira jamais à
écou ter Bilaam” (Deu t é ronome
23:6) et Il “transformera la malédiction
en bénédiction car D.ieu.
..t’aime”
Toutes les situations auxquelles
sont confrontés les Juifs, même
celles qui apparaissent sombres
seront transformées en bénédictions.
Le lion tapi
“Il est tapi et couché comme un
lion, comme une lionne; qui oserait
le tirer de sa torpeur?” (de la
bénédiction de Bilaam, Nombres
24,9)
Il est toujours agréable de recevoir
un compliment de la part d’un
ami ou d’un être cher. Mais le compl
i ment que nous savou rons le
plus est celui qui est prononcé par
un adversaire. Quand un rival au
travail, un concurrent ou un ennemi
déclaré dit à notre propos
quelque chose com me “je doi s
avouer que là, vous avez prouvé
quelque chose”, c’est le genre de
com mentaire que nous appr écions
le plus.
Il est alors peu éton na nt que
nous, Ju i f s, ayons da ns notr e
coeur un coin privilégié pour les
bénédictions de Bilaam. Comme
le relate la Torah (Nombres 22-24), le prophète et sorcier Bilaam, l’ennemi
archétype du peuple d’Israël, fut convoqué
par le roi de Moab, Balak (un ennemi encore
plus redoutable) pour maudire les Israélites.
Mais lorsque Bilaam ouvrit sa bouche à la
malédiction, ce furent des bénédictions qui
en jaillirent. Il tenta à trois reprises de maudire,
mais chaque fois, il bénit. Et il finit par prononcer
une prophétie décrivant le triomphe
d’Israël à “la fin des jours”.
Et combien ces bénédictions sont extraordinaires!
Les versets prononcés par Bilaam font
partie de la poésie la plus lyrique de la Torah.
Les bénédictions de Bilaam contiennent le
Mah Tovou “com me el les sont bel les tes
tentes, Ô Jacob, tes demeures, Ô Israël...”, un
verset que nous affectionnons tant que trois
cent soixante cinq jours par an, c’est avec lui
que nous com mençons nos pr i è r es quotidiennes.
Elles incluent la référence la plus
ex pl icite du ‘Hou mach (les ci nq livres de
Mo ché) à Mach ia’h qui nous apportera la
Rédemption complète et immédiate. Et y est
également présent le verset cité:“ Il est tapi et
couché comme un lion, comme une lionne; qui
oserait le tirer de sa torpeur?” qui est, comme
nous l’explique le Rabbi la plus puissante et la
plus significative description du Peuple Juif en
Galout (exil), un état dans lequel nous nous
sommes retrouvés pendant une grande partie
de notre histoire.
Il n’est pas rare que des animaux “apprivoisés”
dont la place serait certainement plus
adéquate dans la brousse ou la savane perdent
soudain leurs caractéristiques domestiques
et reprennent leur sauvagerie animale
naturelle. Il est intéressant de noter que le
Talmud et le Choul’han Harou’h indiquent qu’il
n’existe pas de chose comme un lion “apprivoisé”.
D’autres animaux peuvent être possédés
et entrer légalement dans la catégorie des
bêtes domestiquées. Ainsi si votre veau ou
votre chèvre deviennent furieux et causent
des dommages, de nombreuses stipulations
indiquent dans quelle mesure et dans quel
domaine vous devez en assumer la responsabilité
et ce que vous deviez anticiper du comportement
de votr e
animal dans ces circonsta
n ces. Aucu ne
de ces situations ne
comprend une législation
s’appliquant au
lion. Un lion reste par
nature un animal libre
et n’accepte jamais le
joug de la possession
ou de l’approvisionnement.
Quel que soit le
temps écoulé, ces
tentati ves n’ont pas
prise sur lui.
Cela est le sens prof ond de la métaphor e
employée par Bilaam à propos du lion tapi
appliquée au Peuple Juif. Pendant bon nombre
d ’ a n n é es au cours de notre histoire, nous
nous som mes retrouvés en exil, exilés de
notre terre, asservis par d’autres nations, soumis
à des cu ltures étrang è r es, “dompt é s”
pour agir en accord avec les dictats du monde
qui nous environne. Parfois la soumission a
paru véritable, au moins sous le regard superficiel
du public du spectacle de cirque. Mais
elle n’est jamais réelle. Le lion peut être tapi
ou paraître docile mais il n’est pas conquis. Il
reste libre. S’il est docile, c’est par choix et non
par nature. Il reste libre et il ne lui faut pas
plus d’un instant pour faire preuve de sa liberté
innée.
Selon les mots de Rabbi Chalom Dov Ber de
Loubav itch (rapportés par son fils Rabbi
Yossef Yits’hak alors qu’il se trouvait sur le
quai, devant le train qui allait l’emporter en
exil. Il avait en effet était condamné par les
dirigeants communistes pour son travail de
pr é serv ation et de ren f orcement de la foi
juive):
“ Nous ne som mes pas pa rtis de la Ter r e
d’Israël par notre propre volonté et nous n’y
r etou r nerons pas par les vertus de nos
propres aptitudes. D.ieu notre Père et notre
Roi, nous a envoyés en exil et c’est Lui Qui
nous apportera la Rédemption et rassemblera
les dispersés des quatre coins du monde en
Israël et fera en sorte que nous soyons ramenés
fermement et fièrement par Mach ia’ h,
notre juste Sauveur, que cela ait lieu rapidement,
de notre temps.
Cependa nt, les nations du monde doi vent
savoir cela: seuls nos corps ont été envoyés
en exil et soumis au joug étranger; nos âmes,
elles, n’ont pas été livrées à la captivité et à la
loi étrangère. Nous devons donc proclamer
ouvertement et devant tous qu’en tout ce qui
concerne la religion juive, la Torah, ses Mitsvot
et ses coutumes rien n’est sujet à la coercition
d’autrui. Personne ne peut nous imposer sa
croyance ou nous forcer à agir contrairement
à notre foi...”
Le Coin de la Halacha
Qu’est-ce-que la ‘Halla?

Quand le peuple juif arriva pour la première fois en Terre de Canaan, il reçut
l’ordre d’offrir aux Cohanim, descendants d’Aaron, une partie de la pâte – la
première et la meilleure: c’est ce qu’on appelle la ‘Halla.
Actuellement, les Cohanim n’ont pas la possibilité de se purifier rituellement
(avec l’eau lustrale mêlée aux cendres de la vache rousse) et ne peuvent donc
plus consommer la ‘Halla. Néanmoins, en souvenir de cette offrande et en préparation
pour cette Mitsva qu’on effectuera à nouveau quand Machia’h viendra,
nous continuons de mettre de côté une petite poignée de n’importe quelle
pâte (à pain ou à gâteau) contenant plus de 1200 grammes de farine en
disant:“Haré Zé ‘Halla” - “Ceci est la ‘Halla”.
Si on pétrit une pâte contenant plus de 1650 grammes de farine (et une petite
quantité d’eau, en plus des autres ingrédients), on prononce auparavant la
bénédiction:
“Ba rou’h Ata Ad o - n ay Elo-hénou Méle’h Haolam Ac h è re Kidéchanou
Bémitsvotav Vetsivanou Lehafrich ‘Halla”.
“Béni sois-Tu Ete r n e l , Roi du Monde, Qui nous as sanctifiés par Se s
Commandements et nous as ordonné de mettre de côté la ‘Halla”
Comme on ne peut plus donner la ‘Halla au Cohen, on la brûle complètement
mais pas en même temps qu’un autre aliment dans le four, afin de ne pas en
tirer profit.
Si on a oublié de mettre la ‘Halla de côté avant la cuisson ou si la pâte était
liquide, on procédera à cette Mitsva après la cuisson.
C’est au propriétaire de la pâte (le boulanger juif par exemple, ou la maîtresse
de maison) qu’il appartient de prélever la ‘Halla.Ce moment est propice pour
tout demander à D.ieu, en particulier la reconstruction du 3è Temple par
Machia’h car alors nous pourrons véritablement accomplir cette Mitsva comme
il convient.
F. L. (d’après Rav Nissan Mangel)
De Recit de la Semaine
Le hippie enragé

Un vendredi soir, raconte un émissaire du Rabbi en
Californie, au milieu du repas de Chabbat, nous avons
entendu un coup à la porte. Un des enfants ouvrit et un
jeune homme avec les cheveux aussi long que notre
exil actuel apparut. Je ne le connaissais pas mais,
sans rien dire, il examina notre salle à manger et s’installa
à notre table, au milieu de notre dizaine d’invités.
Je tentai d’engager la conversation mais il ne répondait
pas. Ma femme lui servit du géfilte-fish mais il n’y toucha
pas. Il ne mangea ni ne but ni ne parla. Son visage
reflétait un mélange d’étonnement et – comment dire
– de rage.
Le dîner reprit, comme auparavant: des mélodies
‘ hass id iques, des pa roles de Tora h, des questions
posées par nos enfants et nos invités – comme tous
les Chabbatot dont je me souviens depuis que je suis
arrivé dans cette ville, envoyé en mission par le Rabbi
de Loubavitch.
Notre “invité” restait silencieux mais on sentait que
ce silence était le prélude à un éclat redoutable. Son
regard reflétait une colère de moins en moins retenue.
Je lui proposais plusieurs fois de trinquer “Le’haïm”, “A
la vie” mais il ne réagissait pas. Que du silence. Du
silence et de la rage.
Chaque fois que je le regardais, il semblait ne faire
attention à personne. Puis, sans prévenir, il approcha
sa chaise du portrait du Rabbi suspendu au mur et leva
le poing d’un air vengeur: “Qu’est-ce que cet homme
veut de moi? Pourquoi ne me laisse-t-il pas tranquille?
Que lui ai-je fait?”
Il finit par raconter son histoire.
Né à San Francisco dans une famille juive bourgeoise,
il reçut l’éducation standard des jeunes Américains.
Son père était un homme d’affaires prospère et sa
mère une avocate célèbre. Son unique expérience du
judaïsme avait été sa fête de Bar Mitsva.
A l’université de Berkeley, il s’était lié avec tous ceux
qui rejetaient le conformisme bourgeois et la société
de consom mation. Au bout de quelques mois de
recherche sur le sens de la vie – et à l’aide de drogues
et autres breuvages de la contre-culture – ils s’étaient
rendus en Inde: là, au sein d’une secte au milieu de la
jungle, ils s’étaient complètement isolés du monde.
Tout lien avec les parents, la famille ou les amis de
l’étranger étaient complètement interdits.
Il passa là-bas un an et demi, dans un “bonheur
absolu”. Bien que nombre de ses amis aient craqué
sous la pression de l’isolement et aient quitté la secte,
lui restait déterminé.
Puis, un jour, il ressentit un besoin urgent de rentrer
à la maison. Pourquoi? Il chassa l’idée de sa tête, mais
cette envie était irrépressible. Il prit un billet pour le
prochain avion en partance pour la Californie.
Ses parents furent stupéfaits de le revoir. Un an et
demi sans aucun signe de vie puis – sans prévenir – le
voir réapparaître... Après les premières effusions et les
pleurs de joie, son père s’écria: “Attends! Maintenant je
comprends: tu es venu prendre le dollar!”
“Quel dollar?”
Son père lui expliqua alors qu’en route pour Israël, le
groupe d’hommes d’affaires dont il faisait partie s’était
rendu à New York et, un dimanche matin, était passé
devant le Rabbi de Loubavitch pour recevoir de sa main
un dollar à remettre à la Tsedaka (charité) et une bénédiction.
Son père avait reçu le dollar et s’était apprêté à partir
quand le Rabbi l’avait rappelé et lui avait donné un
autre dollar: “Pour votre fils aîné!” Avant qu’il ait pu
réagir, et au moins expliquer au Rabbi qu’il ignorait où
se trouvait son fils, il fut entraîné par les autres personnes
qui défilaient: “Peu importe” se dit-il en fourrant
le second dollar dans sa poche.
Maintenant que son fils réapparaissait soudain, il
éta it intr igué: “Dis- moi, com ment le Rabbi de
Loubav itch savait-il que tu rev iend rais? D’où le
connais-tu?”
Le fils, tout aussi étonné, demanda: “A quelle heure
as-tu reçu ce dollar dimanche? A 15 h 30, heure de
New York...” C’était exactement le moment, au milieu de
la nuit indienne, où il avait ressenti le besoin urgent de
revenir à la maison...
C’est à ce moment-là qu’il ressentit une rage irrépr
ess i ble contre le Rabbi: “Compr enez- moi, dit-il à
l’émissaire du Rabbi tout décontenancé, j’étais heureux
là-bas! Pourquoi votre Rabbi ne pouvait-il pas me
laisser tranquille? Depuis que j’ai ressenti ce besoin de
rentrer, je n’ai pas arrêté de remuer ciel et terre pour
trouver un billet de retour. Ici, j’ai vu un journal avec la
photo du Rabbi et je suis venu: pouvez-vous demander
à votre Rabbi qu’il me laisse retourner? Voici son dollar!
Rendez-le lui...!”
Bien des années plus tard, l’ancien député israélien
le regretté Avner Shaky raconta l’histoire suivante:
“Alors que je devais me rendre en Californie, je téléphonai
à l’émissaire local du Rabbi pour me faire inviter
pour Chabbat.
“ C’éta it un Chabbat extraord i na i r e, la sy nagog ue
était remplie de jeunes gens très pratiquants: on m’expliqua
qu’ils étaient tous revenus récemment à la pratique
du judaïsme. Le repas se déroula avec une quinzaine
d’étudiants dans une atmosphère joyeuse: des
chants, des histoires, des paroles de Torah... vraiment
un autre monde. Soudain la porte s’ouvrit et trois jeune
hippies entrèrent, habillés... à leur manière; ils s’installèrent
sans façons, dévorèrent la ‘Halla et le géfiltefish...
Le Rav ne disait mot mais j’étais très gêné: “Pourquoi
les laissez-vous agir ainsi? On ne peut pas dire qu’ils
honorent votre table!”
Il me répondit avec un sourire: “Regardez-les bien!
C’est exactement à eux que je ressemblais quand j’ai
fait irruption un Chabbat dans la maison d’un envoyé
du Rabbi, il y a quelques années...”
Tuvia Natkin
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Traduit par Feiga Lubecki