Au rendez-vous de l’Eternité
Quand Yom Kippour revient, ce n’est pas simplement le début ou la fin d’un cycle. C’est un jour différent, attendu avec une impatience grandissante au fur et à mesure de son approche. C’est un éclair d’infini dans un monde limité. Et le titre que nos textes lui donnent, « jour unique de l’année », n’est pas qu’une figure de style. De fait, c’est une journée étroitement liée à la notion d’unité que nous vivons : unité de D.ieu, union de l’âme avec Lui, unité en nous-mêmes. Autrement dit, nous parvenons alors à l’essence des choses et, à un tel niveau, rien n’est sujet à division. Au contraire, tout s’incarne dans le grand tout voulu par le créateur. C’est pour cela que nos prières s’élèvent alors, pures et sincères, au-delà de toutes les contingences. C’est pour cela qu’au fond de nous, nous nous sentons dans une proximité infinie avec le Divin.
Le jour de Yom Kippour est loin de tous les artifices. Souvenons-nous : à l’époque du Temple, le Cohen Gadol, le grand-prêtre, entrait dans l’endroit le plus saint de l’univers, le Saint des Saints où se révélait l’Essence de D.ieu. Une triple sainteté ultime se révélait ainsi : le jour le plus saint, l’homme le plus saint dans l’endroit le plus saint, comme une autre façon de dire l’unité fondamentale. La liturgie de Yom Kippour rappelle tout cela mais surtout il nous est donné de le revivre. Même si la cérémonie proprement dite n’existe plus, notre présence à la synagogue le jour de Yom Kippour en est la fidèle traduction.
Tels des enfants s’adressant à leur Père de toute la puissance de leur cœur, nous sommes présents et nous disons à D.ieu que nous revenons à Lui, que, même si la pesanteur du monde a pu nous faire oublier l’essentiel, nous sommes conscients de Sa présence et nous savons que c’est en elle que nous nous ancrons, pour un avenir plein de bonheur et de bénédiction, pour une année qui effacera tous les miasmes indésirables et nous ouvrira au temps des espoirs accomplis. Comme de l’ombre à la lumière, avec la venue de Machia’h, puissions-nous être tous inscrits dans le Livre de la Vie.
Une épreuve passagère
Le texte de la Torah relève à plusieurs reprises que, si le Peuple juif oublie la voie que D.ieu lui a enseignée, Celui-ci Se détournera alors de lui. C’est notamment ce qu’enseigne le Deutéronome (31:17) : « Et Je cacherai d’eux Ma face », ce que Rachi commente : « Comme si Je ne les voyais pas ». Par ces quelques mots, c’est toute la situation d’exil qui est décrite. Dans de telles périodes, D.ieu est toujours auprès du Peuple juif mais Sa présence est cachée.
Une parabole permet de mieux saisir cette idée. Parfois, un père veut éprouver l’intelligence de son fils. Il se cache et attend sa réaction. Le fils a deux possibilités : il peut désespérer et, persuadé qu’il a été abandonné, renoncer à revoir son père ou continuer à le chercher, sachant que c’est ce qu’on attend de lui et qu’il réussira dans son entreprise.
C’est cette deuxième attitude que D.ieu demande à chacun. Même s’Il semble Se cacher, notre effort et notre attente amèneront, avec la Délivrance, Sa révélation.
(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch, Chabbat Parachat Vayélè’h 5748)
YOM KIPPOUR
Un jour de Yom Kippour, à Lizhensk, les disciples du Rabbi Elimélè’h remarquèrent qu’il priait avec une intensité inhabituelle. Ses yeux se fermaient, ses lèvres murmuraient des mots que personne n’entendait. À la fin de la journée, alors que l’assemblée était encore imprégnée du silence de la Néïla, un élève osa lui demander :
- Rabbi, pourquoi aujourd’hui vos prières étaient-elles si longues et si ardentes ?
Le Rabbi répondit doucement :
- Dans une petite auberge, pas loin d’ici, vit un Juif simple, un tavernier. Il est pauvre, écrasé de dettes et cette année, il n’a pas pu venir à la synagogue. Assis seul dans sa cuisine, il a pris un cahier et a écrit : « Maître du monde, voici mes comptes : j’ai des dettes envers mes créanciers, et j’ai aussi des dettes envers Toi. Mais Toi aussi, Tu as des dettes envers moi : Tu m’as donné des épreuves, de la souffrance, des enfants malades. Alors faisons les comptes : Toi, efface mes dettes, et moi, j’efface les Tiennes.
Puis il a fermé le cahier et a dit : « Amen ».
Le Rabbi fit une pause et conclut :
- Quand j’ai entendu, dans mon cœur, ces mots monter au ciel, j’ai compris que c’était la prière la plus entière de ce Yom Kippour. Alors j’ai prié pour que nous soyons tous inscrits avec lui dans le Livre de la Vie.
Les disciples restèrent silencieux. Ils comprirent que, parfois, une parole simple, née de la vérité d’un cœur brisé, pouvait peser plus lourd que toutes les mélodies et les supplications des érudits.
S’élever au-dessus du temps
Les préparatifs pour Yom Kippour débutent déjà un mois avant Roch Hachana, durant le mois d'Elloul. Ce mois entier est consacré à l'introspection et à l'évaluation personnelle, aux résolutions et aux engagements, au repentir et au renouveau. Si cela ne suffisait pas, nous disposons également des Dix Jours de Repentance, « Assérèt Yémé Techouvah », également appelés « Jours de Crainte », qui commencent avec Roch Hachana, suivis de sept jours de Techouvah, chaque jour correspondant à un jour de la semaine écoulée au cours de l’année passée. Après toute cette préparation intense, nous parvenons enfin à Yom Kippour, le Jour du Grand Pardon.
C’est à ce moment précis que se pose une question fondamentale : qu’y a-t-il donc de nouveau en ce jour ? Si un mois complet, voire davantage, n’a pas suffi pour corriger nos comportements et formuler des résolutions sincères pour l’avenir, que pouvons-nous encore espérer accomplir lors de Yom Kippour ?
« Maintenant », c’est le moment de la Techouvah
Pour répondre à cette interrogation, il convient de se référer à une affirmation issue du Midrach : « Maintenant, c’est le moment de la Techouvah ». Le terme « maintenant » désigne spécifiquement le processus de Techouvah. Que cela signifie-t-il précisément ? Lorsqu’un individu se repent, deux composantes majeures se manifestent avec acuité : le regret des actions passées et une résolution sincère orientée vers l’avenir. Toutefois, un troisième élément émerge, transcendant et unifiant ces deux aspects.
Pour clarifier ce propos : certains individus éprouvent des remords quant à leurs fautes passées, mais leur force spirituelle s’avère insuffisante pour opérer des changements effectifs dans leur comportement futur. Selon les paroles de nos Sages : « Les impies sont toujours emplis de regrets ». Bien qu’ils reconnaissent l’erreur de leurs actes, ils manquent de la détermination nécessaire pour transformer, par la suite, leur contrition en une conduite modifiée voire améliorée.
Inversement, d’autres trouvent relativement aisé d’adopter des résolutions, notamment au début de l’année ; cependant, ils peinent à ressentir un véritable regret à l’égard de leur passé. Ils préfèrent reléguer ce passé derrière eux, l’oublier ou l’ignorer car ils ne peuvent y faire face. Le problème réside dans le fait que malgré une résolution sincère tournée vers l’avenir, tant que leur désir envers leurs conduites erronées n’est pas éliminé, ils risquent fort de succomber ultérieurement aux mêmes tentations.
Le passé, le futur, ici et maintenant
Le mois d’Eloul est principalement consacré à l’examen du passé.
Lors de Roch Hachana, jour où nous reconnaissons D.ieu comme notre Roi, ainsi que durant les jours qui suivent, s’ajoute la dimension de la résolution tournée vers l’avenir.
Il est pertinent de suggérer qu’au cours de Yom Kippour, en plus de renforcer ces aspects fondamentaux de la Techouvah, nous abordons également la dimension du « ici et maintenant ». Plutôt que de se concentrer exclusivement sur nos fautes passées ou sur des résolutions pour le futur, Yom Kippour nous invite à découvrir notre identité véritable dans l’instant présent. Notre lien essentiel avec D.ieu se révèle pleinement à Yom Kippour. Lorsque cette connaissance de soi s’instaure, le regret du passé et les engagements pour l’avenir ne constituent plus les enjeux prioritaires. La pureté de notre âme qui émerge empêche toute entrave issue du passé d’interférer avec notre cheminement actuel. Nous n’avons pas besoin de susciter des sentiments de remords, car nous sommes désormais transformés en êtres nouveaux, totalement affranchis des négativités antérieures. De même, en raison de ce nouveau statut spirituel, il ne nous est pas nécessaire d’élaborer des résolutions pour le futur.
Adopter une posture propre à Yom Kippour représente en soi la forme la plus catégorique de rejet d’un passé négatif tout en garantissant un avenir positif.
Intemporalité
Sur un plan encore plus profond et ‘hassidique, on peut affirmer qu’au cours de Yom Kippour, l’individu atteint un état d’intemporalité où passé et avenir se fusionnent dans le présent.
À partir de ce postulat, nous pouvons mieux appréhender la portée de la prière du Kol Nidré, récitée au début de Yom Kippour. Nombreux sont ceux qui s’interrogent : quel lien existe-t-il entre la renonciation aux vœux (thème du Kol Nidré) et Yom Kippour ? Et pourquoi cette prière revêt-elle un caractère si solennel, alors qu’elle ne constitue apparemment qu’une formule juridique visant à garantir l’absence de culpabilité en cas de manquement à des engagements futurs ?
La réponse réside précisément dans ce postulat fondamental selon lequel la Techouvah, particulièrement lors de Yom Kippour, dépasse le simple regret du passé et la résolution pour l’avenir. Il s’agit d’un attachement au divin ancré dans le présent. En ce sens, durant Yom Kippour, il n’est plus nécessaire de formuler des vœux ou des engagements pour l’avenir puisque notre attachement actuel à D.ieu - révélé et actualisé tout au long de cette journée sacrée - permet de se distancier d’un passé erroné et d’assurer une conduite droite à venir.
Ainsi, la renonciation aux vœux lors du service du Kol Nidré s’interprète comme une déclaration selon laquelle il n’est pas indispensable de s’appuyer sur des engagements pour maintenir sa droiture ; celle-ci peut être atteinte par l’actualisation de notre essence spirituelle durant Yom Kippour.
L’une des caractéristiques inhérentes à la condition humaine dans un monde imparfait réside dans notre incapacité fréquente à nous concentrer sur le « maintenant » de la vie, étant accablés par les poids du passé et les inquiétudes concernant l’avenir. Cette préoccupation constante, pour ce qui a été et ce qui sera, prive souvent l’être humain de la capacité à vivre pleinement le moment présent. En conséquence, notre existence se réduit à une succession d’instants fugaces et insaisissables. Ce phénomène constitue l’une des principales afflictions associées à l’exil.
Libérés des cicatrices du passé et des angoisses liées à l’avenir
A l’ère messianique, nous serons libérés non seulement des chaînes des régimes despotiques et de la préoccupation constante pour les besoins matériels de l’existence, mais également des contraintes temporelles. Chaque instant sera empreint de richesse et de plénitude. Nous ne serons plus entravés dans notre capacité à apprécier le présent par les souvenirs douloureux du passé, ni assujettis aux inquiétudes quant à la sécurisation de l’avenir.
Cependant, lors de Yom Kippour, il nous est offert un avant-goût de ce futur : une suspension temporaire de l’obsession du passé et de l’anxiété face au devenir. Nous sommes alors capables de vivre pleinement dans l’instant présent, ne serait-ce que durant une période limitée à vingt-cinq heures.
Pour témoigner de la valeur que nous accordons à ces instants précieux, le Chofar retentit en clôture de cette journée, accompagné de la proclamation « L’an prochain à Jérusalem ! ». Par cette déclaration solennelle, nous affirmons qu’au moment où D.ieu annoncera la Rédemption future par le son du Grand Chofar, nous vivrons dans un état perpétuel d’« ici et maintenant », où chaque instant sera vécu avec une intensité totale.
Que fait-on à Yom Kippour ?
(cette année depuis mercredi soir 1er octobre au jeudi 2 octobre 2025)
La veille de Yom Kippour (ou dans la semaine qui précède), on procède aux « Kapparot » : on fait tourner autour de sa tête trois fois un poulet vivant (ou un poisson, ou une somme d’argent multiple de 18) en récitant les versets traditionnels ; puis on donne le poulet (ou le poisson ou la valeur monétaire) à une institution charitable.
La veille de Yom Kippour (cette année mercredi 1er octobre 2025), on a coutume de demander au responsable de la synagogue du gâteau au miel, symbole d’une bonne et douce année.
Jusqu’à la fin du mois de Tichri, on ne récite plus le Ta’hanoun (supplications).
Il est d’usage que les hommes se trempent au Mikvé (bain rituel), si possible avant la prière de Min’ha. On met les vêtements de Chabbat. Après la prière de Min’ha, on prend un repas de fête, sans poisson ni viande, mais avec du poulet. Après le repas, les parents bénissent les enfants et leur souhaitent d’aller toujours dans le droit chemin.
Après avoir mis des pièces à la Tsedaka, les femmes mariées allument au moins deux bougies avant 19h 11 (en Ile-de-France) - les jeunes filles et les petites filles allument une bougie. Il est d’usage d’allumer également une bougie qui dure au moins vingt-cinq heures et sur laquelle on récitera la bénédiction de la « Havdala » à la fin de la fête. On allume aussi des bougies de vingt-cinq heures à la mémoire des parents disparus. Les femmes et filles récitent les deux bénédictions suivantes :
1) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou Léhadlik Nèr Chel Yom Hakipourim ».
« Béni sois-Tu, Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a sanctifiés par Ses Commandements et nous a ordonné d’allumer la lumière de Yom Kippour ».
2) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéhé’héyanou Vékiyémanou Véhiguianou Lizmane Hazé ».
« Béni sois-Tu, Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a fait vivre, qui nous a maintenus et nous a fait parvenir à cet instant ».
On enlève les chaussures en cuir et on met des chaussures en toile ou en plastique. Les hommes mariés mettent le grand Talit et le « Kittel » (vêtement rituel blanc).
Tout Yom Kippour, on récite la deuxième phrase du Chema Israël - (« Barou’h Chem Kevod Malkhouto Léolam Vaèd » - à voix haute.
Il est interdit de manger, de boire, de s’enduire de crèmes ou de pommades, de mettre des chaussures en cuir, d’avoir des relations conjugales et de se laver (sauf si on s’est sali ; de même, on se lave les mains pour des raisons d’hygiène). On passe la journée à la synagogue.
Jeudi 2 octobre 2025, on ne récite pas la bénédiction : « Cheassa Li Kol Tsorki » (« Qui veille pour moi à tous mes besoins ») car on ne porte pas de vraies chaussures. Les malades demanderont au médecin et au Rabbin s’ils doivent jeûner ou non.
A la fin du jeûne à 20h 14 (en Ile-de-France), on écoute – si possible - la sonnerie du Choffar.
Après Yom Kippour, on se souhaite mutuellement « Hag Saméa’h ». Si possible, on prononce la bénédiction de la lune. On se lave rituellement les mains et on se rince la bouche. On récite la prière de la Havdala après 20h 14 (en Ile-de-France) avec la bénédiction sur le vin (« …Boré Péri Haguafène »), sur la flamme de la bougie (« …Boré Meoré Haèch ») ainsi que la bénédiction de « …Hamavdil ». Durant le repas qui suit le jeûne, il est d’usage de parler de la construction de la Souccah et, si possible, on construit effectivement la Souccah tout de suite après le repas.
Pas de place ?
On était en 1991. J’avais dix ans et j’habitais en Israël. Mes parents étaient divorcés et il m’arrivait donc souvent de me rendre tout seul à la synagogue. La veille de Yom Kippour, je suis allé prier tout seul, un petit garçon tout seul au milieu d’une foule de fidèles. La synagogue, pourtant énorme, était remplie d’un bout à l’autre et je n’avais nulle part où m’asseoir. Je décidai que le lendemain, je me lèverai vraiment très tôt afin de pouvoir trouver une place assise.
Effectivement, quand j’arrivai le lendemain matin, je me suis félicité de la justesse de mon plan. Il n’y avait qu’une poignée de fidèles en train de réciter des Tehilim (Psaumes) avant la prière et plein de sièges libres : je n’avais que l’embarras du choix. Mais bien vite, ma joie fit place à la frustration et même au désespoir quand je réalisai qu’il y avait une étiquette collée sur chaque chaise : les gens avaient payé et réservé leurs places mais moi, je savais bien qu’aucune chaise ne portait une étiquette à mon nom. Entêté, je me mis à la recherche d’une chaise sans étiquette mais en vain. Tout au bout de la synagogue, j’aperçus une rangée de chaises en plastique avec une table bien ancienne et abîmée. Ces chaises ne portaient pas d’étiquette : ouf, j’aurais une place où m’asseoir pour prier.
Je commençai à prier très sérieusement, en me concentrant sur les mots si vrais et si émouvants : « Notre Père, notre Roi, écoute nos prières ». Soudain je sentis une petite tape sur mon épaule : « Yéled, garçon, c’est ma place ici ! ». Un monsieur âgé m’informait que c’était sa place ! J’eus beau protester qu’il n’y avait pas d’étiquette, il insista que c’était sa place et aucun de mes pauvres arguments ne lui faisait changer d’opinion. Une fois de plus, je n’avais pas mon père avec moi pour me défendre et donc je me remis à errer dans la synagogue, d’un endroit à l’autre, pendant toute la journée de Yom Kippour, avec le cœur serré et l’impression que je n’avais aucune importance pour personne. Nul ne se souciait de moi, nul ne s’intéressait à moi, ma peine et mon chagrin me rongeaient jusqu’au plus profond de mon âme…
Quelques semaines plus tard, ma mère revint un jour très excitée à la maison. Elle avait écrit au Rabbi de Loubavitch et avait reçu une réponse claire : « Vérifiez les Mezouzot ! ».
Sans surprise, nous avons apporté les Mezouzot de la maison à un Sofer (scribe) qui détecta plusieurs problèmes. Je ne me souviens pas de tous les détails mais sur la Mezouza de la porte d’entrée, là où il y aurait dû être inscrit les lettres Chine, Dalet et Youd (signifiant que D.ieu est le Gardien des portes des Enfants d’Israël), il manquait la lettre Youd (et c’était donc une allusion à des forces négatives, D.ieu préserve). Bien sûr, nous avons fait réparer ce qui pouvait l’être et, miraculeusement, de nombreux problèmes disparurent d’eux-mêmes, pour tous les membres de la famille, d’une façon que nous n’aurions jamais pu imaginer.
Ma mère était si émue et reconnaissante qu’avec l’aide de membres de la famille, elle put acheter un billet d’avion pour se rendre à New York et ainsi remercier personnellement le Rabbi. Elle arriva le jour de Roch ‘Hodech et, comme tant d’autres Juifs, elle fit la queue pour recevoir un billet d’un dollar de la main du Rabbi (dollar à remettre à la Tsedaka - charité). Elle en profita pour présenter une simple requête : « Rabbi ! Bénissez mes enfants ! ». Le Rabbi répondit comme un père aimant : « Pour toute la famille, de bonnes nouvelles ! ».
Et alors qu’elle s’apprêtait à continuer son chemin en tenant précieusement le billet, le Rabbi lui tendit un second dollar : « Pour votre fils ! ». Ma mère ne put prononcer un mot, elle était absolument bouleversée.
Quand elle rentra à la maison, elle me confia : « Yoav, le Rabbi avait une place spéciale pour toi dans son cœur ! ».
Pour moi, le message était clair : peut-être que dans la synagogue au coin de ma rue, juste à côté de chez nous, il n’y avait pas de place pour un garçon qui venait tout seul, sans son père à côté de lui mais dans le cœur gigantesque de notre Rabbi, à New York, à l’autre bout de la terre, il y avait une place très spéciale pour moi.
Mes amis ! C’est bientôt Yom Kippour ! Y-a-t-il près de vous un enfant qui n’a pas sa place dans votre communauté ? Un enfant qui n’a pas son père à côté de lui qui lui indiquerait avec patience et amour comment prier, quand s’asseoir et quand se lever ou s’incliner, quel geste effectuer et quelles prières prononcer ? Y-a-t-il un adulte, homme ou femme, qui aimerait être invité à votre table de fête ? Nous sommes les bras et les jambes du Rabbi pour répandre cet amour inconditionnel pour chacun de nos frères juifs, pour l’assurer qu’il ou elle compte pour nous et que chacun mérite sa place, aussi bien à la synagogue que chez nous.
Puissions-nous être très bientôt réunis comme une seule famille, chacun et chacune d’entre nous, dans le Beth Hamikdach (Temple) reconstruit !
Rav Yoav Akrish - COLlive
Traduit par Feiga Lubecki