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Semaine 13

  • Vayikra
Editorial
Le temps des miracles

C’est un mois qu’il faut saluer avec une attention, une solennité particulières. Certes, l’ensemble du calendrier juif, toutes les phases de son déroulement sont porteurs de messages. Tous, ils appellent réflexion et prise en compte. Mais Nissan est différent. Le nouveau mois commence cette semaine et il nous fait pénétrer dans un domaine nouveau et précieux. Une particularité suffirait à retenir l’attention : le mois de Nissan est qualifié, par le texte de la Torah, de “premier des mois de l’année” alors même que le commencement du cycle annuel est fixé au début du mois de Tichri, celui de Roch Hachana. Il y aurait donc comme deux grands départs de l’année juive, celui de Tichri et celui de Nissan ? C’est bien ainsi que l’entend le judaïsme. Le mois de Tichri nous ouvre l’ordre naturel du monde tandis que celui de Nissan nous introduit dans le surnaturel. En d’autres termes, voici venu le temps des miracles. Pour le peuple juif, ce n’est pas là une notion nouvelle. La fête qui éclaire le mois, Pessa’h, en porte déjà la marque lorsqu’elle fait retentir le grand chant de la liberté retrouvée. Chacun sait que l’histoire de notre peuple s’est justement construite autour de cette réalité. Chacun sait qu’elle seule est à même de répondre à l’actuelle question : comment le peuple juif a-t-il pu survivre aux travers des tourments de l’histoire alors que bien des puissants empires se sont effacés sans laisser d’autres traces que les ruines de leurs monuments orgueilleux ? Peut-être est-ce là une des définitions de l’identité juive : croire au miracle, être conscient que le sort des hommes n’est pas que le résultat du jeu de forces aveugles mais qu’il existe bien un “Maître à cette demeure”. Alors que le temps paraît parfois bien sombre, il peut sembler qu’il y a beaucoup d’audace, ou d’inconscience, à invoquer le miracle. Pourtant n’est-ce pas là aussi une des clés éternelles de la victoire de la civilisation sur la barbarie, de victoire des hommes sur ceux qui ne méritent plus ce nom ? Croire au miracle, c’est vivre demain et savoir que la liberté ultime est décidément à notre porte.
Etincelles de Machiah
Mesure pour mesure

Le Tanya explique, dans son chapitre 36, que toutes les révélations dont nous jouirons lorsque Machia’h sera venu, dépendent de l’œuvre que nous accomplissons pendant le temps de l’exil. Si ce principe général est connu, son application concrète demande à être précisée.
En effet, c’est l’ensemble des actions que nous menons dans le domaine de la Torah et de ses commandements qui nous conduit à la Délivrance. Cependant, le concept de “mesure pour mesure” est très présent au cœur du judaïsme. Il implique que chaque acte entraîne une conséquence spécifique. Dans cette optique, quelle est l’œuvre qui peut être à l’origine de la résurrection des morts ?
Cette interrogation appelle deux réponses :
- d’une part, la pratique des commandements de D.ieu a pour but général de transformer le monde matériel, dont le caractère éphémère renvoie à l’idée de “mort”, en un lieu de résidence pour la Divinité qui représente l’éternité,
- d’autre part, l’œuvre spirituelle accomplie par l’homme est celle d’élévation des parcelles de spiritualité “exilées” dans la matière. La libération qui leur est ainsi apportée équivaut à une authentique résurrection.

(d’après Likouteï Si’hot vol. III, p. 1011)
Vivre avec la Paracha
Vayikra : l’offrande animale

Pourquoi, à l’époque du Temple de Jérusalem, lorsqu’un homme a péché et désire faire amende honorable, ou qu’il est simplement dans d’heureuses dispositions et désire offrir quelque chose à D.ieu, sacrifie-t-il un animal innocent ? Pourquoi ne se sacrifie-t-il pas lui-même, par exemple ?

Les Maîtres‘hassidiques répondent : il le fait.

La Torah, expliquent-ils, évoque ce sujet même dès le tout premier verset qui introduit les lois des sacrifices :

“Un homme qui approchera, de vous, une offrande pour D.ieu, d’un animal, bétail ou moutons, vous approcherez votre offrande…”

Comme le souligne Rabbi Chnéour Zalman, le verset ne déclare pas «un homme parmi vous approchera un sacrifice» mais le sacrifice apporté est «de vous». l’offrande animale est une projection dans la sphère «extra humaine» d’un processus s’opérant à l’intérieur de la sphère humaine.

L’homme, est doté d’une «âme divine» et d’une «âme animale».
L’âme divine comprend tout ce qui aspire vers le haut et la transcendance dans l’être humain. Ses modes d’expression sont la pensée, la parole et les actes de Torah, les moyens par lesquels l’homme parvient à la proximité et l’attachement à son Créateur.

L’«âme animale» est la partie de son être que l’homme partage avec toutes les créatures vivantes: un moi attiré et satisfait par la nourriture de ses besoins et désirs matériels. Il s’exprime par les entreprises de la vie matérielle.

«Un homme qui approchera de vous une offrande pour D.ieu, d’un animal, bétail ou moutons, vous approcherez votre offrande».
Quand un individu apporte un animal de son troupeau, comme don à D.ieu, le geste est vide de sens à moins qu’il n’offre également l’animal qui est en lui.

Le bœuf et la charrue

Que doit-il être fait de cet animal ?
L’animal en l’homme n’a pas été mis là pour être supprimé ou déraciné. «Une grande quantité de grains est produite par la force d’un bœuf» a constaté le plus sage des hommes, le roi Chlomo, et les Maîtres ‘hassidiques expliquent qu’il s’agit là d’une référence à l’animal qui est dans notre cœur. Rien, pas même les aspirations les plus profondes de l’âme divine, ne peut égaler l’intensité et la vigueur avec lesquelles l’âme animale poursuit l’accomplissement de ses désirs. Livrée à elle-même, l’âme animale tend à un comportement corrompu et destructeur; mais si elle est bien guidée, les expressions négatives de ces aspirations et de ces actions peuvent être exploitées vers le bien et le dessein divin.

Le premier type de Korban (sacrifice) décrit dans notre Parachah est le Olah,
l’«offrande montante», à laquelle on se réfère communément comme au sacrifice que l’on brûle. Le Olah est unique en ce qu’il est un sacrifice intégral: après avoir été abattu dans la cour du Temple et que son sang a été versé sur l’Autel, il est posé sur l’Autel et brûlé dans son intégralité comme «plaisir de feu pour D.ieu».

Brûler quelque chose est la contrepartie matérielle du processus de sublimation décrit plus tôt. Quand une substance est brûlée, sa forme matérielle extérieure est éliminée, libérant l’énergie qui s’y trouve enfermée. C’est là le sens profond du Korban : l’énergie qui se trouve en l’homme est libérée de ses formes matérielles et offerte sur l’autel en sacrifice à D.ieu.

Les offrandes consommables

Après avoir détaillé les différents types de Korban Olah, la Torah poursuit en discutant de deux autres catégories essentielles de sacrifices:le Korban ‘Hatate
(offrande expiatoire) et le Korban Chelamim (offrande de paix).

Tout comme pour le Olah, le sang de ces sacrifices était versé sur l’autel. Mais contrairement au sacrifice qui était entièrement brûlé, seules certaines parties du ‘Hatat et du Chelamim «montaient» par le feu. La viande de ces sacrifices était mangée, sous certaines conditions de sainteté.
Certaines «portions» de notre vie matérielle sont, tout comme l’offrande que l’on brûlait, entièrement consacrées à la sainteté : l’argent donné en charité, le cuir utilisé pour les Tefilines, l’énergie dépensée dans l’étude de la Torah, la prière et l’accomplissement d’une Mistvah. Mais il y a aussi l’argent que nous dépensons pour nourrir notre famille, le cuir avec lequel nous fabriquons les chaussures, l’énergie que nous dépensons dans le travail quotidien de la vie matérielle. Ceux-là aussi peuvent servir de Korban pour D.ieu quand ils sont «consommés dans la sainteté», quand l’argent est honnêtement gagné, la nourriture est cacher et nos activités quotidiennes conduites avec de la considération pour notre prochain et la fidélité dans les lois divines pour la vie.
Le Coin de la Halacha
Quelles sont les Mitsvot essentielles de la nuit du Séder ?

Le lundi 5 avril et le mardi 6 avril 2004, on organise le Séder pour célébrer la sortie d’Egypte. On ne pourra commencer qu’après la nuit tombée (21 h 17, heure de Paris). Tous les Juifs doivent participer au Séder, hommes, femmes et enfants. Il faut :
Raconter la sortie d’Egypte
On le fait en lisant la Haggadah. Il faut raconter à tous les participants et en particulier aux enfants, selon ce qu’ils peuvent comprendre. Pour éviter qu’ils ne s’endorment, on aura pris soin de les faire dormir l’après-midi et on leur fera chanter certains paragraphes de la Haggadah.
Manger de la Matsa
On mange de la Matsa les deux soirs du Séder après avoir dit la bénédiction : « Barou’h Ata Ado-nay Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Al A’hilat Matsa », en plus de la bénédiction habituelle « Hamotsi ». La Matsa du Séder sera « Chemourah », c’est-à-dire qu’on aura surveillé depuis la moisson, que les grains de blé, et plus tard la farine, n’auront pas été en contact avec de l’eau, ce qui aurait risqué de les rendre ‘Hamets. Nombreux sont ceux qui préfèrent consommer les Matsot rondes cuites à la main (et non à la machine) comme au temps de la sortie d’Egypte. Il faut manger au moins 9 grammes de Matsa faite à la machine ou 15 grammes de Matsa faite à la main, et il est préférable de les manger en moins de 4 minutes. Il faudra manger trois fois cette quantité de Matsa : pour le « Motsi », pour le « Kore’h » (le « sandwich » aux herbes amères), et pour le « Afikoman », à la fin du repas, en souvenir du sacrifice de Pessa’h qui était mangé après le repas.
Manger des herbes amères (Maror)
On mange des herbes amères en souvenir de l’amertume de l’esclavage en Egypte. On achètera de la salade romaine qu’on nettoiera feuille par feuille devant une lumière pour être sûr qu’il n’y a pas d’insecte, après l’avoir fait tremper dans de l’eau. On prépare pour chacun des convives au moins 19 grammes de « Maror », c’est-à-dire de salade romaine avec un peu de raifort râpé, trempé dans le « ‘Harosset » (compote de pommes, poire et noix, avec un peu de vin) après avoir prononcé la bénédiction : « Barou’h Ata Ado-nay Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Al A’hilat Maror ». On consomme encore 19 grammes de Maror bien séché entouré de Matsa pour le « sandwich de Kore’h ».
Boire 4 verres de vin
On doit boire au cours du Séder au moins quatre verres de vin ou de jus de raisin cachère pour Pessa’h. Le verre doit contenir au moins 8,6 centilitres, et on doit en boire à chaque fois au moins la moitié, en une fois.
Accoudé
Les hommes et les garçons doivent s’accouder sur le côté gauche, sur un coussin, pour manger la Matsa et boire les quatre verres de vin.

Pourquoi doit-on « vendre » le ‘Hamets à un non-Juif avant Pessa’h ?

On n’a pas le droit, pendant la fête de Pessa’h, de consommer et même de posséder du ‘Hamets (produits alimentaires à base de céréale fermentée, tels que pain, gâteaux, liqueurs etc…) Même si on a effectué un nettoyage très soigneux, il se peut qu’il reste des miettes que l’on n’aurait pas vues ; de plus, chacun possède de la vaisselle qui a été utilisée avec le ‘Hamets. Il est donc nécessaire de vendre le ‘Hamets à un Rabbin compétent, qui le vendra à un non-Juif avant le 5 avril 2004. Il ne faut pas procéder soi-même à la vente, avec un voisin par exemple car un contrat en bonne et due forme doit être rédigé, avec de nombreux détails hala’hiques : on fera donc parvenir le plus tôt possible au Rav le papier sur lequel ou aura noté tous les paquets, vaisselles, placards, chambres, magasins ou appartements que l’on désire vendre pour la durée de Pessa’h. On n’oubliera pas de signer le papier. Il n’est pas nécessaire d’avoir déjà nettoyé ou mis de côté les produits ou les endroits ‘Hamets. Avant la fête, on aura pris soin de fermer à clé ou, en tous cas, de bien recouvrir les caisses et les endroits vendus au ‘Hamets. Après Pessa’h, le Rav procède au rachat du ‘Hamets auprès du non-Juif. On attendra donc une heure après Pessa’h, mardi soir 13 avril, avant d’utiliser à nouveau le ‘Hamets.

F. L.
De Recit de la Semaine
Le conseil qui a sauvé, le conseil qui a enrichi

Cette histoire est arrivée à un habitant juif d’Anvers en Belgique : « Il y a très longtemps, j’habitais à Bruxelles où je gagnais ma vie très confortablement. Je dirigeais un restaurant qui ne désemplissait pas et je n’avais aucun souci financier. Cependant, pour différentes raisons, j’ai dû abandonner le restaurant et, comme je ne trouvais pas un autre travail, j’ai décidé avec mon épouse, de tenter ma chance aux Etats-Unis. Nous avons préparé tous les papiers et nous avons trouvé un appartement à Los Angeles, au cœur d’un quartier juif donc à proximité d’une école juive pour nos enfants ; j’avais même déjà reçu une proposition très intéressante : ouvrir une usine de textiles promise à un développement rapide.
Comme j’entretenais d’excellentes relations avec l’émissaire du Rabbi à Bruxelles, Rav Chimon Lasker, je lui ai téléphoné avant de quitter la Belgique. Il m’a suggéré, puisque je passais par New York, de me rendre chez le Rabbi à Brooklyn pour lui demander sa bénédiction pour notre nouvelle vie. Ma femme a accepté cette suggestion tout naturellement, je l’ai donc suivie aussi. Nous nous sommes rendus chez le Rabbi un dimanche matin, alors qu’il distribuait des dollars à remettre à la charité. Selon mon habitude face à des personnages juifs importants, j’avais l’intention de lui embrasser la main, mais quelqu’un me repoussa pour m’en empêcher.
Le Rabbi lui dit alors : « Laissez-le ! » et c’est ainsi que j’ai pu embrasser la main du Rabbi selon la tradition de notre famille. Ensuite je présentai au Rabbi le papier sur lequel j’avais noté tous nos projets. Le Rabbi le lut rapidement puis me dit en français : « Retournez à l’endroit d’où vous êtes venu ! »
Hébété par cette réponse, je n’eus pas le temps de réagir tandis qu’on me poussait vers la sortie. Alors que je tentais de « digérer » ce conseil, ma femme arriva : elle aussi, quand elle était passée avec d’autres femmes devant le Rabbi, l’avait entendu lui conseiller : « Retournez à l’endroit d’où vous êtes venu ! »
Nous ne savions plus que faire ! Nous avions vendu tous nos biens en Belgique. Tout était prêt pour notre installation à Los Angeles ! Nous avons téléphoné à Rav Lasker qui, lui-même très surpris, nous a encouragés : « Tout d’abord, rentrez immédiatement en Belgique ! » C’est ce que nous avons fait. Là, nous avons été hébergés chez des amis puisque nous avions déjà vendu notre maison. Nous avons alors envoyé un fax au Rabbi : « Que faire maintenant ? »
Très peu de temps après, nous avons reçu la réponse du Rabbi qui nous recommandait de rester patients et affirmait que D.ieu nous enverrait une source de revenus par ailleurs. Les mois passaient. Comme rien n’avançait, nous avons envoyé un nouveau fax au Rabbi qui, cette fois, répondit : « Bientôt on vous annoncera des bonnes nouvelles grâce à un voyage ».
Entre temps nous avions décidé de rendre visite à ceux de nos enfants qui étudiaient en Israël. Dans l’avion de retour, je me trouvais assis à côté d’un autre Juif belge qui voulut engager la conversation avec moi. Au début, j’étais réticent car je n’avais vraiment pas le moral pour fournir encore un effort de courtoisie. Finalement je me suis décidé à répondre et, au fur et à mesure de la conversation, il me parla d’une usine de textiles qui était à vendre à Anvers. Cela ne m’intéressait pas outre mesure mais, par politesse, j’acceptai sa carte de visite.
Le lendemain, je réfléchis : je n’avais toujours pas trouvé de travail et je n’avais rien à perdre à aller voir sur place de quoi il s’agissait. Je me rendis donc à Anvers, rencontrai les responsables de cette usine, présentai une proposition et rentrai à Bruxelles. Quelques heures plus tard, on me téléphona : l’offre avait été acceptée.
Bien entendu, je n’eus aucun doute quant au fait que les mots du Rabbi se concrétisaient devant mes yeux : « Très bientôt on vous annoncera des bonnes nouvelles grâce à un voyage ! » D.ieu merci, cette affaire marche très bien jusqu’à maintenant.
Mais l’histoire n’est pas terminée : non seulement j’ai vu la bénédiction du Rabbi se réaliser du point de vue financier mais, un an après cela, j’appris que le quartier où nous aurions dû nous installer à Los Angeles avait été dévasté par un tremblement de terre… ! »

Kfar ‘Habad
Traduit par Feiga Lubecki